Sur les 150 personnes membres de la Convention citoyenne pour le climat, deux Picards participaient à l’élaboration des 149 propositions. Jean-Luc Verdière, un habitant de Moislains dans la Somme fait le bilan de cette expérience à quelques semaines du vote de la loi par les députés.
"On a fait le job", constate Jean-Luc Verdière de retour en Picardie. L’ancien sapeur-pompiers de 58 ans faisait partie des 150 citoyens tirés au sort pour participer à cette convention citoyenne pour le climat (CCC) du 4 octobre 2019 au 21 juin 2020.
Un panel de citoyens : chômeurs, chefs d’entreprise, retraités ou sapeurs-pompiers comme Jean-Luc censés représenter la société française. "Une superbe expérience" qui a permis d’établir 149 propositions, réparties en cinq thématiques : "Se nourrir", "Se loger", "Travailler Produire", "Se déplacer" et le groupe de Jean-Luc, "Consommer". À l’origine de cette conférence citoyenne, un objectif : faire baisser de 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, dans un souci de justice sociale. "Mais je me rends compte que ce sera difficile d’atteindre cet objectif ", constate le représentant picard de la CCC.
En effet, la proposition de loi qui doit être présentée le 10 février en conseil des ministres semble être une version édulcorée des mois de travail de ces citoyens.
Une proposition de loi déjà édulcorée
Le 29 juin 2020, "le président de la République nous annonce qu’il s’octroie trois jokers", raconte le sapeur-pompier de 58 ans. Emmanuel Macron s’oppose à une nouvelle limitation à 110 km/h sur autoroute, à une taxation des dividendes à 4% et à l’inscription de la protection de l’environnement dans le préambule de la Constitution de 1946.
Je savais pertinemment que les 149 propositions ne seraient pas retenues mais c’était aux députés de tailler dedans.
L’autre déception du Samarien réside dans le processus législatif de cette future loi. Après s’être entretenu avec le sénateur de l’Aisne Jean-Pierre Verzelen (LR), il apprend que les parlementaires n’étudient pas le texte issu de la conférence citoyenne, mais une version de la loi déjà modifiée par le gouvernement qui n’a retenu que 65 propositions. "Je savais pertinemment que les 149 propositions ne seraient pas retenues mais c’était aux députés de tailler dedans", fait remarquer celui qui préfère parler de "protection de l’environnement" au détriment "d’écologie", où il voit une "forme d’extrémisme".
Pour autant, cette loi c’est "un coup de projecteur sur la protection de l’environnement". La lutte contre les passoires thermiques, créer une obligation d'affichage de l'impact carbone des produits et services, ou encore faire de l'éducation, de la formation et de la sensibilisation des leviers d'action de la consommation responsable font partie des 65 articles retenus par le gouvernement.
Intégrer la protection de l’environnement à tous les stades de formation
Jean-Luc Verdière est particulièrement attaché à ce troisième aspect. À travers la formation continue, une entreprise polluante peut limiter son impact, explique l’homme de 58 ans. L’idée est d’intégrer la protection de l’environnement à tous les stades de la formation et ce dès le plus jeune âge. "Tout ce que les jeunes entendent à l’école ou au collège, ils le répètent à la maison."
Pour autant, la protection de l’environnement ne doit pas tout autoriser note le Samarien. De son village, il observe les éoliennes pousser comme des champignons. "On parle de doubler le parc éolien, on en a déjà assez", s’insurge Jean-Luc, alors que la région Hauts-de-France compte le plus grand parc éolien de l'Hexagone. Il participe alors à des ateliers de travail au niveau du département pour "réfléchir intelligemment".
Il y a des choses qui ne sont pas respectées, mais globalement on aura fait une belle avancée
De ces quelques mois passés à échanger et bûcher sur la protection de l’environnement, Jean-Luc Verdière retient surtout l’importance de la concession."Il y a des choses qui ne sont pas respectées, mais globalement on aura fait une belle avancée." Une belle avancée, pour ce que le sapeur-pompier considère être "l’affaire de tous".
Après avoir été présenté en conseil des ministres, le projet de loi devrait être examiné par l’Assemblée nationale fin mars dans le cadre d'une "procédure accélérée" (c’est-à-dire une seule lecture par chambre), précise Matignon.