Déshydratation, épuisement, coup de chaleur... Travailler en période de canicule peut présenter des risques pour la santé des salariés. En 2023, les fortes chaleurs ont coûté la vie à trois travailleurs dans les Hauts-de-France. Comment faire face à la hausse des températures ? Nous avons demandé au Dr Fabienne Van Butsele, médecin du travail en Picardie, ses recommandations.
Tandis que la plupart des salariés sont en vacances, et qu'ils profitent peut-être du bord de mer pour se rafraîchir, certains travailleurs poursuivent leur activité. Dans l'Aisne et dans l'Oise, en vigilance orange canicule ce lundi 12 août, le thermomètre dépasse les 35° et "les conséquences peuvent être dramatiques pour les travailleurs : de la simple crampe jusqu'à la perte de connaissance", explique le Dr Fabienne Van Butsele. Médecin du travail au sein d'un service de prévention santé au travail (secteur Aisne et sud de l'Oise), elle nous donne ses conseils.
Organiser le temps de travail
L'employeur doit se renseigner sur la météo pour adapter les travaux à la température extérieure en modifiant les horaires de travail s'il le peut. "Pour les métiers à l’extérieur comme les chantiers dans le BTP et les espaces verts, il faut idéalement commencer tôt le matin et éviter l'après-midi."
Lorsque l'aménagement horaire n'est pas possible, elle conseille de multiplier les pauses. "Et surtout, éviter le travail isolé, il ne faut pas laisser un salarié seul. En cas de malaise, il doit être accompagné."
S'équiper contre la chaleur
"On ne le dira jamais assez : il faut s'hydrater !", rappelle la professionnelle de santé. En la matière, l'employeur est légalement tenu de mettre de l'eau à disposition de ses salariés et de les inciter à boire.
Par ailleurs, il peut également aménager l'espace de travail pour limiter la chaleur. Dans un espace de travail partagé, cela peut passer par l'installation de la climatisation ou de ventilateurs. À l'extérieur, sur des chantiers, il y a plusieurs solutions : installer un bungalow climatisé, ou, a minima, des tonnelles et/ou des parasols.
Sur le plan des vêtements de travail et des équipements de protection individuelle, "il faut se vêtir le moins chaudement possible, avance le Docteur Van Butsele. Cela ne signifie pas qu'on vient en débardeur, au contraire, on évite ! On choisit des vêtements amples, en coton, de couleur chair." On ne troque pas non plus ses chaussures de sécurité contre des tongs et on se protège la tête et la nuque avec un couvre-chef. "Surtout, ça peut faire rire, mais on n'oublie pas la crème solaire !"
Anticiper les épisodes de chaleur
En matière de pic de chaleur, "le maître-mot, c'est l'anticipation” avance la médecin. "Surtout dans nos régions où nous subissons les épisodes de canicule. En général, le temps n'est pas favorable dans les Hauts-de-France et la montée des températures se fait de façon brutale."
Or, le Code du travail précise que l'employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé de ses salariés, notamment au regard de la température extérieure.
"Chaque année, nous recevons des appels d'entreprises qui ne connaissent pas la marche à suivre." Pourtant la chaleur au travail est mortelle : en 2023, 11 personnes sont mortes des conséquences des fortes températures sur leur lieu de travail en France, dont trois dans les Hauts-de-France. Parmi les victimes, un travailleur d'une vingtaine d'années. "Même si la maladie et l'âge sont des facteurs aggravants, explique la praticienne, la chaleur est un risque pour tout le monde !"
Alors pour anticiper et éviter le pire, le service de prévention et santé au travail (Présoa), dispense toute l'année des formations auprès des salariés et des entreprises et publie des vidéos, à destination de tous, sur son compte Youtube.