À Lavacquerie, dans l'Oise, un corbeau sème le trouble depuis les début des élections municipales. Les lettres anonymes qu'il envoie aux candidats des trois listes pèsent sur la campagne et mine ce petit village de 211 habitants.
"J'ai reçu deux lettres anonymes. Et mon troisième adjoint en a reçu aussi". Sur la table de sa véranda, Philippe Belleperche pose côte à côte deux feuilles et deux enveloppes timbrées. Sur chaque feuille, des lettres en majuscule écrites à l'encre noire pour l'une, à l'encre bleue pour l'autre. Des lettres anonymes, insultantes voire menaçantes, reçues juste avant le premier tour des municipales :Maire sortant et candidat à sa réélection, Philippe Belleperche déplore une ambiance délétère dans ce petit village de 200 habitants situé dans l'Oise :
"Dans le village, vous passez le dimanche, il n'y a plus un chat dans les rues. Le soir, il n'y a plus un chat. C'est un village qui est triste, triste, triste depuis le début de l'année avec les municipales. C'est dommage d'en arriver là", s'émeut le maire sortant.
Des candidats qui ont hésité à se maintenir
Lavacquerie est une petite commune rurale. Pas moins de trois listes s'y sont affrontées au premier tour en mars dernier. Thierry Devraigne vit à Lavacquerie depuis 16 ans. Conseiller municipal par le passé, il a démissionné et s'est présenté sur une liste concurrente de celle du maire actuel. Lui aussi a reçu une lettre dévoilant la vie privée d'un candidat. "L'ambiance, elle n'y est plus, déplore-t-il alors qu'il ouvre la vieille grille en fer forgé de sa maison. Qui c'est qui l'a fait ? Ça peut être toi, ça peut être moi, ça peut être n'importe qui... Tout le monde se regarde un peu en chien de faïence"
Alors qu'il peut se maintenir au second tour, Thierry Devraigne a hésité à le faire, tant le climat est pesant : "on est quand même un petit village. Et quand on voit les lettres du corbeau, les insultes....On ne sait plus trop quoi penser", explique-t-il.
La gendarmerie lors du dépouillement du 1er tour
Un peu plus loin dans la rue principale, nous retrouvons Paul Jamault. À 70 ans, il était premier adjoint depuis 2013. Cette année, il se présente sur sa propre liste arrivée en tête au premier tour. Sur le pas de sa porte, il explique qu'il n'a rien à redire sur la gestion économique du maire sortant. Ce qu'il déplore, c'est sa gestion humaine. Pour lui, les méthodes autoritaires de Philippe Belleperche ont participé à l'installation d'un climat délétère : "dès la première année, je me suis rendu compte que le maire décidait de tout dans son coin sans m'en informer. Alors, les conseillers, encore moins. Résultat : une bonne partie des conseillers sont partis, raconte cet ancien horticulteur. Le maire a créé un état malsain qui pousse un détraqué à envoyer des lettres."
Lors du premier tour, la gendarmerie était présente à Lavacquerie pour s'assurer qu'il n'y ait pas de trouble à l'ordre public lors du scrutin. Une situation qui pourrait se reproduire dimanche prochain.