Ce jeudi 12 janvier, la cérémonie de vœux de la ville d'Arras a été l'occasion de rendre hommage à Dominique Bernard et aux 47 personnes qui se sont distinguées lors de l'attaque terroriste au lycée Gambetta. Parmi eux, le brigadier-chef David, le premier policier arrivé sur les lieux témoigne au micro de France 3 Nord-Pas-de-Calais.
C'est une intervention qui restera gravée à vie dans l'esprit de ce brigadier-chef arrageois. David, policier depuis une vingtaine d'années, fait partie des premiers agents à arriver sur les lieux de l'attentat, ce vendredi 13 octobre 2023, à Arras. Formé pour intervenir sur les "tueries de masse", son sang-froid et son professionnalisme permettent la maîtrise rapide et l'arrestation du terroriste, alors qu'il menace de décapiter une victime à terre, déjà blessée. À l'occasion de l'hommage rendu à Dominique Bernard ce jeudi 12 janvier à la cérémonie des vœux de la ville d'Arras, David a accepté de revenir sur cette journée.
"En 4 minutes il a poignardé 4 personnes, je vous laisse imaginer en 10-15 minutes"
Ce vendredi 13 octobre, David et son équipe prennent leur service plus tôt que d'habitude. En cause, la manifestation contre la réforme des retraites à Arras prévue ce jour. Alors qu'ils se mettent en place pour encadrer le cortège, ils reçoivent un appel : une personne est blessée au couteau devant le lycée Gambetta et l'auteur serait encore sur place. "Sur le moment, on pense à une rixe classique. On arrive très vite sur place puisqu'on était à côté, en 3, 4 minutes, on prend contact avec la dame de l'accueil qui nous explique qu'il y a eu beaucoup de coups de couteau, et là on comprend que c'est un terroriste".
Le brigadier évoque la "chance" d'avoir pu intervenir rapidement grâce à la proximité des agents du lieu de l'attaque. Selon lui, le terroriste était prêt à poignarder plus de victimes, s'il en avait eu le temps. "En 4 minutes, il a poignardé quatre personnes, je vous laisse imaginer en 10-15 minutes...", confie-t-il au micro de Ophélie Masure.
Un terroriste auquel David s'est adressé, alors qu'il attaquait un agent technique du lycée, à terre, déjà blessé de plusieurs coups de couteau."À ce moment-là, il menace de mort l'agent à terre, il lui dit, 'je vais te couper la tête' (...) son calme m'a frappé, sa détermination, son absence de tout, d'empathie, un regard livide", dépeint-il.
Le brigadier-chef et son équipe doivent agir très vite, "je lui ai dit 'lève tes armes, si tu fais un pas, je te bute'". David sait que des élèves du lycée assistent à la scène, depuis les fenêtres de l'établissement. Éliminer le terroriste devant ces jeunes, déjà probablement traumatisés par ce qu'ils sont en train de vivre, n'est pas l'issue souhaitée par le brigadier.
"Je crie 'Taser, taser, taser', et là l'assaillant, sous le coup du taser, tombe à terre, les bras en croix, les armes toujours en mains". Le policier est persuadé que l'assaillant était prêt à mourir, "on ne voulait pas lui donner cette chance" témoigne-t-il.
"Les vrais héros ce sont les personnes du lycée qui sont intervenues pour stopper le tueur, nous, c'est notre métier"
Le brigadier tient surtout à saluer la mémoire de Dominique Bernard et le courage de l'agent technique, qui a essayé de stopper le terroriste "les héros ce sont les personnes qui sont intervenues pour essayer d'arrêter le tueur, l'agent technique s'est pris sept coups de couteau", insiste le policier. "Nous, c'est notre métier d'intervenir, pas eux, observe-t-il.
Dès le lendemain de l'attaque, le quotidien reprend pour David qui retourne sur le terrain. Il ne réalise pas tout de suite ce qu'il a vécu. C'est lorsqu’il rencontre l'agent technique, quelques semaines plus tard, que le policier prend conscience. "Il m'a dit, 'vous m'avez sauvé la vie'". Le policier, en toute modestie, pense simplement avoir fait son travail, un travail essentiel salué par la médaille de la ville et bientôt par la légion d'honneur pour lui et son équipe.