Depuis le début du conflit il y a un an, la Picardie a accueilli plus de 1 500 Ukrainiens. Parmi eux, la famille Kuzan, réfugiée dans l'Oise. S'ils disent être bien accueillis en France et que les enfants vont à l'école ou travaillent, ils espèrent retourner en Ukraine d'ici à l'été.
Dès le début de la guerre, de nombreuses familles ukrainiennes ont dû tout quitter précipitamment : leur famille, leurs amis, leur maison, leur travail… Certaines sont venues se réfugier en France, notamment en Picardie. La famille Kuzan a ainsi trouvé refuge à Gouvieux, dans l'Oise.
Si les mots sont encore hésitants, Anna-Maria, 13 ans, semble avoir dépassé la barrière de la langue. "C'était pas aussi compliqué que pour ma mère ou pour mes frères parce que depuis six ans, j’étudie le français en Ukraine. C’était plus facile, car je connais les règles", explique l'élève en classe de cinquième. Si elle confie avoir été "un peu nerveuse" les premiers temps, elle se dit "bien" désormais et s'être fait "des amis".
"Les enfants vont à l'école ou travaillent donc ça se passe bien"
L'adolescente est arrivée en France l'année dernière avec ses parents et ses quatre frères et sœurs. Mais ils ont laissé derrière eux Alexandre, l’un des fils de 24 ans, trop vieux pour quitter le pays. "En Ukraine, les étudiants ne sont pas appelés pour la guerre. Mais il finit les études cette année", explique Olena Kuzan, la mère de famille, en ukrainien. "Bien sûr, je suis inquiète parce qu’à partir de l’année prochaine, il sera apte à servir dans l’armée", souligne-t-elle.
J’ai été étonné de voir à quel point les Français nous ont aidés. Tous les jours, tout le village cuisinait des repas et nous les apportait.
Olena KuzanDessinatrice de mode ukrainienne réfugiée à Gouvieux (Oise) avec sa famille
À son arrivée, la famille a vécu "dans une merveilleuse famille française" selon les mots d'Olena. "Marie-Claude et Jean nous ont très bien accueillis. J’ai été étonné de voir à quel point les Français nous ont aidés, car quatre de mes enfants vivaient ici au début. Tous les jours, tout le village cuisinait des repas et nous les apportait", raconte la mère de famille.
Quelques mois plus tard, la famille a été logée dans un appartement prêté par la mairie dans lequel elle habite toujours. Olena est dessinatrice de mode. "À la fin de la guerre, on veut retourner en Ukraine", affirme-t-elle. En attendant, "les enfants vont à l'école ou travaillent donc ça se passe bien", constate-t-elle.
"Ma vie est comme figée"
Un de ses fils, Lev, a trouvé un emploi dans une entreprise informatique. Un véritable soulagement pour le jeune homme de 18 ans qui se réjouit de pouvoir subvenir à ses besoins. Mais l'adaptation à cette nouvelle vie "a été compliquée" témoigne Lev en anglais. Le jeune homme apprend le français, mais a peu de temps pour le faire en raison de son travail.
En Ukraine, j’ai été marqué par beaucoup de choses. Maintenant ma vie est comme figée, donc je ne me sens pas vraiment intégré, car je n’ai pas l’impression d’avoir le contrôle de mon futur.
Lev KuzanRéfugié ukrainien à Gouvieux (Oise)
"Ce n’est pas facile d’être un réfugié, ce n’est pas la meilleure expérience à avoir. En Ukraine, j’ai été marqué par beaucoup de choses. Maintenant ma vie est comme figée, donc je ne me sens pas vraiment intégré, car je n’ai pas l’impression d’avoir le contrôle de mon futur. C'est vraiment dur", appuie le jeune homme. Lev compte bien retourner en Ukraine. "C'est dur de ne pas être à la maison. Ma famille et mes amis me manquent", ajoute-t-il.
La Picardie a accueilli 420 enfants ukrainiens dans ses écoles depuis le début du conflit, selon le rectorat de l'Académie d'Amiens. La moitié a été accueillie dans l'Oise. Pour les accompagner au mieux, 95 structures pédagogiques dans toute l'Académie permettent la prise en charge des enfants allophones, c'est-à-dire des élèves dont la langue maternelle est étrangère.