Si le directeur P&O Calais a assuré à ses salariés qu'à l'instant T, aucun licenciement n'était prévu en France, l'inquiétude demeure parmi les 246 salariés calaisiens de la compagnie transmanche.
La compagnie maritime P&O Ferries va licencier environ 1.100 personnes dans le cadre d'un plan visant à rendre l'entreprise "viable et durable" face à la crise déclenchée par le nouveau coronavirus, a déclaré lundi 11 mai la compagnie. "Depuis le début de la crise, P&O Ferries a travaillé pour faire face à l'impact de la perte d'activité, (mais) il est désormais clair que nous devons réduire nos effectifs pour créer un nouveau P&O Ferries viable et durable, qui pourra survivre au Covid-19", a déclaré un porte-parole de la compagnie basée à Douvres.
"Nous entamons une procédure qui propose de licencier environ 1.100 de nos collègues", a-t-il ajouté, soit plus d'un quart de la masse salariale de la compagnie maritime qui assure principalement les liaisons entre le Royaume-Uni et le nord de l'Europe (France, Belgique, Pays-Bas).
"Le virus est une excuse pour licencier"
Avant la pandémie, ses navires transportaient chaque année quelque 8,4 millions de passagers lors de 27.000 traversées de la Manche, de la mer du Nord ou de la mer d'Irlande. "C'est une nouvelle épouvantable et une effroyable trahison envers le personnel de P&O", a jugé Mick Cash, secrétaire général du syndicat RMT couvrant le secteur des transports, qui dénonce un "coup bas contre les marins de P&O qui ont maintenu des lignes d'approvisionnement clés vers le Royaume-Uni pendant la pandémie de Covid-19".
"Pas de licenciements en France à l'instant T"
A Calais, 246 personnes travaillent pour P&O dont 18 marins et 228 sédentaires qui officient à l'accueil, à la vente de billet, pour le fret ou pour les touristes et qui affrètent les navires. En temps normal, avant le Coronavirus, P&O Calais c'était cinq navires avec des départs tous les trois quarts d'heure pour Douvres et un service 7j/7 et 24h/24.
"Avec la crise du Coronavirus P&O est passé à trois bateaux entre Calais et Douvres. La rumeur, c'est qu'on continue à trois ferries, les collègues sont inquiets et pensent que le virus est une excuse pour licencier. Mais nous n'avons aucun document, aucune réunion n'est prévue. Notre directeur de Calais nous a juste assuré qu'il n'y aurait aucun licenciement en France à l'instant T.", explique Thorisson Thorir, délégué syndical CFDT.
"30 millions d'euros de pertes"
Pour Jean-Marc Puissesseau, Pdg des Ports de Boulogne-Calais, l'impact du Coronavirus est très important : "On est sur des prévisions de 30 millions d'euros de pertes pour 2020 (soit près d'un tiers du C.A. des Ports de Boulogne-Calais). Il faut savoir que P&O a un trafic passagers réduit à néant. Tous les autocars des jeunes pour leurs séjours de fin d'année scolaire ont été annulés.
On a perdu Pâques, les ponts du mois de mai, maintenant le confinement est prolongé en Grande-Bretagne. On perd des dizaines de milliers d'autocars et quelques millions de passagers. Il n'y a plus que quelques camions qui passent. L'impact est réel et très important, je ne crois pas que le virus soit une excuse. Je pense qu'après le chômage partiel, la compagnie se verra obligée de licencier"
P&O Calais
- Environ 6 millions de passagers entre Calais et Douvres par an
- 246 salariés dont 228 sédentaires et 18 marins
- 6 navires dont le plus souvent 5 en activité avant la crise du Coronavirus
- Départs de Calais tous les 3/4 d'heure en journée en temps normal
- Concurrents : le tunnel et les ferries DFDS