"Certains disent que c'est le reflet de la société", quand les violences arbitrales s'installent dans le football amateur

Dimanche 25 février, la rencontre entre les clubs de football de Wingles et Annay dans le Pas-de-Calais s'est soldée par une bagarre. Pierrick Lemaire, l'arbitre du match, sera blessé au niveau des côtes. Ces violences envers le corps arbitral se répètent dans le football amateur, mais rien ne semble changer.

Dimanche 25 février, un match de football amateur opposant Wingles à Annay (62), deux clubs évoluant en Départemental 3, est arbitré par Pierrick Lemaire. À la fin de la rencontre, deux hommes s'en prennent physiquement à l'arbitre, alors qu'une bagarre générale éclate, il sera blessé au niveau des côtes.

Agressions, incivilités, les arbitres du sport amateur s'exposent régulièrement à la violence. Ils sont près de 215 000 à se relayer sur les terrains chaque week-end en France. Pourtant, ils s'exposent toujours plus aux violences. 85% d'entre eux sont notamment victimes de violence verbale.

Mais ces incivilités n'empêchent pas les jeunes arbitres de continuer à se former. Au Lycée Condorcet de Lens, la Section Sportive Football Arbitrage (SSFA) initie des jeunes entre 15 et 17 ans à la pratique de l'arbitrage. Sous la responsabilité de Nicolas Aimar, les jeunes de cette section passent près de 9 heures par semaine à apprendre le rôle d'arbitre, en parallèle de leurs études.

"Les coups, on essaie de les éviter"

Nicolas Aimar travaille avec une dizaine d'élèves répartis de la seconde à la terminale. En plus des règles du football, "on leur apprend la gestion de conflit, comment répondre aux situations conflictuelles sur un terrain, lorsque des joueurs s'en prennent entre eux, mais on ne les prépare pas à la violence, ce n'est pas le but de la formation" explique le responsable. Rien ne prépare aux coups.

Ce n'est pas pour autant que les apprentis arbitres ne sont pas formés pour réagir en cas de violence. Ces jeunes passionnés arbitrent des matchs de football amateur presque tous les week-ends. Avec la formation "on sait ce qu'on doit faire si on est victime de violence, quelque que soit le niveau, on sait les procédures qu'on doit mettre en place."

Si la violence peut revêtir plusieurs formes, "les coups on essaie de les éviter. Quand un joueur, un spectateur ou un dirigeant pète un câble, on ne peut pas l'anticiper". Et pourtant, Nicolas Aimar en est sûr, s'il demandait tous les lundis matin à ses élèves s'ils ont été insultés pendant leur match du week-end, la réponse serait positive.

"Un joueur victime d'une erreur d'arbitrage, il s'en remet. Un coup, ça ne s'oublie pas"

Le responsable de la section arbitrage se rappelle il y a deux ans, un de ses élèves victime d'une agression physique lors d'une finale de district. "Il a fallu plusieurs mois de travail derrière pour lui redonner confiance. Un joueur qui rate un pénalty ou victime d'une erreur d'arbitrage, il s'en remet. Un coup ça ne s'oublie pas."

Certains disent que c'est le reflet de la société. L'arbitre représente l'autorité, et il y a une certaine déviance envers les formes d'autorité, que cela soit à l'école, face à la police ou face au gouvernement

Nicolas Aimar

Responsable SSFA - Lycée Condorcet de Lens (62)

Le problème de l'arbitrage dans le football amateur, c'est la solitude. Bien que les arbitres amateurs puissent compter sur les instances, "lorsqu'on est seul sur un terrain le week-end c'est dur de se protéger individuellement" admet Nicolas Aimar, lui-même arbitre depuis une trentaine d'années. 

Les violences, il en est témoin depuis qu'il a démarré en tant qu'arbitre. Il remarque qu'avec les réseaux sociaux, ces agressions sont désormais connues du grand public. Mais, il n'arrive pas à expliquer la nature de ces dernières. "Certains disent que c'est le reflet de la société. L'arbitre représente l'autorité, et il y a une certaine déviance envers les formes d'autorité, que cela soit à l'école, face à la police ou face au gouvernement" explique-t-il.

Nicolas Aimar se veut tout de même rassurant. Ces violences sont très souvent le fait d'une ou deux personnes isolées. La majeure partie du temps, les matchs se passent bien.

Les clubs unis pour protéger les arbitres

L'agression de Pierrick Lemaire à Wingles a suscité une vague de soutien sur les réseaux sociaux. Les clubs du Pas-de-Calais ont été nombreux à ne pas laisser passer cet excès de violence.

Derrière ces publications, les clubs du département parlent d'une seule voix : il faut protéger et respecter les arbitres. "Le football n’est qu’un jeu et sans arbitre il n’y a pas de jeu... pas de passion" a souhaité rappeler le Stade Héninois Football sur ses réseaux sociaux.

Les deux individus responsables de l'agression de Pierrick Lemaire ont été placés en garde à vue.

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