Vous l'aurez souvent remarqué à l'entrée d'une ville ou d'un village, ce fameux petit panneau jaune "Villes ou Villages Fleuris". Cela fait soixante ans que ce label national récompense les communes pour l'embellissement de leurs parcs et jardins publics mais depuis plusieurs années, fleurir sa commune à tout-va ne suffit plus, changement climatique oblige
Fini les géraniums et plantes d'autrefois. Les modes changent et elles ne sont pas qu'esthétiques. Un jardinier des services communaux (et pas seulement) doit penser aujourd'hui à ce qui est bon pour la planète : pour consommer moins d'eau, rafraîchir et préserver des zones humides.
Aujourd'hui, le vieux label "Ville fleurie" doit donc se mettre à la page et il récompense désormais plus largement, les villes et les villages qui innovent dans le développement durable avec les îlots de fraîcheur en ville, l'arrosage maîtrisé, la protection de la biodiversité dans les choix d'essences locales, etc.
Les plantations sont en cours dans toutes les commune pendant ce beau mois de mai. Seulement, il faut réfléchir maintenant sérieusement avant de se lancer.
Boulogne-sur-Mer, fleur d'or
Dans les Hauts-de-France, 341 communes ont été labellisées "Villes et Villages Fleuries" en 2021. Et ce que la "Palme d'Or" vaut pour Cannes, c'est Boulogne-sur-Mer, une autre ville côtière qui a obtenu pour la première fois la "Fleur d'Or" en 2021.
Une fierté pour Ghislain Milhamont, l'un des responsables parcs et jardins de la ville qui nous explique comment Boulogne-sur-Mer a dû s'adapter aux nouvelles exigences environnementales avec comme préoccupation première, la maîtrise de l'eau. "Depuis plusieurs années nous ne fleurissons plus la ville comme on le faisait dans le temps avec des massifs partout, il fallait souvent arroser des plantes et des fleurs gourmandes en eau", explique le chef jardinier de la ville.
En ce moment c'est la course, onze jardiniers doivent planter des centaines de plantes et fleurs dans toute la ville avec un cahier des charges très strict.
Ghislain Milhamont, l'un des responsables parcs et jardins de la ville de Boulogne-sur-Merà France3 Hauts-de-France
"C'est le rush, les journées sont longues et courtes la fois, nous devons planter des massifs un peu près partout et même si nous en plantons beaucoup moins qu'avant, c'est un travail énorme pour que nos plants fleurissent toute la saison. De plus nous produisons nos propres plants dans une serre, avec des systèmes de semences et rempotages automatisés, car ça coûte de plus en plus cher d'acheter en pépinières", et Guislain ajoute fièrement que tous les plants sont sans produits phytosanitaires.
Des graminées et des vivaces pour économiser l'eau
L'eau potable est au cœur des préoccupations de la ville de Boulogne-sur-Mer. Elle a donc choisi de planter moins de fleurs et plus de plantes vertes. Certes pour le décorum c'est moins spectaculaire mais c'est un choix assumé explique le responsable des plantations.
Ce temps est révolu, dans une même rue il pouvait y avoir 26 vasques et l'eau coulait sur la route, idem pour les jardinières et les suspensions, c'était vraiment du gaspillage
Guislain Milhamont, jardinier à la ville de Boulogne-sur-Mer
"Des plantes vivaces, des graminées comme les campaniles, des verveines, des sauges, des iris, surtout des plantes qui ne demandent pas trop d'eau, c'est moins coloré mais ça plait beaucoup aux habitants", explique Guislain. Et le jardinier ajoute que la ville a réduit considérablement énormes vasques fleuries, il n'y en a plus que 19 sur les 50 que possédait la ville.
"Ce temps est révolu, dans une même rue il pouvait y avoir 26 vasques et l'eau coulait sur la route, idem pour les jardinières et les suspensions, c'était vraiment du gaspillage", raconte Guislain, soulagé de le plus en avoir autant.
La technologie au service des plantes
Aujourd'hui, ils ne sont plus que deux jardiniers à arroser les plantes tous les matins entre 6h00 et 9h00 et ça, grâce à la technologie. La ville de Boulogne-sur-Mer a investi dans des systèmes d'arrosages intégrés et automatisés. Le système ne fournit juste que ce qui est nécessaire à la plante.
Elle mène aussi une politique plus écologique concernant les pelouses. "Terminé l'arrosage des pelouses et même si certains riverains râlent un peu parce que l'herbe est brûlée et que certaines mauvaises herbes poussent à droite par-ci et par-là, nous assumons nos choix", explique, un peu agacé, le jardinier de la ville.
"Obtenir 4 fleurs tous les ans depuis 1999 et une "Fleur d'Or" aujourd'hui, on en est fier, c'est le travail des 40 employés des espaces verts de notre ville et au-delà du prix de l'eau, il y a le prix moral, nous ne pouvons plus revenir en arrière mêle si nous avons la chance d'avoir l'immensité de la mer en face de nous, l'eau est trop précieuse", ajoute ému Guislain le jardinier.