Plusieurs rixes se sont déroulées jeudi soir à Calais, faisant une vingtaine de blessés, dont quatre entre la vie et la mort. Que s'est-il passé exactement ?
15h : première rixe après une distribution de repas
Les violences ont éclaté vers 15h, à la suite d'une distribution de repas, opposant des migrants de nationalité afghane et érythréenne. Quatre d'entre eux sont blessés par balles, dont deux qui ont été directement transportés à l'hôpital par des bénévoles d'associations.
Les violences se sont déroulées lors d'une rixe entre une "centaine de migrants armés de bâtons et de pierres" boulevard des Justes, près du centre hospitalier de la ville. A 16h15, cette rixe était terminée, selon la direction départementale de la sécurité publique (DDSP).
16h : des Afghans sont menacés par des hommes armés de bâtons
Vers 16h, une deuxième rixe a éclaté à environ 5 km de là, sur la commune de Marck, près du centre de logistique Transmarck. "Une centaine de migrants africains armés de bâtons ont voulu s'en prendre à une vingtaine d'Afghans", a indiqué le parquet.
"Les forces de police sont intervenues pour protéger les migrants de nationalité afghane pris à partie par 150 à 200 migrants de nationalité érythréenne", a précisé la préfecture. Ces violences interviennent alors qu'une opération anti-squat a été menée par la police jeudi matin.
18h30 : Gérard Collomb décide de se rendre sur place
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb annonce qu'il va se rendre à Calais suite aux rixes. "Après les graves incidents survenus aujourd'hui, je me rends dès ce soir à Calais pour un point de situation avec le préfet, la maire de la ville et les acteurs locaux", a tweeté le ministre de l'Intérieur. Il rencontrera également les forces de l'ordre et les secours.
Après les graves incidents survenus aujourd'hui, je me rends dès ce soir à Calais pour un point de situation avec le Préfet, la Maire de la ville et les acteurs locaux.
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) 1 février 2018
J’y rencontrerai nos forces de sécurité & secours mobilisées dans ces conditions particulièrement difficiles.
19h : le bilan s'alourdit
Le bilan s'alourdit dans la soirée et passe à 13 blessés dont quatre, atteints par balle, entre la vie et la mort, indique le parquet de Boulogne-sur-Mer. "Le pronostic vital des quatre blessés par balle est engagé", a indiqué le parquet, précisant que six autres migrants ont été blessés par des "coups de barre de fer" lors d'une nouvelle rixe en fin d'après-midi.
Trois autre migrants avaient été blessés lors d'une première rixe en début d'après-midi.
19h30 : un Afghan se fait percuter par une voiture sur l'A16
Alors qu'il tente de fuir un groupe qui veut s'en prendre à lui, un migrant de nationalité afghane traverse l'autoroute A16 en courant et se fait percuter par une voiture au niveau de l'échangeur 47. L'automobiliste s'arrête immédiatement pour lui porter secours, relayé ensuite par des CRS.
La victime souffre d'une fracture ouverte au tibia. Il est transporté au Centre hospitalier de Calais où il devrait être opéré ce vendredi ?
22h30 : la Préfecture indique que d'autres ont été blessés à l'arme blanche
Au total, cinq migrants ont été blessés par balle : quatre étaient en "urgence absolue" et devaient être opérés au centre hospitalier de Calais, le cinquième a été dirigé vers le CHRU de Lille en raison de son état "très sérieux", selon la préfecture. Douze autres souffraient de nombreux traumatismes et blessures diverses provoqués pour certains par des armes blanches, d'après la même source, et un dernier a été renversé sur un axe routier.
Il s'agit du bilan le plus lourd depuis le 1er juillet 2017 lorsque des bagarres inter-ethniques avaient fait 16 blessés, dont un grave. Un an plus tôt, le 26 juin 2016, d'autres rixes avaient fait 40 blessés, dont aucun n'avait été atteint gravement.
23h30 : Gérard Collomb arrive sur place
Gérard Collomb arrive au commissariat de Calais vers 23h30. Calais a vécu "un degré de violence jamais connu", déclare-t-il, déplorant des événements "exceptionnellement graves".
"Ce que vivent les habitants de Calais est insupportable", a-t-il ajouté. Selon le dernier bilan des pompiers, 22 migrants ont été blessés. Cinq ont été touchés par balle, dont quatre étaient en urgence absolue, selon la préfecture.
"Aujourd'hui la loi du plus fort, elle se fait avec des armes à feux (...) Il faut que partout force reste à la loi", a rappelé M. Collomb, qui devait passer la nuit à Calais où il devait rencontrer les forces de l'ordre déployées sur le terrain. Deux policiers sont également légèrement blessés, selon la préfecture.
J’arrive au commissariat de Calais pour soutenir nos forces de Police et de @Gendarmerie qui œuvrent dans un contexte particulièrement délicat.
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) 1 février 2018
Ici, elles assurent la sécurité de tous. Y compris des migrants qu’elles protègent lorsque de violentes rixes surviennent. pic.twitter.com/yJZD7LfvmN
Interrogé sur les conditions de vie des migrants qui vivent dehors à Calais, le ministre a répondu : "Chacun est accueilli. Ceux qui sont ici veulent rester comme des clandestins, ce n'est pas possible".
Et ce matin ?
Ce matin le Parquet de Boulogne-sur-Mer indique qu'aucune interpellation n'a eu lieu. Des groupes armés de bâtons ont circulé dans Calais jusqu'à environ 23h30; ce matin, la situation est revenue au calme.
La police recherche un ressortissant afghan qui aurait été particulièrement impliqué. Cet homme, âgé de 37 ans, est suspecté d'être l'auteur de coups de feu sur des Erythréens tout près de l'hôpital de Calais où avait lieu une distribution de repas vers 15h30, a indiqué une source proche du dossier.
Les distributions de repas seront encadrées par un dispositif de sécurité, a indiqué la Préfecture. "Dans les quinze prochains jours, nous serons capables de prendre en charge la distribution des repas", comme l'avait annoncé le président Emmanuel Macron lors de sa visite sur place le 16 janvier, a déclaré Gérard Collomb aux journalistes. Il a "fait appel au bon sens des associations: il ne peut y avoir d'organisation sauvage" des distributions de nourriture.