Trois semaines après le décès de 27 personnes qui ont tenté de traverser la Manche, 26 victimes ont été identifiées. Les obsèques de quatre défunts afghans auront lieu ce jeudi 16 décembre, avant qu’ils soient rapatriés auprès de leurs proches.
"On m’appelait sans cesse en me disant 'je pense que mon frère ou mon cousin était dans le naufrage'." Quelques jours après le 24 novembre 2021, date à laquelle 27 personnes sont mortes noyées au large de Calais, Jan Kakar, président d’une association afghane à Paris, se rend devant l’Institut de médecine légale de Lille. Objectif : apporter des réponses à de nombreuses familles inquiètes.
Trois semaines après, 26 des 27 victimes ont été « formellement identifiées », a annoncé le parquet de Paris dans un communiqué.
Des obsèques à la mosquée de Lille
Parmi elles : quatre défunts afghans, âgés de 24 à 40 ans. Jan Kakar se mobilise pour que leur rapatriement en Afghanistan soit effectué le plus rapidement possible.
Leurs proches ne veulent pas qu’ils soient enterrés ici.
Jan KakarPrésident d'une association
Actes de décès, certificat de rapatriement, autorisation de transit par le Pakistan… Autant de documents à obtenir avant vendredi 17 décembre, date à laquelle les défunts devraient quitter Paris pour Islamabad.
Samad Akrach, de l’association Tahara, se charge quant à lui d’organiser les obsèques. Celles-ci auront lieu ce jeudi 16 décembre, à 12h40, à la mosquée Al Imane de Lille. "Chaque humain mérite d’être enterré dignement et de retrouver sa famille."
Une famille du Kurdistan irakien
Parmi les défunts, il y aurait également Kazhall Ahmad, 46 ans. Ses 3 enfants l’accompagnaient. Quelques jours avant leur tentative de traversée de la Manche, Abdul Saboor, photojournaliste et réfugié afghan, est convaincu de les avoir rencontrés à Grande-Synthe.
La mère était très fatiguée et très triste. Elle m’a dit qu’elle savait que c’était dangereux mais qu’ils n’avaient pas le choix.
Abdul SaboorPhotojournaliste
Aux côtés de Kazhall Ahmad ce jour-là, son fils. "Il m’a demandé s’il faisait aussi froid en Angleterre que dans le Nord de la France. Il m’a aussi dit qu’il souhaitait devenir coiffeur", se souvient le photojournaliste. Il ajoute une anecdote : "le fils m’a proposé de partager des chips, alors que cela faisait plusieurs jours qu’il n’avait lui-même pas mangé."
27 permis d’inhumer délivrés
Ce lundi 13 décembre, une commission d’identification des victimes s’est tenue. 16 personnes étaient originaires du Kurdistan Irakien, annonce le parquet de Paris : "Quatre femmes âgées de 22 à 46 ans, un adolescent de 16 ans, une enfant de 7 ans et dix hommes âgés de 19 à 37 ans".
Parmi les 26 victimes identifiées figurent également "un homme kurde d'Iran de 23 ans", "trois éthiopiens, dont deux femmes de 22 et 25 ans et un homme de 46 ans, une femme somalienne de 33 ans, quatre hommes afghans âgés de 24 à 40 ans et un homme égyptien de 20 ans."
Ces recherches ont été effectuées par l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN) et le service de médecine légale du Centre hospitalier universitaire de Lille. Le "Groupe Décès", composé de "membres individuels, de membres de Médecins du Monde (MdM), d’Utopia 56, du Secours Catholique et de Solidarity Border", s’est également efforcé de faire le lien entre les autorités administratives et les proches des personnes décédées.
Le parquet de Paris a délivré 27 permis d’inhumer, dont un "sous X pour la seule personne non identifiée à ce jour". Selon le ministre de l’Intérieur, l’Etat prendra en charge l’inhumation des victimes du naufrage mais pas le rapatriement des corps.