Rebondissement au tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer. La fille de Franck Lavier, l'un des acquittés d'Outreau, est revenue sur ses accusations d'agressions sexuelles visant son père, après trois heures d'audition, ce vendredi 22 septembre.
Coup de tonnerre au tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer. La fille de Franck Lavier, acquitté d'Outreau, qui accusait son père d'agressions sexuelles quand elle était mineure, est revenue vendredi 22 esptembre 2023 sur ses accusations à la barre.
"Il ne s'est rien passé de ce que j'ai dit à ma déposition", a déclaré, après presque trois heures d'audition, cette jeune femme de 24 ans, qui accusait son père de l'avoir agressée sexuellement entre 2015 et 2016.
"Votre père ne s'est jamais glissé dans votre lit ?", a demandé la cour en sa direction. "Non", a-t-elle répondu. "Votre père ne vous a jamais agressé sexuellement ?". "Non."
Rappel des faits
Le parquet de Boulogne-sur-Mer avait ouvert une enquête préliminaire en 2016 à la suite d'un signalement de cette enfant, alors âgée de 16 ans, révélant "au sein de son établissement scolaire avoir été victime de faits de nature sexuelle de la part de son père", selon le dossier de presse de la cour d'appel de Douai.
Le procureur ordonne alors le placement provisoire de l'adolescente. Puis le 10 juin 2016, Franck Lavier, qui conteste les faits, est placé sous contrôle judiciaire. D'abord renvoyé en novembre 2021 devant les assises du Pas-de-Calais pour viol et agressions sexuelles, le mis en cause fait appel de l'ordonnance de mise en accusation, tout comme sa fille, qui avait sollicité la correctionnalisation des faits.
Une fille "jamais intégrée" à sa famille
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Douai décide finalement en juin 2022 de correctionnaliser le fait de "viol par ascendant" en "agression sexuelle par ascendant". Franck Lavier, intérimaire, "n'a jamais reconnu ces faits", a affirmé son avocate Me Fabienne Roy-Nansion, annonçant qu'elle plaidera la relaxe.
La jeune femme, une mère aujourd'hui âgée de 23 ans, n'a selon elle "jamais réussi à s'intégrer dans sa famille" après avoir été "placée à 20 mois", quand l'affaire d'Outreau a éclaté, et "retrouvé ses parents à six ans". Avec cette plainte, elle voulait selon l'avocate "fuir le foyer familial".
Sept ans se sont écoulés entre son signalement et le procès, "un délai hallucinant" pour Me Isabelle Steyer, avocate de l'association La Voix de l'Enfant, partie civile. "Quand il y a des mineurs, les dossiers devraient être une priorité", a-t-elle regretté.
Des parents déjà condamnés pour violence
En 2011, alors âgée de 11 ans, la fille de Franck Lavier avait déjà dénoncé avec son petit frère des faits de maltraitances. Les parents avaient été condamnés en 2012 à dix et huit mois de prison avec sursis pour violences habituelles, mais relaxés du chef de corruption de mineurs par le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer.
Le tribunal a estimé que si ces derniers faits étaient moralement répréhensibles, l'infraction pénale n'était pas constituée, car la volonté de corrompre les mineurs n'était pas prouvée.
Simulations d'actes sexuels devant les enfants
Selon l'accusation, constatations d'un médecin légiste à l'appui, ces enfants avaient été obligés de rester pendant des heures à genoux sur un balai en guise de punition. Les bouts des doigts de la fillette portaient également des traces de coups portés avec des lattes de sommier.
Une vidéo datant de mars 2009, prise lors d'une fête arrosée et mettant en scène des adultes plus ou moins dénudés simulant des actes sexuels en présence d'enfants, avait ensuite été saisie au domicile des Lavier. Par la suite, de nouvelles perquisitions avaient permis de découvrir d'autres photos et vidéos d'une demi-douzaine de soirées similaires, entre 2008 et 2009.
36 mois en prison dans l'affaire d'Outreau
Franck Lavier faisait partie avec sa compagne des accusés d'Outreau. Il avait été condamné en 2004 à six ans de prison pour le viol de sa belle-fille par la cour d'assises du Pas-de-Calais puis acquitté l'année suivante par la cour d'appel de Paris. Il avait passé en tout 36 mois en prison.
Le dossier de pédophilie d'Outreau avait éclaté en février 2001 et défrayé la chronique. Il avait abouti à un fiasco judiciaire, après deux procès aux assises en 2004 et 2005. Treize des dix-sept accusés avaient été acquittés.