Pêche : malgré une aide de 100 millions d'euros, les pêcheurs en attente d'autres mesures

Une semaine après la mobilisation de nombreux pêcheurs à Boulogne-sur-Mer, la ministre de la Mer Annick Girardin a annoncé une enveloppe de 100 millions d'euros pour le secteur de la pêche. Mais pour certains d'entre eux, il reste d'autres points à régler. 

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L'accord post-Brexit concernant la pêche a été le dernier point de discorde entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Il aura fallu quatre longues années de négociation pour arriver à une issue satisfaisante pour les deux parties. Pourtant, les pêcheurs français n'ont toujours pas constaté sa mise en oeuvre et l'ont fait savoir par des mobilisations la semaine dernière. 

C'est pourquoi la ministre de la Mer Annick Girardin et le secrétaire d’État aux Affaires européennes Clément Beaune se seront rendus ce lundi 26 avril à Boulogne-sur-Mer. Ils ont annoncé le déblocage d'une enveloppe de 100 millions d'euros, validée par l'Union européenne, dans le cadre d’un plan d’accompagnement de la filière pêche post-brexit. 

"Le plan d’aide se résume pour l'instant aux arrêts temporaires [navires amarrés en échange d'une aide financière pour éviter la surexploitation des eaux] et à l'aide sur la perte de chiffre d'affaires. On va voir ce qu'il en retourne prochainement", explique Etienne Dachicourt, directeur de la coopérative maritime étaploise. Les aides "validées ces dernières heures par la Commission européenne, (…) sont immédiatement mobilisables et seront réglées, payées, avant un délai maximum de six mois", a affirmé Annick Girardin à la sortie de la réunion. 

Le plan d’aide se résume pour l'instant aux arrêts temporaires [navires amarrés en échange d'une aide financière pour éviter la surexploitation des eaux] et à l'aide sur la perte de chiffre d'affaires. On va voir ce qu'il en retourne prochainement.

Etienne Dachicourt, directeur de la coopérative maritime étaploise

"Ça va permettre de tenir la tête hors de l'eau"

Bien que plutôt satisfaits, certains pêcheurs interrogés restent sur la réserve. "Ces 100 millions, c'est mieux que rien, ça va permettre de tenir la tête hors de l'eau, explique Olivier Leprêtre, président du comité de pêche des Hauts-de-France. On ne peut pas dire que c'est la panacée, on ne peut pas vivre de perfusions. Mais sans ça, on coule à vitesse grand V". 

Il reconnaît toutefois la présence et le soutien de l'Etat dans cette période difficile, marquée aussi bien par le Brexit que par le Covid. "On n'a pas à se plaindre, le gouvernement est derrière nous, il nous épaule beaucoup." Mais pour Christian Dubois, fileyeur à Boulogne-sur-Mer, ce sont surtout "les grosses unités qui ont un grand capital qui peuvent être satisfaites", car pour des personnes comme lui, "on n'aura presque rien, et ces aides n'auront pas d'impact. Mais sur un chiffre d'affaires, ça aide un peu". 

On n'a pas à se plaindre, le gouvernement est derrière nous, il nous épaule beaucoup.

Christian Dubois, fileyeur à Boulogne-sur-Mer.

En somme, ce qui intéresserait davantage certains pêcheurs, comme Christian Dubois, c'est de "pouvoir travailler" et de ne pas être mis en arrêt temporaire, c'est-à-dire d'aider financièrement un navire amarré à quai. "Il faut arrêter de jeter le problème à la mer avec les aides européennes, ça démotive tout le monde de ne pas travailler". 

D'autres cartes sont sur la table pour tenter de limiter la casse. Parmi elles, on retrouve le plan de sortie de flotte, c'est-à-dire le fait de retirer des bateaux des eaux en échange d'une indemnité "pour soulager la flotte". Il pourrait être mis en avant par l'Etat, selon Etienne Dachicourt, comme cela a été le cas en Occitanie dans le cadre d'un plan de sauvegarde de la pêche.

Autre point important : les licences

Les pêcheurs soulignent aussi un autre problème : celui des licences. Annick Girardin et Clément Beaune ont promis aux pêcheurs que les licences pour la zone des 6-12 milles britanniques arriveraient très prochainement. En effet, depuis la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne il faut en détenir une pour accéder aux eaux britanniques.

"Ça permet de pêcher un peu dans les eaux françaises et un peu dans les eaux britanniques", poursuit Oliver Leprêtre. Mais depuis le 1er janvier, dans les Hauts-de-France, "seulement 23 navires en ont reçu une".

À peu près 100 navires dans la région ont besoin d'une licence, on en a reçu 23 seulement et on nous annonce 21 licences supplémentaires.

Olivier Leprêtre

"À peu près 100 navires dans la région ont besoin d'une licence, on en a reçu 23 seulement et on nous annonce 21 licences supplémentaires, détaille-t-il. Mais on n'a aucune visibilité, on ne sait pas si ces licences concerneront uniquement les Hauts-de-France, ça va être du cas par cas". La seule façon pour les pêcheurs et les entreprises d'être tenus au courant des avancées de chaque dossier et chaque licence attribuée, c'est d'accéder au site internet UKSIA. Il n'y a cependant aucune indication précise ni délai pour l'attribution desdites licences. 

En attendant, de nombreux bateaux européens viennent sur les eaux territoriales françaises, "avec notamment des bateaux hollandais beaucoup plus grand que les nôtres, ça a été dénoncé plusieurs fois", affirme Christian Dubois qui rappelle que les eaux territoriales françaises ne sont pas assez grandes pour tout le monde et que les ressources ne sont pas illimitées.

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