Un accord vient d'être signé entre les syndicats et la direction de Bridgestone. Le fabricant de pneus va mettre 110 millions d’euros sur la table, plus 80 millions de primes supra-légales, pour financer le Plan de Sauvegarde de l’Emploi.
Une victoire. Amère… mais une victoire. Les 863 salariés de Bridgestone-Béthune n’ont pu empêcher la fermeture de leur usine mais ils réussissent à faire plier le fabricant de pneumatiques japonais sur les conditions financières de leurs départs. Sur les 863 salariés, 100 partent en pré-retraite. Les autres vont pouvoir bénéficier d’une période de formation de 24 mois. Plusieurs cabinets de reclassement – une cinquantaine de personnes – sont déjà au travail.
Bridgestone met 110 millions d’euros sur la table – plus 80 millions de primes supra-légales - pour financer le Plan de Sauvegarde de l’Emploi. Les salariés licenciés partent donc en moyenne avec une prime de 106 000 euros. C’est beaucoup plus que les 17 000 euros - pour 20 ans d’ancienneté - que ces salariés auraient dû toucher s’ils avaient perçu la prime légale.
L'action en justice aurait été longue et incertaine
Dans le détail, les salariés de Bridgestone-Béthune touchent chacun une somme de 46 500 euros, plus 2500 euros par année d’ancienneté. Cette prime leur est versée en deux temps : la moitié de suite et l’autre après la signature d’un document par lequel ils renoncent à toutes actions en justice contre leur ancien employeur.
Les "bridgestone" ont donc choisi la même stratégie que leurs collègues licenciés des usines Ford à Blanquefort en Gironde (190 000 euros par salarié) et Michelin à La Roche-sur-Yon en Vendée (80 000 euros par salarié). Ils se sont méfiés d’une longue et incertaine action en justice, comme celle engagée par les ouvriers d’une autre manufacture de pneus des Hauts-de-France : Goodyear à Amiens. 832 licenciements. En 2014, ils avaient fini par obtenir des enveloppes allant de 60 000 à 130 000 euros… mais au terme d’une épuisante procédure de près de sept années.
110 millions, une somme faible au regard des 17 milliards d’euros de chiffre d’affaires affichés par Bridgestone
Les syndicats tiennent malgré tout à relativiser le "succès" de leurs négociations avec le géant japonais. 110 millions, c’est peu au regard des 17 milliards d’euros de chiffre d’affaires affichés par Bridgestone. En trois ans seulement, le numéro deux mondial du pneumatique aura "rentabilisé" la fermeture du site béthunois. Selon nos sources, un simple jeu d’écriture a permis à Bridgestone-France de vendre pour 100 millions d’euros son réseau de montage de pneus à Bridgesone-Europe. Et le plan social est partiellement financé, le reste étant rapidement amorti puisque la masse salariale de l'entreprise était de 55 millions d'euros par an.
Le 3 mai prochain, donc, l’aventure industrielle de Bridgestone à Béthune, démarrée en 1961, s’arrêtera définitivement. Toujours selon nos sources, le fabricant de pneus pourrait céder le site de 32 hectares pour l’euro symbolique. Aux pouvoirs publics ensuite de procéder à sa dépollution et trouver les entreprises qui s’y implanteront. Plusieurs pistes. On parle d’un spécialiste du rechapage de pneus, qui pourrait d’ailleurs reprendre une partie des machines ; d'un important logisticien de la région ; ou encore d’un recycleur de batteries, en lien avec le futur site PSA-Total de Douvrin.