Le clap de fin va se prolonger dimanche pendant plus de six heures pour Tom Boonen qui, à 36 ans, rêve d'une cinquième victoire dans Paris-Roubaix synonyme d'une sortie de carrière par une porte triomphale sur le vélodrome nordiste.
Depuis qu'il a annoncé en juillet dernier sa décision de raccrocher le vélo au soir du 9 avril, après une quatorzième et dernière participation dans la course qui l'a révélé en 2002, le Belge sait que ces journées d'approche seront émouvantes. "C'est un peu trop pour tout le monde", a-t-il même estimé jeudi auprès de la RTBF lors de la conférence de presse qui a attiré la foule des médias à Wielsbeke (Belgique).
Un gigantesque "clapping" dimanche dernier au départ du Tour des Flandres, une attention particulière des organisateurs du GP de l'Escaut pour partir de sa ville de Mol, des interviews à répétition sur le même thème de la sortie... Mais Boonen veut avant tout se concentrer sur la course et le record des cinq victoires qui le placerait une longueur au-dessus du légendaire Roger De Vlaeminck, le Monsieur Paris-Roubaix des années 1970.
"Je n'attends pas de cadeaux"
"Tous les ingrédients sont là", affirme le Campinois qui dit être en meilleure forme que l'an passé. Sa 37e place du Tour des Flandres dimanche dernier relève de l'anecdote. Des ennuis mécaniques lui ont interdit toute ambition. "Sinon, affirme-t-il,j'avais les jambes pour faire le podium". Avant d'entrer sur les pavés du Nord, Boonen se laisse aller à rêver, par des chemins de traverse. "Dans mon rêve, sourit-il, l'arrivée se fait après la course la plus dure possible... et je gagne au sprint sur le vélodrome devant deux-trois coureurs".Le Belge, personnage charismatique de l'avis du double champion du monde en titre Peter Sagan ("C'était mon coureur préféré quand j'avais 16 ans", a dit le Slovaque),
a tôt fait cependant de revenir à la réalité: "Je n'attends pas de cadeaux, ça va être encore plus dur que les autres années." "On me regarde comme si j'avais le secret de Paris-Roubaix, s'amuse-t-il. Mais il n'y a pas vraiment de secret. C'est juste rouler vite sur les pavés".
Cette recette, Boonen l'a souvent appliquée, pour gagner de différentes manières. Pour régler un petit groupe ou pour s'imposer en solitaire, comme en 2012 après une échappée solitaire de plus d'une heure.
Partir en beauté
Hormis sa première année chez les professionnels (3e à Roubaix en 2002), Boonen a toujours couru dans l'équipe de Patrick Lefevere. Sous différents maillots, il a bâti un palmarès dépassant les 100 victoires (113 est le chiffre généralement retenu par les statisticiens, qui divergent en fonction de la nature des courses). Avec surtout 7 "monuments" (Paris-Roubaix à quatre reprises, le Tour des Flandres par trois fois) et six étapes du Tour de France. "J'ai une équipe très forte", se félicite-t-il avant sa dernière course. "Ceux qui peuvent profiter du marquage sur lui sont ses coéquipiers", renchérit Lefevere.
"L'essentiel est que l'équipe gagne mais j'ai la conviction qu'ils vont tous partir avec la volonté de lui permettre de partir en beauté", confirme le directeur du
Tour Christian Prudhomme, qui a apprécié la décision du champion du monde 2005 de faire ses adieux sportifs sur le vélodrome nordiste: "C'est le plus bel hommage
à Paris-Roubaix que pouvait faire un champion qui l'a gagné quatre fois !"
"L'année dernière, ajoute le directeur du Tour, sa course était presque parfaite jusqu'au vélodrome où il a été battu à la surprise générale par le vétéran australien
Mathew Hayman. Il était extrêmement déçu. Je suis convaincu qu'il n'est guidé que par une idée depuis un an, finir le plus haut possible à Paris-Roubaix".
Le Flamand n'a pas démenti. Jeudi, il a avoué: "Pour moi, c'est la plus belle course du monde, une course extraordinaire."