Lundi, la direction du site calésien de l'entreprise de fibre optique a annoncé à ses employés un plan social pour février 2024. Depuis quatre jours, les salariés abattus préparent une marche blanche pour défendre leurs emplois. Ils défileront à Calais samedi.
"C'est un drame." Lundi 20 novembre, les employés de l'usine de fibre optique Prysmian-Draka ont appris lors d'un comité social et économique (CSE) que le site calaisien allait mettre la clef sous la porte en février 2024. Salarié de Prysmian depuis 27 ans, le délégué CGT Grégory Agneray partage sa surprise : "Nous nous attendions à une mauvaise nouvelle, mais nous n'étions pas préparés à une annonce aussi sèche. Le déploiement de la fibre optique arrive à son terme en France, mais ce n'est pas le cas en Allemagne ou au Royaume-Uni." Présent dans une cinquantaine de pays, le groupe Prysmian accuse une baisse d'activité de 20% en 2022. Sur le site de Calais, 82 emplois sont menacés par ce plan social.
L'usine à l'arrêt depuis quatre jours
"Pour la majorité des salariés, cette usine c'est toute leur vie, raconte Hervé Péron, délégué syndical central de la CFDT, chez Prysmian depuis 32 ans. Nous avons vécu toutes les transformations des machines et des produits réalisés." Passé le choc de cette annonce, l'inquiétude monte chez les employés de l'usine calaisienne. "On pense aux familles, juste avant les fêtes de Noël c'est un choc." À ce stade, la direction du groupe propose aux salariés un reclassement en interne, sur d'autres sites français. "La moyenne d'âge des personnes concernées est de 53 ans, explique Grégory Agneray. Aller refaire sa vie dans une autre région, à cet âge, c'est très compliqué."
Depuis l'annonce du CSE, l'usine est à l'arrêt et les salariés accusent le coup tant bien que mal. "Au bout de quatre jours, les gens craquent, certains se mettent à pleurer", poursuit Hervé Péron. Ce samedi 25 novembre, les employés du site calaisien organisent une marche blanche pour défendre leurs intérêts. Le cortège partira à 14h30 de l'usine Prymian, avant de se diriger vers le théâtre et la mairie de Calais. "On veut que les gens voient comment se déroule un plan social, attirer l'attention d'un maximum de personnes. On ne va rien laisser passer."
"On ne veut pas disparaître dans l'oubli général"
Stéphane Ducroq, avocat des salariés de Prysmian envisage deux axes pour le bras de fer qui s'annonce. "Il faut d'abord voir si un projet de reprise de l'usine est envisageable. Autrement, il faudra proposer un plan de sauvegarde de l'emploi qui offre des conditions de réinsertion dignes à tous les salariés concernés."
Surprise par la fermeture de Prysmian-Draka à #Calais. Une solution collective aurait pu être trouvée. C'est une injustice pour nos emplois et notre #industrie. J'exhorte tous les acteurs à agir. Calais vaut autant que Dunkerque. Nous nous battrons pour l'avenir de notre région. pic.twitter.com/yzjP7G8JtB
— Natacha BOUCHART (@NatachaBouchart) November 20, 2023
Sur Twitter, la maire de Calais Natacha Bouchart, qui a annoncé mercredi qu’elle quittait ses fonctions au conseil régional, s’est dite “surprise par la fermeture de Prysmian-Draka”. “Une solution collective aurait pu être trouvée. C’est une injustice pour nos emplois et notre industrie. J’exhorte tous les acteurs à agir. Calais vaut autant que Dunkerque. Nous nous battrons pour l'avenir de notre région.” "Heureusement que les politiques s'intéressent à la situation, ajoute Hervé Péron, délégué CFDT. Il y a tellement d'usines qui ont déjà mis la clef sous la porte à Calais, encore une ! On ne veut pas disparaître dans l'oubli général."