Dans les Hauts-de-France, le solde des naissances ne suffit désormais plus à compenser le solde migratoire. La région a perdu 1400 habitants par an entre 2014 et 2020. Mais tous les départements ne sont pas logés à la même enseigne. L'Oise, notamment, est devenue plus attractive.
Nous sommes 5 997 700 dans les Hauts-de-France, mais pour combien de temps encore ? L'INSEE a révélé ce 17 janvier les statistiques tirées de son recensement de la population et établi des comparaisons avec la dernière année de référence de 2014. À grande échelle, la région parvient à une relative stabilité de ses mouvements de populations.
"Ce sont plutôt les jeunes actifs qui quittent la région"
Mais le détail révèle une région devenue un peu moins attractive ces dernières années. En moyenne, entre 2014 et 2020, nous avons perdu chaque année quelque 1400 habitants. Cela représente un "décrochage" par rapport à la moyenne nationale, en augmentation de 0,3% par an. Cela représente surtout une tendance qui s'est inversée, constate l'INSEE : "La région gagnait encore 12 400 habitants en moyenne par an entre 2009 et 2014. La baisse significative de l’excédent naturel ne permet plus de compenser le déficit migratoire."
En effets, les Hauts-de-France sont toujours assez actifs sur le plan des naissances. Notre solde naturel, soit la différence entre les naissances et les décès, est positif : +17 000 personnes par an. Mais notre solde migratoire lui, est maintenant largement négatif. Entre la balance des arrivées et celle des départs, nous perdons chaque année 18 400 habitants par an. À la fin des calculs, ce sont donc bien 1400 personnes qui manquent à l'appel.
"Ce n'est pas le cliché des retraités qui partent vers le soleil. Ce sont plutôt les jeunes actifs qui quittent la région, sans doute à la recherche d'un marché du travail plus dynamique"
INSEE
Une mauvaise nouvelle pour tout territoire, qui avec la jeunesse perd son potentiel économique. Les Hauts-de-France restent tout de même la 4ème région la plus peuplée de France mais devrait être très prochainement dépassée par la région Occitanie, qui elle a gagné chaque année plus de 40 000 habitants.
L'Oise fait de l'oeil aux Parisiens
Mais tout nos départements ne sont pas logés à la même enseigne. L'Oise, notamment, connaît désormais une attractivité inédite. C'est le seul département dont la population augmente "de manière significative".
En effet, l'Oise a maintenu un solde naturel élevé et réussi à limiter le déficit migratoire. Avec la crise du covid et l'étendue du télétravail, l'Oise est notamment devenue bien plus attractive aux yeux des travailleurs parisiens. Le marché immobilier bien plus intéressant et la très bonne connexion avec Paris grâce aux axes routiers, ont fait leur effet.
Cette hypothèse est confirmée par l'analyse à l'échelle des aires d'attraction : ce sont celles de Beauvais et Château-Thierry qui ont été les premiers à profiter de cet appel d'air. Toute la frontière avec le nord de Paris bénéficie des mêmes effets.
Le département du Nord, lui, est à l'équilibre : +700 habitants par an. Il est toujours le département le plus peuplé de France continentale et compte pour 43% de la population des Hauts-de-France. Cet équilibre tient avant tout à une population jeune qui maintient un solde naturel très élevé. Il est en revanche aussi très concerné par le déficit du solde migratoire, aujourd'hui à peine compensé.
Un peu isolée dans le Nord, la métropole lilloise parvient à surfer sur son dynamisme et continue d'attirer les populations. Dans cette ceinture, la ville de Tourcoing se distingue avec +0,7% d'habitants chaque année entre 2014 et 2020.
L'Aisne, en revanche, accuse durement le recul du nombre d'habitants. Selon l'INSEE, "l’Aisne est le département le moins peuplé (8,8 % de la population régionale) mais aussi le plus touché (– 0,3 %, soit – 1 700 habitants par an), sous l’effet d’un vieillissement de la population plus marqué qu’ailleurs." La population y diminue dans tous les territoires, peu importe la configuration des communes. La région de Guise est l'une de celles qui a perdu le plus d'habitants à travers tous les départements.
Le recensement nouveau est arrivé
Pour confirmer ou infirmer ces tendances et affiner ses études, l'INSEE lance en 2023 un nouveau recensement de la population. La participation à ce recensement est obligatoire et ne pas s'y conformer peut déclencher une sanction via une amende financière. Dans la pratique, ces pénalités sont cependant rarement appliquées par les communes. Mais ne pas y participer peut tout de même être pénalisant.
"L'enquête annuelle de recensement a deux objectifs : évidemment l'établissement des populations officielles et l'actualisation de nos données socio-démographiques. On en fait un certain nombre d'usages légaux qui peuvent être très intéressants."
En effet, du volume de la population dans une commune dépend par exemple le montant de ses subventions. Il sert aussi à autoriser l'installation d'équipements conditionnés au nombre d'habitants. C'est le cas notamment des pharmacies ou des centres communaux d'action sociale, qui agissent pour l'emploi et l'insertion. Des installations essentielles, notamment en zone rurale.
Si vous êtes concernés par ce recensement annuel, vous recevrez un bulletin dans votre boîte aux lettres ou serez directement démarché par un agent de l'INSEE. Il vous sera possible de renseigner vos informations via internet ou sur un formulaire papier. L'ensemble des informations pratiques sont disponibles sur le site "Le recensement et moi".
