À 23 ans, le Boulonnais n'a pas à rougir de son palmarès...
La France a-t-elle trouvé une future perle du demi-fond? À 23 ans, Jimmy Gressier, inscrit sur le 5.000 m à Monaco vendredi, progresse à allure régulière, sur route ou en cross, au point d'incarner une belle promesse dans l'optique des JO de Paris en 2024.
"On n'a pas vu un athlète de cette qualité depuis une trentaine d'années", affirme sans hésiter à l'AFP Jean-François Pontier, le responsable running à la Fédération française d'athlétisme (FFA). En observant les derniers exploits du gamin de Boulogne-sur-Mer, il y a en effet de quoi être impressionné.
Triple champion d'Europe espoirs en cross (2017, 2018, 2019), double médaillé d'or continental espoirs en 2019 sur 5.000 et 10.000 m, détenteur du record d'Europe du 5 km sur route depuis le début de l'année (13 min 18), le coureur nordiste n'en finit pas de franchir les obstacles avec aisance.
Celui qui se dressera sur sa route vendredi au stade Louis-II pourrait avoir son importance pour la suite de sa jeune carrière. Le 5.000 m de Monaco, sa première participation à une course en Ligue de diamant, le circuit majeur de l'athlétisme mondial, lui permettra en effet de se jauger et d'avancer dans sa réflexion en vue des JO de Tokyo en 2021.
"Grosse étape"
Pour l'instant, c'est le 3.000 m steeple, qu'il découvrira à Décines le 29 août, qui tient la corde, l'idée étant de s'orienter vers des distances plus longues (10.000 m ou marathon) en prévision de 2024."Venir à Monaco, ça fait vraiment plaisir, ça me donne envie", a-t-il expliqué jeudi de sa voix douce. "Il y a trois ans, je venais ici voir Usain Bolt courir, maintenant c'est à moi de fouler cette piste. J'espère battre mon record personnel (13 min 23 sec 04 sur 5.000 m, ndlr) et il y aura une belle bataille avec les meilleurs Européens et des Africains", notamment le champion du monde ougandais du 10.000 m Joshua Cheptegei, qui vise le record du monde de l'Ethiopien Kenenisa Bekele (12 min 37 sec 35).
"Dans ma tête, il y a Tokyo mais aussi Paris-2024. Il y a des étapes à passer et demain c'est une grosse étape".
Issu d'un quartier difficile près de Boulogne-sur-Mer (Chemin vert), comme un certain Franck Ribéry, Gressier "puise" une partie de sa force dans ses origines modestes et sa fidélité à ses amis d'enfance, selon Jean-François Pontier.
"C'est quelqu'un qui a des qualités énormes, un très gros moteur et une très grosse motivation pour réussir, du fait de son histoire et de son parcours. Ce qui le caractérise le plus c'est son mental, il n'a aucune limite. Quand il se fixe un objectif, il va au bout de son idée et cela fait souvent une grande différence", indique le technicien.
Fan du PSG
Grand fan du Paris SG, il a même tâté du foot (double champion de France UNSS), se liant d'amitié avec le défenseur parisien Colin Dagba, avant de se consacrer exclusivement à la course à pied. Il ne rechigne d'ailleurs pas à faire quelques "five" avec ses potes, histoire de se dégourdir les jambes.Tel un legs de cette formation très particulière pour un "runner", Gressier prend même un malin plaisir à célébrer ses succès comme les footballeurs. Même si l'exercice tourne parfois au gag comme lors de son succès de 2018 à l'Euro de cross quand, voulant franchir la ligne d'arrivée en se laissant glisser sur les genoux, il est tombé la tête en avant dans la boue. Une image qui a fait les délices des réseaux sociaux.De ses jeunes années de footballeur, quand il aimait bien "jouer à tous les postes", Gressier a également hérité ce goût pour la polyvalence même si l'heure est désormais venue de se fixer pour de bon pour être exact à ses rendez-vous olympiques.
Mais Jean-François Pontier l'assure : "Il sait où il veut aller". À charge pour lui de gommer quelques lacunes.
"Il doit progresser sur le plan de la souplesse, s'il veut faire du steeple, et de la diététique. Il doit progressivement rentrer dans la vraie peau d'un athlète de haut niveau", assure le responsable fédéral. Cela passe forcément par une belle course dès vendredi.