Recrudescence des agressions : les sapeurs-pompiers de l'Oise pourront porter des caméras pendant leurs interventions

La préfecture de l'Oise a autorisé les sapeurs-pompiers de l'Oise à porter des caméras sur eux lors de certaines interventions, comme c'est déjà le cas pour certains policiers municipaux. Une décision pour lutter contre les agressions contre les pompiers, en augmentation depuis quelques années. 

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Face à la recrudescence des agressions envers les sapeurs-pompiers, la préfecture de l'Oise a autorisé la mise en place de ce dispositif, après une demande du président du Service départemental d'incendie et de secours (Sdis) Eric de Valroger, formulée le 15 octobre. Une annonce qui fait écho à l'actualité, après les échaufourées devant un lycée de Compiègne ce lundi 9 novembre, lors desquelles un pompier aurait été atteint par un tir de mortier. 
 


Au printemps déjà, plusieurs Sdis de France, dont ceux de l'Oise et de l'Aisne, lançaient l'opération #TouchePasAMonPompier sur les réseaux sociaux pour sensibiliser la population à l'augmentation des agressions pendant les interventions. 

32 agressions en 2020

Les sapeurs-pompiers isariens seront donc équipés de 12 caméras, à titre d'expérimentation, jusqu'au 5 février 2022. Une décision qu'Eric de Valroger estime nécessaire, même s'il aurait aimé ne pas avoir besoin de la prendre. "Depuis le 1er janvier 2020 dans l'Oise nous comptabilisons 32 agressions qui ont fait 68 victimes parmi les sapeurs-pompiers, et je ne parle pas des outrages, seulement des agressions", rappelle-t-il. "Il y a différents problèmes. Lundi à Compiègne, c'était un guet-apens, un individu a tiré à seulement 5 mètres de distance sur les sapeurs-pompiers, c'est effrayant. Mais il n'y a pas que les violences urbaines, il y a d'autres types d'agressions, comme lors des interventions de secours avec des individus très alcoolisés ou qui ont des pathologies psychiatriques et qui réagissent avec violence."

Les caméras devraient être utilisées à partir de la mi-janvier 2021. En attendant, le président du Sdis de l'Oise va se réunir avec les syndicats de sapeurs-pompiers pour discuter de l'ensemble des dispositifs de protection qui peuvent être mis en place. "Ce que j'entends pour le moment de la part des sapeurs-pompiers, c'est qu'ils ne font pas ce métier pour porter des gilets pare-balles et des caméras. L'un d'entre eux, qui était présent à Compiègne, me disait que la devise "Sauver ou périr" lui convenait, qu'il acceptait de risquer sa vie pour secourir des personnes, mais pas pour des voyous qui s'attaquent à eux au prétexte qu'ils portent un uniforme. Alors je pense qu'ils vont accueillir favorablement cette décision, même s'ils la déplorent."

Une expérimentation encadrée par la loi

Ce dispositif expérimental est permis par la loi du 3 août 2018, qui autorise les sapeurs-pompiers à "procéder, au moyen de caméras individuelles, à un enregistrement audiovisuel de leurs interventions lorsque se produit ou est susceptible de se produire un incident de nature à mettre en péril leur intégrité physique". 

Il ne s'agit donc pas d'un enregistrement permanent, mais les pompiers auront la possibilité de déclencher la caméra si la situation tourne mal et que leur intégrité physique est menacée. La loi précise par ailleurs que la caméra doit être apparente, que le pompier, dans la mesure du possible, doit informer les personnes présentes qu'il déclenche l'enregistrement, et que l'enregistrement ne peut être déclenché s'il est susceptible de porter atteinte au secret médical. 

Faciliter le dépôt de plaintes

Ces images pourront ensuite être utilisées dans le cadre de poursuites judiciaires s'il y en a. "L'équipement en caméras de sapeurs-pompiers s'inscrit dans le cadre d'un plan global de protection (...) pour sécuriser les interventions des pompiers dans les secteurs difficiles et faciliter le dépôt de plaintes", précise Cyriaque Bayle, directeur de cabinet de la préfète.
 
Les images pourront également être utilisées dans le cadre d'opérations de prévention et de la formation des sapeurs-pompiers pour apprendre à réagir en cas de difficultés pendant une opération, à condition qu'elles soient anonymisées. "L'analyse de l'origine de ces violences permet de mieux les appréhender et donc de mieux les prévenir", estime le directeur de cabinet. 
 
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