Le Ministère de l'Intérieur a annoncé l'envoi ce mercredi d'un médiateur à Calais pour rencontrer deux militants associatifs et un prêtre en grève de la faim depuis dix sept jours pour protester contre le sort réservé aux migrants installés sur le littoral du Pas-de-Calais.
Depuis dix sept jours, Philippe Demeestère, un aumônier du Secours catholique pour le Pas-de-Calais, ainsi que deux militants associatifs (Anaïs Vogel et Ludovic Holbein), sont en grève de la faim dans l’église Saint-Pierre de Calais pour notamment réclamer l’arrêt des démantèlements des camps de migrants pendant la période hivernale.
Ce lundi, en visite à Montbrison dans la Loire, le président de la République Emmanuel Macron a été interpellé par une femme sur le sort de ces trois grévistes. Le président découvrait visiblement leur situation et a finalement assuré qu’il ferait le nécessaire en rentrant.
Mardi, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé l’envoi d’un médiateur à Calais, "Didier Leschi est envoyé par le ministère de l’Intérieur à Calais à partir de demain (mercredi) pour une mission de contact", a indiqué le ministère à l’AFP. Didier Leschi est le patron de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) et fut l’un des acteurs du démantèlement de la jungle il y a cinq ans.
Une rencontre cet après-midi
Le médiateur doit rencontrer les grévistes à 15h30."C'est bien qu'il y ait quelqu'un qui vienne. (...) J'espère qu'enfin on pourra parler de tout, de la réalité, de ce que les gens vivent, et pas à partir d'une figure de l'exilé, fantomatique, dans laquelle on loge toutes nos peurs, les intérêts électoraux, etc.", a réagi auprès de l'AFP le prêtre jésuite Philippe Demeestère.
Le prêtre reste cependant prudent sur cette opération du minisitère, "il faut savoir derrière cette démarche qui sert à montrer 'nous sommes ouverts au dialogue' quelle est vraiment la réponse qui peut être donnée", a-t-il confié dans la matinée au micro de Thomas Millot pour France 3 Hauts-de-France.
Une maltraitance des migrants dénoncée
Anaïs Vogel, Ludovic Holbein et Philippe Demeestère ont décidé d'entamer une grève de la faim au lendemain de la mort de Yasser, un jeune exilé mortellement écrasé par un camion. La police avait tout de même procédé à l'évacuation du camp où vivaient ses proches.
"On s'est sentis démunis. On voulait faire plus que les lettres, les pétitions, les manifestations, avait témoigné Ludovic Holbein auprès de notre journaliste. "Il y a eu une escalade de violence ces dernières semaines, physique et psychologique. On fait un démantèlement alors qu'un jeune est décédé dans les minutes qui précèdent, on empêche les distributions de nourriture. On ne demande rien d'extraordinaire : un peu de considération, quelque chose d'humain, plaide le militant de 38 ans. Et si on doit en passer par là pour être écoutés, passons-en par là."
A Grande-Synthe à Calais, l’organisation Human Rights Watch avait dénoncé dans un rapport paru le 7 octobre une humiliation et un harcèlement quotidiens organisés par l’Etat envers les réfugiés installés sur place. Près de 1500 migrants vivent actuellement dans des camps disséminés dans la ville, selon les associations.