Le procès de neuf Afghans, soupçonnés d'avoir été impliqués dans un réseau de passeurs mettant à l'eau des bateaux pneumatiques depuis le Pas-de-Calais vers la Grande-Bretagne, s'est ouvert mardi au palais de justice de Paris.
Ils sont âgés de 21 à 39 ans. Neuf Afghans comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris depuis mardi pour avoir tenté d'acheminer 53 exilés, principalement Vietnamiens et Afghans, du Pas-de-Calais vers la Grande-Bretagne, lors de quatre mises à l'eau en janvier, février et mars 2021.
L'enquête a commencé fin novembre 2020, lorsque l'unité franco-britannique de renseignement opérationnel (URO), détecte une trentaine d'allers-retours de l'un des prévenus entre la France et l’Angleterre. Pendant plusieurs mois, les enquêteurs de l'Office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi d'étrangers sans titre (Ocriest) vont alors procéder à des écoutes téléphoniques, des exploitations bancaires et des surveillances.
Des bateaux gonflables achetés sur Leboncoin
Certains des prévenus sont notamment accusés d'avoir acheté des bateaux gonflables sur Leboncoin ou dans des magasins spécialisés, ainsi que des gilets de sauvetage. Ils auraient ensuite réalisé des voyages depuis la région parisienne pour aller enterrer ce matériel dans le sable, en particulier sur la plage des Dunes de la Slack, à Wimereux (Pas-de-Calais).
Dans les écoutes, le terme de "game" est utilisé pour parler des tentatives de traversées de la Manche, ce qu'a confirmé en garde à vue l'un des prévenus, absent du procès. Ce dernier a aussi décrit le fonctionnement d'un départ auquel il avait assisté : l'un des passagers, désigné comme capitaine, pouvait voyager gratuitement. Un autre, qui donnait la direction du bateau à l'aide d'un GPS maritime, payait la moitié du prix.
Une traversée estimée entre 1.500 et 4.000 euros
Selon l'accusation, pour monter à bord, chaque migrant devait verser entre 1.500 et 4.000 euros. Si l'on tient compte de ces estimations, les passeurs auraient donc récolté entre 68.000 à 180.000 euros au total sur les 4 mises à l'eau. Certaines traversées se soldent pourtant par un échec : après les quatre mises à l'eau dont il est question dans le procès, tous les passagers ont été secourus, soit dans les eaux françaises, soit anglaises.
Sur les neuf prévenus, quatre sont considérés par l'accusation comme ayant joué les rôles les plus importants, d'organisation et de décision. Les cinq autres sont jugés pour une participation secondaire. Tous sont renvoyés devant le tribunal pour "aide au séjour irrégulier d'un étranger en France en bande organisée" et "association de malfaiteurs". Le procès se tient jusqu’au 20 avril.