Le collectif amiénois Vit'anim Dés a conçu un escape game sur le thème du harcèlement scolaire. Un moyen de sensibiliser les enfants, mais aussi de donner des clés aux parents.
Caroline, une collégienne harcelée par ses camarades, disparait soudainement. Ses parents sont inquiets, il faut la retrouver, en trouvant des indices dans son téléphone. Voilà l'histoire, inspirée de faits réels, que l'animateur raconte aux participants de l'escape game. Ce jour-là, des collégiens de Sérifontaine, dans l'Oise, sont venus avec leurs parents pour résoudre cette énigme.
Aborder le sujet autrement
Pour retrouver Caroline, ils devront débloquer des applications comme Tik Tok, Instagram ou Twitter, matérialisées par des boites, pour lire les messages malveillants qu'elle a reçu et comprendre le parcours de Caroline.
Manu Auguste, du collectif amiénois Vit'anim Dés, a développé ce jeu il y a deux ans. Un moyen d'intéresser les ados sur un sujet grave, mais pas toujours facile à aborder. "Ça marche super bien parce que les réseaux sociaux, ils pratiquent tous les jours, ils sont tout le temps dessus, explique l'animateur. Ils communiquent ensemble et s'entraident pour avancer dans l'histoire, explique-t-il. C'est tiré d'une vraie histoire de harcèlement, avec de vrais messages, qui sont parfois crus, mais qui reflètent la réalité."
Saisir l'occasion pour créer du dialogue
Lors de cet événement organisé par la Maison départementale de la solidarité, la partie s'est suivie d'un temps d'échange en présence d'une éducatrice. Sur quels critères peut-on être harcelé ? Quelles conséquences cela peut-il avoir sur les victimes ? Comment réagir ? L'atelier apporte des solutions aux familles, et permet aux enfants de raconter leur expérience, même lorsqu'ils n'ont jamais été victime. L'un des jeunes se souvient par exemple de cette camarade harcelée "parce qu'elle était un peu enrobée", et "qui a failli se suicider."
"Ça permet aux parents de discuter avec leurs enfants, parce que ce ne sont pas forcément des sujets sur lesquels ils discutent ensemble, et là, il y a des professionnels qui sont là pour amener des réponses, ou une ouverture que les parents n'ont pas forcément. (...) On donne des astuces, des pistes de réflexions", précise Nathalie Gobert, éducatrice.
"Les parents aussi sont à mobiliser"
En France, on estime que 6 à 10% des élèves sont victimes de harcèlement à l'école, principalement au collège. "Quand ils sortent de l'école, ils continuent à être harcelés sur le téléphone, et ils ramènent tout ça à la maison. Je pense que ça participe au problème, poursuit l'éducatrice. L'Éducation nationale prend ça en charge de plus en plus sérieusement, beaucoup de choses se mettent en place au niveau des établissements, mais les parents aussi sont à mobiliser."
Un numéro vert existe pour prendre en charge les victimes de cyberharcèlement à l'école, le 3018. Les opérateurs écoutent, informent et conseillent de manière totalementt anonyme, gratuite et confidentielle.
Les victimes et témoins de harcèlement entre élèves peuvent également appeler le 3020.