En avril dernier l'association a recueilli une soixantaine de témoignages se plaignant de nuisances sonores de la part du circuit de Croix-en-Ternois. Lequel est en réflexion, depuis plusieurs années, sur un projet d'agrandissement. Le 12 juin 2024, l'association sera reçue par le circuit pour dialoguer et améliorer ses propositions.
"Ça tourne tout le temps", regrette Michel Feutry, président de l'association Les Voix Vertes du Ternois qui regroupe depuis deux ans une soixantaine d'adhérents. Il parle du circuit de Croix-en-Ternois où sept compétitions motos ou autos annuelles sont organisées et où on peut rouler 260 jours par an, et notamment les week-ends.
Ici, on vient de toute la France, mais aussi de Hollande, de Belgique et parfois d'Angleterre, pour rouler. Lors des compétitions une centaine de pilotes sont inscrits mais 2 000 à 5 000 spectateurs viennent assister à la course.
Et selon Michel Feutry et son association, qui a envoyé en avril quelque 600 questionnaires aux riverains du circuit, les nuisances sonores pourraient concerner les habitants de Croix-en-Ternois, Siracourt, Ramecourt, une rue à Saint-Pol-sur-Ternoise ou encore Gauchin-Verloingt. S'il n'a recueilli que 108 réponses à son questionnaire - dont 57 d'habitants qui s'estiment "dérangés", il estime que la gêne occasionnée, notamment quand on sait que les crissements de pneus s'entendent, selon lui à "10 km à la ronde", doit être réévaluée à plusieurs milliers de personnes.
L'association demande donc une pause méridienne de deux heures sur le circuit. Une réglementation plus stricte en termes de décibels. Et une vraie pause sans moteur dans l'année, autre que celle des 15 jours d'interruption continue aux vacances d'hiver.
Aujourd'hui, la FFM, fédération française de motocyclisme, autorise 102 décibels (c'est 100 DB pour les autos et la FF Sport Automobile) mais demande aux constructeurs de réduire le volume sonore qui sort du pot d'échappement. Selon Patrick d'Aubreby, président du circuit de Croix-en-Ternois, cela pourrait aboutir à une nouvelle réglementation dès 2025. "On fait des efforts à ce niveau en contrôlant avec sonomètre le bruit à la sortie du pot d'échappement en statique et maintenant en dynamique (1). Il faut savoir que si l'on réduit la limite de 3 ou 4 décibels en moins, on divise par deux le volume sonore total", assure Patrick d'Aubreby qui précise que la pause méridienne est d'une heure à une heure trente actuellement, et qu'il n'est pas catégoriquement opposé à étendre cette pause méridienne.
Merlons, arbres et arbustes
Quant à l'agrandissement du circuit, un projet en cours depuis plusieurs années vise à allonger le circuit de 2 km à 2,8 km. Néanmoins, le circuit serait alors plus roulant, moins "fatigant" pour les pilotes et surtout avec moins de pollution sonore. Et pour cause, les deux virages en épingle seraient supprimés ce qui réduirait le nombre d'accélérations (qui font le plus de bruit). Aujourd'hui, le circuit est sur 20 hectares, s'il s'agrandissait, il serait sur 20 hectares supplémentaires dont il est déjà propriétaire et qui sont déjà classés en terres utilisables par le circuit. Des merlons (buttes) de terre de 5 à 7 mètres, des arbres et des arbustes viendraient par ailleurs l'entourer pour limiter l'impact sonore.
Une réunion a lieu sur le circuit de Croix-en-Ternois entre la direction et l'association Les Voix Vertes du Ternois, le 12 juin à 16h00. Pour "discuter, dialoguer, améliorer" selon le mot de Patrick d'Aubreby qui confie que s'il n'y a pas une actualité brûlante sur le dossier, ce dernier est plus "sensible" aujourd'hui. Quant à Michel Feutry, lui aussi, espère régler le dossier à l'amiable. Affaire à suivre.
(1) Des pilotes moto ont, par le passé, triché sur leur pot d'échappement et faisaient davantage de bruit en course qu'à l'arrêt.