C'est la troisième fois de son histoire que le verrier Saverglass, installé à Feuquières dans l'Oise, annonce du chômage partiel, mais pour le personnel, c'est à chaque fois un coup dur et une source d'inquiétudes. Tous vont devoir effectuer une semaine minimum de chômage partiel pour s'adapter à la baisse de la demande mondiale.
Installé à Feuquières, dans l'Oise, Saverglass fabrique des bouteilles haut de gamme. L'usine a été rachetée par la société australienne d'emballage Orora début décembre 2023, pour 1,290 milliard d'euros. Pour autant la situation financière n'est pas au beau fixe.
L'ensemble des salariés a été placé en chômage partiel. L'annonce est tombée lors d'un comité social économique extraordinaire qui s'est tenu lundi 5 février 2024 et auquel étaient conviés les syndicats. La direction propose 238 940 heures chômées.
"On va chômer à partir de fin février ou début mars cinq jours par mois, détaille Pascal Vallée du syndicat majoritaire la CGT qui a refusé de signer l'accord, ce qui représente à peu près entre 7 et 9% de perte de salaire. On a donc demandé l'équité. Que ce soit pour tout le monde pareil et ça concerne toute l'entreprise, c'est-à-dire 1259 salariés." Ils rejoignent ainsi les 500 employés de Saverdec, la branche chargée de décorer les bouteilles de verre fabriquées par l'entreprise. Celle-ci avait été placée en chômage partiel début janvier.
Une baisse des commandes significative
C'est le troisième épisode de ce type après la crise des subprimes en 2008 et l'après-Covid. Une décision de la direction motivée par une baisse significative des commandes de bouteilles de verre.
"Pendant le Covid, les clients ont beaucoup commandé, explique Frédéric Godeby, délégué CGT, mais depuis septembre 2023, la prise de commandes a chuté de 50%. Donc on est à 50% de nos capacités. Actuellement la moitié du groupe chôme avec des fours arrêtés sur Le Havre, des lignes arrêtées à Alphaglass, c'est-à-dire à Saint-Omer et un four arrêté au Mexique. Cette baisse de commandes est dûe à une surcharge de commandes en 2023. Les clients ont trop commandé de peur de ne pas avoir de bouteilles. Ils ont rempli les tuyaux qui étaient vides suite au Covid et ils ont stocké."
Malgré le contexte économique, les salariés gardent espoir. "On est persuadé que ça va redémarrer, assure Pascal Vallée. Le seul point d'interrogation, c'est quand ?" L'inquiétude est d'autant plus grande que le chômage partiel s'arrête fin juin. "À partir de ce moment-là, on ne peut plus demander une convention de chômage partiel, précise le délégué syndical. Il faudra attendre janvier 2025 pour en demander une autre au cas où. C'est compliqué si ça ne redémarre pas."
Contactée, la direction n'a pas souhaité répondre à nos questions.
Avec Laurent Pénichou / FTV