Ses proches n'avaient plus de nouvelles depuis le 17 février de Fouleye Traoré, une jeune femme souffrant de handicap et domiciliée à Nogent-sur-Oise. Elle a été retrouvée ce dimanche en région parisienne après une mobilisation active, notamment sur les réseaux sociaux.
"Je vais récupérer ma soeur." Dans la voix de Brahim Traoré, ce dimanche, la fatigue l'emporte encore sur le soulagement. Depuis quatre jours, sa famille et lui remuent ciel et terre pour retrouver Fouleye, disparue le 17 février après être sortie du domicile de ses parents, à Nogent-sur-Oise. Âgée de 29 ans, la jeune femme est autiste et placée sous tutelle, expliquent ses proches.
Quatre jours d'inquiétude
Mercredi soir, elle a "pris la fuite après une forte crise". "Vers 20h40, mes parents m'ont appelé pour me dire qu'elle voulait sortir, et quand elle sort, c'est pour se rendre chez moi, relate sa soeur Sira. Je lui ai expliqué que c'est le couvre-feu. Elle a été frustrée. [...] Elle est sortie sans son sac favori, sans son téléphone." Selon elle, sa soeur se serait ensuite perdue sur le chemin. Mais partis à sa recherche, les membres de la famille ne parviennent pas à la localiser.
On cherche notre sang. On prend toutes les pistes, rien n'est négligeable.
Ils lancent alors un avis de recherche sur les réseaux sociaux, tandis que le commissariat de Creil diffuse son signalement auprès des services de police et de gendarmerie. Les premiers témoignages commencent alors à affluer, qui localisent Fouleye à Chantilly, Lamorlaye, ou même Boulogne-Billancourt. Bientôt une hypothèse s'esquisse : la jeune femme aurait pu prendre le train en gare de Creil et se rendre en région parisienne.
Mobilisation pour les recherches
Ce dimanche, son parvis constituait justement le point de rassemblement pour les amis de la famille et les anonymes désireux d'aider les recherches. Groupés par deux ou trois, ils se répartissent les zones à quadriller, flyers à la main. "Plus on diffuse l'information, plus les gens auront vu le visage de Fouleye, rappellent deux cousines, qui coordonnent l'opération. Et leur dire que c'est une personne autiste, et donc de ne pas la brusquer. Dès qu'on la voit, on appelle la police."
J'ai partagé sur tous mes réseaux. Je sais que j'ai plein d'amis qui le font également. Je trouve aussi important qu'on se déplace et qu'on fasse passer le message à toutes personnes qui n'ont pas les réseaux sociaux et qui l'ont peut-être vue quelque part.
Les volontaires priorisent les gares et les transports en commun. Pour Maeva et Nadia, direction Pont-Sainte-Maxence. Les deux jeunes femmes sont simplement venues "par solidarité". "On est très touchées par l'histoire de la famille, expliquent-elles. On se dit que ça pourrait nous arriver." Stéphane, un ami "de longue date", et Roger entendent aussi de "donner de l'espoir à la famille". Ça passera pour eux par la ligne 4 du métro parisien.
Retrouvailles
L'appel est finalement parvenu à la famille milieu d'après-midi : Fouleye a été repérée à la station de métro Nation, à Paris. En fin de journée, des membres de sa famille ont pu la retrouver, lui donner à manger puis la ramener chez ses parents. "Elle était souriante, relate Brahim, elle était contente de nous voir." Restent des interrogations sur ce qu'a pu vivre la jeune femme pendant quatre jours : "Je la laisse respirer, explique son frère. Quand elle aura envie de parler, elle parlera."
Après ces quelques jours passés à arpenter trois départements et centraliser les bonnes volontés, le jeune homme dit avoir encore du mal à réaliser et à "trouver les mots". Mais malgré la fatigue, il tient à remercier toutes les personnes qui se sont mobilisées : "On l'a fait tous ensemble, dit-il, le souffle court. Cette solidarité, elle est grandiose. Sans eux, on ne l'aurait pas trouvée."