"La guerre, ce n'est pas que des combats" : la pratique du sport par les soldats, une histoire racontée à Amiens

Dans le cadre des Jeux olympiques de Paris 2024, le ministère des Armées a fait un appel à projets sur le thème du sport dans la guerre. À Amiens, à la Maison de la culture, un travail photographique et d'archives est proposé.

De la simple anecdote à la longue carrière sportive... L'exposition Le sport et ses vertus, 1914-1924, visible à la Maison de la culture, retrace l'histoire d'Amiens à travers des sportifs plus ou moins célèbres.

La pratique du sport pendant la guerre est une réalité méconnue. Pourtant, en 1915, dans les camps de prisonniers, les soldats font de l'athlétisme.

À Amiens, à la piscine de l'île aux fagots, les autorités militaires font la promotion de la natation aux soldats qui ne savent pas nager. "La guerre, ce n'est pas que des combats 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Les soldats, il faut les occuper, ils ont des permissions. Il y avait une volonté d'avoir une tête bien faite et un corps bien fait", raconte Louis Teyssedou, professeur de lettres et d'histoire.

L'enseignant a travaillé sur le sujet avec ses élèves de baccalauréat professionnel accompagnement, soins et services à la personne (ASSP) du lycée Edouard Branly. Ensemble, ils ont rassemblé des photographies et images pour raconter le passé sportif de la ville. 

Maurice Thédié, ancien footballeur de l'équipe de France

L'exposition célèbre notamment un sportif amiénois oublié : Maurice Thédié. D'abord footballeur au Red Star, il intègre ensuite le club d'Amiens et est sélectionné en équipe de France en 1925. Il a participé à la Première et la Seconde Guerre mondiale : "Il a été résistant à Amiens puis, il a été arrêté par la Gestapo en 1944 et déporté à Dachau. Il meurt dans le train qui l'emmène en déportation", raconte Louis Teyssedou, professeur de lettres et d'histoire au lycée professionnel Edouard Gand.

Un match de catch au cirque Jules Verne

Les photographies traversent les conflits contemporains. Certaines étonnent même les visiteurs comme cette affiche annonçant un match de gala. En effet, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, un match de catch est organisé au cirque Jules Verne à Amiens. Cet événement est surtout l'occasion de récolter des fonds pour la construction d'une statue dédiée au général Leclerc. Le monument est, aujourd'hui, érigé place René Gobelet.

De découverte en découverte, on retrouve également une photo d'Eric Cantona : "Il était en équipe de France militaire et a été entraîné par Jack Braun, un joueur amiénois des années 1960. [...] Quand on avait des sportifs qui devaient faire leur service militaire, ils étaient intégrés au bataillon de Joinville. Il y aura après lui Bixente Lizarazu, Zinédine Zidane. Le bataillon de Joinville a un passé assez glorieux."

Autre volet, le sport et les rapatriés d'Algérie. À Amiens, les enfants de harkis ont créé en 1977 un club de foot dans un contexte difficile. "C'était une période un peu compliquée. Il y avait du racisme ordinaire. On n'était pas accepté sur les terrains sportifs à cette époque-là. Ce qu'il fallait, c'était porter l'étendoir de notre communauté. Nos ainés, nos parents ont souhaité que les enfants que nous étions puissent s'exprimer au travers du sport", se souvient Yassine Mokkadem, ancien joueur de l'Athlétic Club Amiénois.

Le projet a été entièrement financé par la direction de la mémoire, de la culture et des archives (DMCA) du ministère des Armées. L'exposition photographique est accessible jusqu'au 9 mars 2024 à la Maison de la culture à Amiens. Après, elle partira aux Invalides.

Avec Sophie Picard / FTV

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