En 1916 et 1917, à Arras, des centaines de Néo-Zélandais ont creusé des tunnels, à la main, 24 heures sur 24, dans les sous-sols de la ville, avec un objectif : préparer une bataille inédite pour mettre fin à la Grande Guerre. Un documentaire inédit retrace leur exploit.
C'est une histoire longtemps oubliée, enfouie dans les limbes de la Guerre de 14-18, enterrée au plus profond, comme les carrières des sous-sols d'Arras.
Les carrières avaient servi à extraire les pierres qui ont bâti la ville d'Arras. Les soldats Néo-Zélandais les ont reliées par des tunnels. Après des mois de sueur et de détermination, avançant de 40 à 50 mètres par jour, ils ont creusé 20 km de tunnels. Ces galeries sont restées en l'état depuis plus d'un siècle, sous Arras. Elles témoignent aujourd'hui d'une œuvre humaine exceptionnelle.
L'archéologue Alain Jacques a redécouvert ces carrières, oubliées pendant soixante-dix ans, au début des années 1990. Il raconte sa surprise de découvrir l'ampleur des volumes et la longueur des carrières médiévales, et surtout qu'elles ont été utilisées pendant la Première Guerre mondiale. "Il y avait des objets partout, dans la carrière", relève le chercheur. Il s'est naturellement interrogé sur ces objets : boîtes de conserve rouillées, chaussures, ...
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L'idée de départ, top secrète, décidée par les Français et les Britanniques, était de cacher les soldats britanniques sous-terre pour les mettre à l'abri pendant la première phase de l'offensive, puis les faire sortir par surprise sans avoir à parcourir le no-man's land et être exposés aux mitrailleuses et obus Allemands. Il fallait coûte que coûte essayer de sauver des vies.
Pour comprendre la bataille d'Arras, il faut revenir au début de la Grande Guerre, qui a fait 1,5 M de victimes en quelques mois seulement. Les combats militaires étaient très meurtriers. Par exemple, lors de la toute première journée de la bataille de la Somme, en 1916, 20 000 soldats britanniques sont morts.
Une bataille pour mettre fin à la Guerre
En 1916, Arras est ravagé par les combats et vidée de ses habitants, dont seuls 1000 restent sur les 24 000. L'armée britannique qui est chargée de la défense de la ville, alors que les Allemands ont pris de contrôle du bassin minier. Or, il faut du charbon pour produire de l'acier et aussi protéger l'accès à la mer du Nord et donc à la Grande-Bretagne.
Les Néo-Zélandais, à plus de 20 000 km d'Arras, ont répondu massivement à l'appel à mobilisation. Les mineurs, les cheminots, les paysans et ouvriers sont devenus des tunneliers. Le premier contingent de la New Zealand Tunnelling Cie comptera plus de 400 hommes.
400 Néo-Zélandais s'engagent pour venir dans le Nord de la France
Les sous-terrains ont ensuite été aménagés pour accueillir et faire passer 24 000 soldats, avec leur équipement, via les tunnels. Circuits d'eau et d'électricité, dortoirs, latrines, hôpital militaire de 700 lits, sont installés en quelques jours. Pour se repérer, les tunneliers ont calqué les noms des lieux sur la carte de la Nouvelle Zélande. Les soldats y séjourneront pendant une semaine, avant l'offensive du 9 avril 1917.
La bataille d'Arras, qui durera six semaines, avec des pertes humaines estimées à 4 000 soldats chaque jour pour l'armée britannique. Les tunneliers ne participeront pas à la bataille, mais resteront dans la région pendant plusieurs mois pour construire des ponts et participer à la reconstruction après l'armistice. On peut aujourd'hui visiter la carrière Wellington et ses incroyables sous-sols, restés intacts depuis la bataille d'Arras.
"Les tunnels ont été oubliés, parce que une fois que les soldats sont sortis des galeries souterraines, les combats se déroulent à la surface. On meurt à la surface, on ne peurt pas sous terre. Donc, on a oublié ces carrières parce que ce ne sont pas fondamentalement des lieux de mort."
L'historien Yves Le Maner
DOCUMENTAIRE. "Arras 1917, l'histoire des tunneliers Néo-Zélandais"
>>> Jeudi 1er février à 22h50 sur France 3 Hauts-de-France et france.tv
>>> Un documentaire écrit par Gautier Dubois et Frédéric Fiolet et réalisé par Frédéric Fiolet, raconté par Benoît Allemane
Production : FF Production / Kwanza / France Télévisions
L'incroyable histoire de tunneliers néo-zélandais de la bataille d'Arras est racontée par des historiens, archéologues, experts français, britanniques et néo-zélandais, pour la faire sortir de l’oubli.