La préfecture de l'Oise propose de tirer 3000 renards dans le département. Les associations écologistes sont vent debout contre ce projet. Explications.
"Ils veulent flinguer des renards et massacrer la vie sauvage". Marc Giraud, porte-parole de l'association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), n'est pas tendre à l'évocation du projet d'arrêté de la préfecture de l'Oise. L'administration veut autoriser le tir de 3000 renards pour "régulation". Un nouveau rebondissement à ce dossier ouvert il y a plusieurs mois.
Des premiers arrêtés retoqués
En juin 2021, la préfecture de l'Oise prend des arrêtés pour autoriser le tir de 1370 renards sur 8 circonscriptions du département. "On s'est aperçu par hasard que la préfecture avait pris ces arrêtés. Elle ne les avait pas publiés au registre des actes administratifs, ni mis en consultation publique. Il y a simplement eu un affichage en mairie. Or, ce n'est pas légal", raconte Christophe Coret, président de l'association Agir pour le vivant et les espèces sauvages (Aves). Il envoie un courrier au ministère de la Transition écologique, à la préfecture de l'Oise et à la direction départementale des territoires (DDT). Les textes sont alors retirés le 23 juillet.
? #Renard dans l’Oise.
— AVES France (@aves_france) August 12, 2021
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Mais deux semaines plus tard, le 9 août, la préfecture de l'Oise réplique et propose un nouvel arrêté. Le projet est mis en consultation sur le site internet de l'administration.
3000 renards sur 15 circonscriptions
Dans sa note de présentation, la préfecture évoque désormais des tirs de renards sur 15 circonscriptions. Chaque chasseur habilité aura le droit de tirer 200 renards, soit un total de 3000 animaux jusqu'au 31 mars 2022. "On se demande comment en quelques jours ils peuvent passer de 1370 sur 8 circonscriptions à 3000 renards sur 15 circonscriptions. Il faut pouvoir le justifier", se questionne Christophe Coret.
Quid des maladies ?
La préfecture invoque dans la consultation d'abord des raisons sanitaires : "Il convient de réguler cette espèce dans le cadre de la lutte sanitaire contre l'échinococcose alvéolaire (7% d'animaux porteurs selon une étude ELIZ sur l'Oise), la leptospirose et la gale." Un argument que rejette Marc Giraud, membre de l'Aspas : "Ils veulent jeter la psychose sur les maladies. Il y a 15 cas en France chaque année d'échinococcose alvéolaire et ça se soigne. On a plus de risques de l'attraper en se faisait lécher la figure par son chien s'il n'est pas vacciné." "L'argument sanitaire ne tient pas. Plusieurs tribunaux en Seine-Maritime et dans la Somme l'ont déjà reconnu", ajoute son collègue Christophe Coret de l'association Aves.
Régulation naturelle ou régulation par l'homme ?
Autre élément avancé par la préfecture de l'Oise : la régulation par l'homme permettrait de favoriser le retour du petit gibier. L'administration précise que "le renard reste un important prédateur dans les poulaillers ainsi que sur une grande partie du petit gibier" et que "les précédentes régulations ont permis le retour du petit gibier dans de nombreux territoires au sein du département de l’Oise, notamment le faisan commun, la perdrix grise et le lièvre."
Guy Harlé d'Opove, président de la Fédération des chasseurs de l'Oise, y est favorable : "Il est hors de question d'éradiquer le renard. Il est opportuniste car il va d’abord s'attaquer aux animaux malades, blessés. C’est en ça qu’il est utile. Néanmoins, la population est en expansion. Le renard n'a pas de prédateur et il prolifère rapidement. Il faut juste une régulation. L'homme doit maintenir cet équilibre."
"Ce n'est pas écologique", assène Marc Giraud. Comme plusieurs défenseurs de l'environnement, il s'y oppose fermement : "Un prédateur, on ne peut pas le réguler. Les poules d'élevage meurent qu'il y ait le renard ou non. On ne massacre pas la vie sauvage pour un gibier qui est inadapté, artificiel. L'équilibre de la nature se fait tout seul. Pendant des siècles, ils ont cohabité."
Une pétition recueille plus de 40000 signatures
Plusieurs associations ont lancé une pétition en ligne intitulée "Non à l'abattage des renards dans l'Oise". Lancée le 11 août, elle recueille actuellement plus de 40000 signatures.
Les associations environnementales Aves et Aspas envisagent, si l'arrêté est publié, de porter un recours devant le tribunal administratif et de demander "une suspension en référé" puis "une suspension de l'arrêté".
Le projet d'arrêté préfectoral est actuellement soumis à la consultation publique, et ce, jusqu'au 23 août 2021.