Dix fois champion de France chez les poids moyens, Karim Achour a décidé d'arrêter sa carrière de boxeur professionnel. Jeune papa et directeur d'une animalerie, il n'arrivait plus à trouver de temps pour s'entraîner.
"J'arrête pas parce que je suis cramé ou parce que j'ai plus envie, c'est juste que je n'arrive plus à m'entraîner." On le sent dans ses yeux et dans sa voix : c'est à contre-coeur qu'il a décidé de raccrocher les gants. À 34 ans, ses priorités ont changé et il estime ne plus pouvoir mener de front sa vie de jeune papa, de chef d'entreprise et de boxeur professionnel.
Vingt ans de boxe anglaise
"Je suis passé de quinze heures d'entrainement par semaine à cinq heures que je volais par-ci par-là. Je n'étais plus dans des conditions d'entraînement optimales pour un sportif de haut niveau, confie-t-il. Il faudrait s'entraîner deux fois par jour, six jours par semaine. Pour mon dernier combat, je m'entraînais deux fois par semaine et j'allais courir deux fois, et encore, c'était en me disant "j'ai quitté le travail" ou "je ne vais pas pouvoir récupérer mon fils à la crèche". Tout ça était compliqué, donc la meilleure solution, c'était d'arrêter. Je sais que je ne pourrais plus donner ce que le sport me demande."
Arrivé de Kabylie alors qu'il était adolescent, Karim Achour a consacré vingt ans de sa vie à la boxe anglaise. Il est passé professionnel en 2008 et laisse derrière lui un palmarès honorable : 27 victoires sur 37 combats, et 10 titres de champion de France. En 2015, c'est la consécration : il devient champion de l'Union européenne. Seule ombre au tableau : cette victoire lui sera injustement retirée après un contrôle anti-dopage positif, puis réattribuée après des années de bataille judiciaire.
Une nouvelle carrière à mener
Karim Achour fait les choses bien ou il ne les fait pas : c'est ce qui l'a poussé à arrêter les combats. "Karim, c'est quelqu'un qui a beaucoup d'énergie, et là où on peut le féliciter, c'est d'avoir pu mener tout de front, explique Giovanni Boggia, son entraîneur du club de Pont-Sainte-Maxence qui le suit depuis ses débuts. S'il arrête, c'est qu'il y est contraint."
Il ne tourne pas définitivement la page pour autant et compte s'investir dans son club autant que son emploi du temps le permet. De ses années de boxe, il retient "l'abnégation, le travail, la résistance à l'effort", des qualités qu'il utilise au quotidien dans son métier de directeur d'animalerie. "La boxe c'est un sport dur, qui demande du caractère et une énergie très importante. Dans le business aussi, j'ai des concurrents, je dois me battre contre eux, faire mieux qu'eux, explique-t-il. En réalité, c'est similaire : quand je m'adresse à mes collègues pendant les réunions, je suis comme un entraîneur qui parle à son athlète."
Si sa décision est le fruit d'une longue réflexion, il n'exclut pas de remonter sur le ring un jour. En attendant, d'autres défis l'attendent : élever son fils, développer son entreprise, et bien sûr, trouver un peu de temps pour faire du sport pour le plaisir.