Depuis ce mardi, la scène nationale Le Channel à Calais est occupée par les intermittents du spectacle. Privés de scène depuis près d'un an, ils ont rejoint le mouvement d'occupation des lieux de spectacle lancé à Paris début mars pour faire entendre leurs revendications.
Des banderolles "Occupé" flottent sur la façade de la scène nationale Le Channel à Calais. Depuis mardi 16 octobre, une trentaine d'intermittents du spectacle a investi le site. Un mouvement pour protester contre la fermeture des lieux culturels, le manque de considération porté par le gouvernement pour la culture et la prochaine réforme de l'assurance chômage.
A ce jour, près de 80 lieux de spectacle sont ainsi occupés dans toute la France, à l'appel du mouvement lancé à Paris par le théâtre de l'Odéon.
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— Occupation Odéon (@OccupationOdeon) March 11, 2021
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Occupation pacifique
"C'est une occupation pacifique", précise Benjamin, régisseur lumière. "On veut expliquer ce qui se passe dans la culture, mais c'est compliqué vu qu'on n'a pas le droit de se rassembler. Cela fait un an qu'on a fermé les lieux d'échange et de rencontre. On veut parler du monde d'après mais ce n'est pas limité au monde de la culture : tout le monde est bienvenu, car tout le monde est concerné."
"No culture, no future !"
Alors tous les jours depuis mardi dernier, il retrouve, dans les locaux du Channel, des collègues dans la même situation que lui : des artistes, des techniciens qui ne peuvent plus travailler, qui aimeraient voir prolongé le principe de l'année blanche et qui souhaitent un plan de financement massif dans le secteur culturel. "Il faut que notre ministre nous reçoive enfin !" réclame Benjamin.
Loup Blaster, artiste indépendante audiovisuelle renchérit : " Il n'y a plus de vie nulle part, c'est comme si la seule chose qui importait désormais était le travail. Il n'y a plus de lien social. On a l'impression qu'on n'existe pas. Alors on fait le choix de se retrouver, tout en respectant les gestes barrières et on donne de la voix à toutes les personnes qui souffrent de cette situation."
Car le mouvement veut mobiliser au-delà de la culture, c'est pourquoi les revendications portent également sur les réformes de l'assurance chômage. "De nombreuses personnes risquent de se retrouver très vite dans la précarité", insiste Benjamin.
Empathie avec le mouvement
La direction du Channel est en empathie avec le mouvement initié par les intermittents. "Il est en cohérence avec l'esprit de l'établissement qui est un lieu de vie, d'échanges" précise Léna Pasqualini, directrice-adjointe du Channel. Mais elle nuance sur le point de la réouverture des lieux culturels : "Nous ne voulons pas une réouverture à tout prix. Si c'est pour avoir le dixième de notre jauge de public, cela n'a plus de sens : on ne veut pas troquer la convivialité de ce lieu contre des conditions coercitives."
Malgré son occupation, le Channel continue d'accueillir des compagnies en résidence.
Quant au mouvement "Occupation le Channel", il appelle à se joindre dimanche après-midi à Calais à la marche pour le climat.