Depuis lundi 22 mars, les salariés de l'usine Hermes Boissons, anciennement Tropicana située à Hermes dans l'Oise, sont en grève. Au chômage partiel, ils s'inquiètent pour leur avenir et redoutent une fermeture du site d'ici le mois de juin.
C'est l'inquiétude qui plane devant l'usine Hermes Boissons, anciennement Tropicana. Une vingtaine de salariés sont en grève depuis lundi 22 mars.
À cause du manque d'activité, les salariés de l'usine ont été placés en chômage partiel depuis le début du mois. L'entreprise enregistre aujourd'hui une baisse de 50% de son chiffre d'affaires.
Conséquence de la crise sanitaire, mais également d'une mauvaise gestion interne de l'entreprise selon les délégués syndicaux. "Le Covid nous a impacté et a impacté toutes les entreprises, mais le manque de commerciaux, le manque de litrage, le manque de clients, les prêts à la banque, c'est l'entreprise qui s'endette et un jour on va arriver ici et les portes seront fermées", déplore David Trochery secrétaire général CGT.
L'usine déjà reprise en 2018
Une fermeture redoutée d'ici juin par les 84 salariés de l'usine alors qu'elle a déjà fait l'objet d'un rachat en 2018. Cette année-là, l'usine Tropicana spécialisée dans les bouteilles de jus de fruits en carton, voit sa production diminuer d'année en année. La direction décide donc de s'en séparer.
Le groupe PepsiCo auquel appartient Tropicana, nomme un cabinet chargé de trouver un repreneur. L'entreprise compte alors 98 salariés et une vingtaine d'intérimaires.
Un coup dur pour le village d'Hermes qui compte 2400 habitants. L'usine, seul site de la marque en France, représentait 30% de l'emploi dans la commune.
L'offre retenue est présentée en septembre 2018 . Il s'agit d'un investisseur allemand, Navigator capital. Cette société basée à Munich est spécialisée dans la reprise des sociétés en difficulté. En janvier 2019, Navigator Capital devient officiellement repreneur. L'usine est renommée Hermes Boissons. 86 salariés sont repris.
"Ils nous ont promis beaucoup de choses, des litrages, par exemple : la première année 10 millions de litres, la deuxième année 10 millions. Nous les salariés on était contents, on s'est dit on va avoir un futur meilleur", confie Nabil Laouini, secrétaire du CSE.
4,3 millions d'euros de dettes
Mais depuis l'entreprise s'endette : 4,3 millions d'euros de dettes sur un chiffre d'affaires de 30 millions d'euros. "Par rapport à l'état économique de l'entreprise, la trésorerie est très inquiétante. On est au mois de mars et si on tient jusqu'à fin décembre, on n'y croit pas trop, on sera pas loin des 10 millions d'euros de dettes", soupire Nabil Laouini.
Pour relancer l'entreprise, la région a prêté 500 000 euros l'an dernier. Un remboursement qui devait commencer en février 2021, mais qui est repoussé en septembre. Et la demande du plan de relance de 800 000 euros n'est pas encore officiellement acceptée.
En attendant, les salariés, dont certains ont plus de 20 ans d'ancienneté, ne savent pas s'ils vont toucher un salaire en avril et la mise en chômage partiel les place déjà en difficulté. "Ici il y a souvent qu'une seule personne qui travaille et qui doit faire vivre sa famille. Ils vont se retrouver avec 300 à 400 euros en moins sur leur salaire et ce n'est pas possible pour eux", explique David Trochery.
La direction se veut optimiste
Le directeur général, Tiani Masiniaina, reste lui optimiste. "Je comprends l'inquiétude des salariés car l'entreprise est passée de main en main ces dernières années. Mais en travaillant sur les dépenses à rationaliser, en innovant et trouvant de nouveaux clients tout est surmontable", estime-t-il.
De leur côté, les salariés grévistes, peu convaincus, interpellent les représentants de l'État : "On voudrait que l'État se réveille et dise que si la direction n'arrive pas à gérer, on prend un autre repreneur qui soit dans le métier. On a un site qui a une capacité énorme et si une petite entreprise veut faire plus de litrage, le site est ouvert", affirme David Trochery.
Le mouvement de grève doit se tenir jusqu'à la fin de la semaine.