Une institution française renouvelant son stock de smartphones a légué 55 000 d'entre-eux aux Ateliers du Bocage, une association liée à Emmaüs, qui a trié les smartphones et a pu en sauver 28 000 qui ont été reconditionnés, dans un laps de temps rapide, et remis en vente environ 70 euros l'unité, sur le principe du café suspendu. Pour un acheté, un autre est donné à une personne vulnérable ou qui en a besoin. Dans ce cadre, 500 smartphones seront donnés mardi 26 septembre à l'Auberge des migrants, à Calais.
Connaissez-vous le principe du café suspendu ? C'est simple, dans certains bars, il est possible de prendre soin de son prochain en lui offrant, à l'avance, un café. Lorsque l'on boit un verre ou un café, on peut décider de commander un café suspendu, c'est-à-dire d'en payer un autre qui sera offert plus tard à quelqu'un qui n'a pas de quoi le payer. Une initiative citoyenne et solidaire qui viendrait d'Italie.
Parfois, celui qui gère l'établissement peut faire aussi offrir des cafés. C'est un peu dans ce cas de figure que Nicolas Lebeau, directeur général des Ateliers du Bocage - dont l'enseigne s'est vue offrir 55 000 téléphones portables l'année dernière par une institution qui veut rester anonyme - a décidé, une fois un premier tri effectué, d'organiser la même opération pour les 28 000 téléphones qui pouvaient être reconditionnés et revendus.
Suivant les principes de l'économie circulaire et du café suspendu, il a donc imaginé avec son équipe l'opération "smartphone suspendu". Ainsi, un reconditionnement rapide des smartphones s'est mis en place pour éviter l'obsolescence des appareils. Vendus environ 70 euros l'unité, 14 000 smartphones sont partis comme des petits pains, via internet, en France, en Afrique, en Allemagne, en Europe du Nord.
Prix défiant toute concurrence ? Ou goût pour l'opération "smartphone suspendu" et l'achat utile ? En tout cas, les Ateliers du Bocage, désormais, distribuent maintenant les smartphones gratuits, comme promis. C'est dans ce cadre que l'Auberge des migrants va se voir donner 500 smartphones mardi 26 septembre en début d'après-midi.
"Cette opération a été d'autant plus intéressante que le reconditionnement des portables a permis de donner du travail à 7 personnes pendant 8 mois dans notre atelier des Deux-Sèvres", explique Nicolas Lebeau qui précise ne pas vouloir faire de politique et être intéressé par "la dimension humaine, humanitaire", du don à Calais.
Quelqu'un se blesse en tombant d'un camion, il peut appeler les secours. Ou appeler les garde-côtes, en mer. Ou même, ne serait-ce que se repérer quand on arrive à Calais
William Feuillard, à propos de la nécessité des smartphones pour les réfugiés
William Feuillard est membre de l'Auberge des Migrants à Calais. Pour lui, même si la jungle de Calais était un bidonville, elle avait tout de même un intérêt, faciliter le travail des associations. "La politique actuelle, c'est empêcher, éclater, atomiser les regroupements. Du coup, ces téléphones portables vont aider les personnes exilées et les associations à travailler ensemble. Je prends un exemple, le Refugee women's center qui fait un suivi sociomédical des femmes et de leurs familles n'a pas toujours de suivi dans ses dossiers parce que les réfugiées n'ont pas de téléphone. Autre exemple, quelqu'un se blesse en tombant d'un camion, il peut appeler les secours. Ou appeler les garde-côtes, en mer. Ou même, ne serait-ce que se repérer quand on arrive à Calais, car le turn-over est important".
La réception des téléphones se fera mardi 26 septembre à la mi-journée à l'entrepôt de l'Auberge des Migrants à Calais. Quant à la distribution des téléphones aux personnes exilées, elle s'organisera ensuite.