Pour conserver le fonds documentaire constitué par son père, Marie Ansar-Peineau a décidé de créer une bibliothèque Patrick-Ansar, directement chez elle, à Auneuil dans l'Oise. Des milliers d'ouvrages trouveront bientôt leur place dans un ancien bâtiment agricole, rénové pour l'occasion.
"Cette bibliothèque, c'est 40 ans de recherches. Pour moi, la laisser disparaître était impossible. Cela aurait été comme faire mourir mon père d'une deuxième manière."
Patrick Ansar-Peineau était un chercheur, passionné d'histoire et d'histoire de l'art. Il s'intéressait plus particulièrement à la région des Hauts-de-France. Un savoir qu'il a transmis à sa fille, Marie Ansar-Peineau, devenue animatrice en architecture et patrimoine à Beauvais.
En 2015, suite à la disparition de son père, l'Isarienne cherche d'abord à faire don des 8 000 ouvrages qu'il a regroupés tout au long de sa carrière.
À chaque fois, la qualité du fonds était louée mais les institutions n'avaient pas assez d'espace pour tout accueillir. Elles voulaient seulement une partie… C'est impossible, cela aurait détruit toute la cohérence de l'ensemble.
Marie Ansar-PeineauResponsable du projet
Faut-il vendre la collection ? "Je n'avais vraiment pas envie, un fonds comme celui-ci n'a pas de valeur financière de toute façon."
Une grange du 17ᵉ siècle réhabilitée
La solution se trouvera finalement sur son propre terrain à Troussures, hameau d'Auneuil, commune située dans l'Oise.
"On avait un bâtiment inexploité de 50 m². On a décidé de transformer la grange pour y fonder notre propre bibliothèque. On a donc créé une association en 2018, Profondhis", résume Marie Ansar-Peineau.
Les travaux ont débuté en 2020. "Ils ont été effectués par des artisans locaux, d'un rayon de 20 kilomètres autour. Aujourd'hui, seul l'intérieur reste à aménager."
Coût du projet : 270 000 euros. "L'association a obtenu plusieurs financements de l'Europe, de l'État, de la région, du département de l'Oise, de la commune d'Auneuil où sera installée la bibliothèque ainsi que des communes de Marcq-en-Barœul et de Quesnoy-sur-Deûle, là où mon père a travaillé et vécu."
Une cagnotte a également été lancée sur le site de la Fondation du Patrimoine.
Un lieu ouvert à tous
Une soixantaine de bénévoles ont rejoint l'aventure. Pour les tenir au courant de l'avancée du projet, l'Isarienne tient un journal de bord sur un site internet et publie régulièrement sur les réseaux sociaux.
La conservation des livres nécessite une certaine humidité et des températures bien précises. Les milliers de livres seront exposés sur des étagères, dont certaines mesureront jusqu'à 4,20 mètres de haut.
Depuis le début du projet, 2 000 livres ont déjà été répertoriés. Leurs thèmes sont variés : le mécénat dans l'aristocratie, l'architecture religieuse, les objets d'art... Un point commun : la plupart des ouvrages sont liés à la région des Hauts-de-France.
Une fois leur recensement terminé, un catalogue sera disponible sur le site internet. "Certains livres sont rares, ils datent du 17ᵉ siècle. Ils ne sont référencés qu'à la bibliothèque Mazarine, à Paris."
L'idée, c'est que tout un chacun puisse accéder à la bibliothèque. L'objectif, c'est aussi de redonner une vie sociale au village et de créer un lieu avec des animations.
Marie Ansar-PeineauResponsable du projet
Les livres seront consultables sur rendez-vous et l'association prévoit également des permanences, tous les samedis après-midis. "On espère une inauguration en juin."