Loan Torondel va faire appel de la décision.
Un militant des droits des réfugiés a été reconnu coupable de diffamation, ce mardi 25 septembre, par le parquet de Boulogne-sur-Mer qui avait été saisi à la suite de la publication d'un tweet tournant les CRS en dérision sur son compte. Il lui était notamment reproché de ne pas avoir flouté le visage des policiers photographiés à leur insu.
Scandaleux: @LoanTorondel reconnu coupable de diffamation pour ne pas avoir flouté les visages de policiers. Avec une telle decision, rendre publics des abus policiers sera désormais très difficile pour les défenseurs des droits humains. @amnestyfrance https://t.co/3UJpDvWbd6
— Nicolas Krameyer (@NicolasKrameyer) 25 septembre 2018
Le tweet de la discorde date du 1er janvier 2018. Le militant, alors membre de l'Auberge des Migrants, publie une photo de deux CRS debout devant un migrant assis sur un sac de couchage. Décrivant : "(Policier prenant la couverture d'un migrant)", il leur invente un dialogue fictif : "Mais il fait 2° ! / Peut-être, mais nous sommes la Nation française monsieur".
Un pied de nez au discours d'Emmanuel Macron, qui la veille pendant ses vœux de fin d'année avait dit, pour surmonter les difficultés que rencontrait le peuple : "N'oubliez jamais, nous sommes la nation française". Une phrase rapidement tournée en dérision notamment par ce militant, qui dénonce également le traitement réservé aux migrants en pleine période de froid.
« N’oubliez jamais, nous sommes la nation française. » @EmmanuelMacron #VoeuxMacron pic.twitter.com/tYHOkw2Cra
— En Marche (@enmarchefr) 31 décembre 2017
Il n'est pas interdit de photographier des policiers
"En France, il est légal de photographier les interventions d’agents de police" rappelle Amnesty International dans un communiqué. "L’engagement de poursuites en diffamation pour la simple publication d’un tweet peut avoir un effet glaçant et dissuader les bénévoles de faire état sur le terrain de potentiels comportements abusifs."
L'histoire de Loan Torondel est emblématique des pressions auxquelles font face les défenseurs des droits humains en France
L'ONG était présente au procès, ce mardi matin, par le biais du responsable du programme Libertés d'Amnesty International France, Nicolas Krameyer. Celui-ci, écrit notamment sur Twitter que "l'histoire de Loan Torondel est emblématique des pressions auxquelles font face les défenseurs des droits humains en France, notamment lorsqu'il s'agit de solidarité avec les réfugiés et migrants.
Loan Torondel envisage de faire appel.
Après des mois d'attente et de mobilisation, @LoanTorondel a été reconnu coupable de diffamation contre un policier à Calais suite à un tweet humoristique dénonçant les violences policières. Un dangereux précédent dont il fera appel. pic.twitter.com/0JQVZbHAkE
— Margot Bernard (@MargotBernardSP) 25 septembre 2018