Une passionnée d’histoire et de généalogie cherche à identifier cette jeune femme photographiée le 20 décembre 1917. Pouvez-vous l’aider ? La photographie provient des archives de l’Imperial War Museum, elle a été prise par David McLellan, photographe de guerre britannique travaillant pour le Daily Mirror et Daily Mail pendant la Première Guerre mondiale.
C’est une photographie d’un souvenir heureux : une jeune femme souriante se fait embrasser sur la joue par un soldat des "Machine Gun Corps" (MGC), régiment britannique de mitrailleurs. Le 20 décembre 1917, quelques jours avant Noël, il tient dans sa main une branche de gui. Une tradition anglaise de s’embrasser sous le gui. Les deux jeunes gens sont souriants, mais sous la photo, aucun nom, seule la date est indiquée.
On voit qu’il a beaucoup neigé cet hiver-là. La lumière est incroyable. Le soldat porte un manteau en peau de mouton. Elle, est habillée d’un long gilet tricoté. Elle a des cheveux courts et peut être 20 ans. Derrière eux un bâtiment qui ressemble à un corps de ferme.
Répertoriée dans les collections de l’Impérial War Muséum (IWM) sous le numéro 8354, cette photographie, d’une grande finesse, aurait été prise quelque part sur la route entre Hesdin et Saint-Pol-sur-Ternoise, il y a 107 ans !
C’est Patricia Davies, universitaire à la retraite, installée depuis 35 ans dans un petit village au sud d’Hesdin qui a réveillé ce cliché endormi dans les archives de la Grande Guerre. Née en Grande-Bretagne, passionnée de généalogie, elle fouille dans le passé depuis des années.
"J’effectue régulièrement des recherches à partir de photographies prises durant la Première Guerre mondiale. Je suis abonnée à de nombreux sites d’archives, car c'est plus facile de travailler avec les dossiers militaires des soldats, on y trouve beaucoup d’informations.
La région a été le territoire de grandes batailles et cette fois, je me suis intéressée aux photos de femmes durant la Première Guerre mondiale. Pour Hesdin, j’ai retrouvé une vingtaine de photos, essentiellement d'infirmières. Elles étaient nombreuses à travailler sur le terrain avec une grande expérience des conflits. Certaines après la guerre ont été médaillées. C’étaient des femmes incroyables, compétentes, disciplinées, travaillant depuis plus de 15 ans sur de nombreux conflits. Je pense à Emma Maud McCarthy, une Australienne venue en Angleterre pour se former comme infirmière dans l’armée. Elle est devenue infirmière en chef pour toute la France et la Belgique avec des milliers d’infirmières sous ses ordres !
Pour elles, sous leurs photos, il y avait parfois leur nom, mais pas pour les soldats. C’est grâce aux vêtements que je remonte des informations sur les soldats pris en photo. On y voit les insignes, les sacoches, les ceintures, les détails sont importants. Mais sur cette photo, la jeune femme inconnue n’est pas une infirmière, elle ne porte pas grand-chose d’autre qu’un long gilet tricoté avec des poches.
Prise par David McLellan, le titre de cette photographie indique « Soldat du corps de mitrailleuses portant un manteau en peau de mouton embrassant sous un brin de gui une fille française d’une ferme, près d’Hesdin ». Cette photo appartient désormais à l’armée, plus au photographe."
Patricia Davies lance un appel pour identifier la jeune femme de la photo, afin de la restituer à ses proches. "Elle pourrait être votre arrière-grand-mère, votre arrière-grand-tante, votre grande-cousine. Je voudrais connaître son histoire, que s’est-il passé après cette photo, est-elle restée en contact avec ce soldat ?"
Autant de questions sans réponse qui laisse Patricia frustrée : "J’ai déjà réussi à retrouver de la famille de soldats décédés ! Je pense à Francis L. Murphy. Il avait laissé la trace de son passage sur les murs du château de Fressin, avec un graffiti portant ses initiales FLM. Son régiment était cantonné à Aubin St Vaast il est passé à Fressin le 2 mai 1918. C’était un soldat de l’armée canadienne pas anglaise pas américaine. Je l’ai retrouvé parce qu'il était né à Boston.
J’ai retrouvé son dossier militaire dans l’armée canadienne puis j’ai consulté le journal de Guerre de son régiment, tenu jour par jour et j’ai pu retracer ses pas dans le Pas-de-Calais. Il est passé à Vimy, il avait été légèrement gazé à Ypres, en Belgique et il était venu quelques jours à Fressin pour se reposer. J’ai pu grâce aux documents des mariages et des naissances de sa famille remonter jusqu’à sa petite fille, Tricia Meier.
Une Américaine vivant à New York et qui n’avait jamais connu son grand-père et ne connaissait pas grand-chose de lui, car il était décédé quand sa propre mère avait 4 ans. Tricia est venue l’année dernière voir les graffitis laissés par son grand-père. C’était la joie pour tout le monde, elle, moi et les habitants de Fressin.
Je voudrais aujourd’hui pouvoir faire la même chose pour la jeune femme de cette photo du 20 décembre 1917…"
Contact, patricia.davies@wanadoo.fr