Sandy Cucheval, aspergée d'essence et brûlée vive en 2020 : premier jour de procès pour son ancien compagnon devant les assises du Pas-de-Calais

Le 10 novembre 2020, Sandy Cucheval a été aspergée d’essence et brûlée vive à Bully-les-Mines (Pas-de-Calais). Trois ans et demi plus tard, Jonathan Boillet, son ex-compagnon, comparaît devant assises de Saint-Omer pour meurtre.

Elle s'appelait Sandy Cucheval, elle avait 33 ans et était mère de quatre enfants. Elle voulait quitter son compagnon. Sa vie bascule dans la nuit du 10 au 11 novembre 2020, alors qu’elle se gare dans la rue Victor Schoelcher, à Bully-les-Mines (62). Elle est assise place conducteur, son compagnon Jonathan Boillet, est installé place passager. Les voisins entendent des éclats de voix semblables à une dispute.

>>> Lire aussi : Féminicide. Sandy Cucheval, aspergée d'essence puis brûlée vive : le procès de son ex-compagnon s'ouvre ce mardi 5 mars

Quelques minutes plus tard, Sandy Cucheval sort du véhicule en feu. Transportée au centre des grands brûlés du CHU de Lille, elle décédera sept jours plus tard. Son compagnon, aujourd’hui âgé de 36 ans, est jugé devant la cour d’assises du Pas-de-Calais pour meurtre par conjoint. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Le verdict est attendu vendredi 8 mars.

19h21 - Fin de ce premier jour de procès

C'est la fin de ce direct. Après de nombreux témoignages et beaucoup d'émotion, ce premier jour du procès de Jonathan Boillet, accusé du féminicide par immolation de Sandy Cucheval s'achève aux assises du Pas-de-Calais. 

18h45 – Les voisins, témoins de l’incendie, en état de choc

Devant la cour, une des voisines qui a assisté à l’incident ne peut contenir son émotion. "C’est un traumatisme" confie-t-elle. Depuis son domicile ce soir-là, elle a entendu des échanges assez violents émanant la rue Victor Schoelcher. Elle décide alors d’aller voir ce qu’il se passe et se rappelle que "Sandy était agitée sur son fauteuil, peut-être qu’ils se disputaient, je me suis dit qu’il y a quelque chose de pas normal".

Quelques instants plus tard, "j’ai vu Sandy sortir de son véhicule, elle était en flammes". Elle compare alors la jeune femme à une "boule de feu", "une torche humaine".

18h36 - "Il a voulu me tuer, il m'a aspergée d'essence et il a mis le feu avec un briquet"

La première policière qui est intervenue sur place se souvient de Jonathan Boillet comme d'un homme "affolé" et qui "pleurait". Il lui aurait affirmé lors de son intervention qu'il "n'aurait pas dû allumer cette cigarette". Jonathan Boillet soutient en effet que c'est à cause d'une cigarette que le véhicule s'est enflammé, thèse réfutée par Sandy Cucheval le soir même des faits.

Prise en charge par les secours cette nuit de novembre 2020, Sandy Cucheval est encore consciente et dialogue avec la policière : pour elle, ce n'est pas la cigarette qui est responsable de l'incendie. "Il a voulu me tuer, il m'a aspergée d'essence et il a mis le feu avec un briquet" lui a-t-elle dit. "Je lui ai demandé de répéter, explique la policière à la cour, et c'était bien avec un briquet". 

18h03 - Une différence entre les blessures de Sandy Cucheval et celles de Jonathan Boillet suspectes pour un des policiers intervenus le soir de l'accident.

Dans la nuit du 10 au 11 novembre 2020, un major de police intervient à Bully-les-Mines pour l'incendie du véhicule où se trouvaient Sandy Cucheval et Jonathan Boillet. Très ému lorsqu'il se remémore à la barre cette terrible soirée, le policier s'y reprend à plusieurs fois pour raconter les faits.

Dès le départ, il a du mal à croire à la thèse de l'accident. Il s'imagine une "escroquerie à l'assurance" ou "un geste non accidentel". Pour lui, le positionnement du bidon d'essence dans l'habitacle et non le coffre du véhicule, est d'emblée suspect. "Quand on transporte un bidon d'essence, on le transporte dans le coffre, comme ça s'il y a un départ de feu on peut se dégager. C'est une mesure de sécurité" explique-t-il. 

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Le procès va durer quatre jours à la cour d'assises du Pas-de-Calais ©Martin Vanlaton / FTV

La Présidente de la cour l'interroge ensuite sur l'écart dans la sévérité des blessures entre celles de Sandy Cucheval et celles de Jonathan Boillet. Elle, sera transportée à l'unité des grands brûlés du CHU de Lille, alors que lui s'extirpera rapidement du véhicule et prendra le temps de se doucher après l'accident. Pour le policier, si ce déversement d'essence était accidentel, il "aurait touché les deux passagers" ajoute-t-il avant de préciser que c'est son "ressenti."

17h17 - Une relation à laquelle Sandy Cucheval voulait mettre fin

L'enquête de personnalité de Sandy Cucheval dresse le portrait d'une personne "rayonnanteet "aimante", qui "aimait faire des blagues", "une super maman, très sensible, aux petits soins avec les autres." L'occasion de présenter des photos de la défunte avec sa famille. Des clichés qui provoquent l'émotion des enfants de Sandy Cucheval, alors que l'enquêtrice de personnalité dépeint une personne proche de sa famille.

Sandy Cucheval avait fait la connaissance de Jonathan Boillet pendant sa scolarité. La jeune femme a alors un "coup de cœur" pour lui, mais cela ne sera pas réciproque. Ce n'est que quelques années plus tard qu'ils se retrouveront, mais après quelques mois de relation, Sandy veut rompre.

Pour l'enquêtrice de personnalité, Jonathan Boillet était "quelqu'un qui la manipulait, qui a fait en sorte d'être au centre de l'attention de Mme Cucheval". Une "relation toxique et violente", conclura-t-elle.

16h21 - Des précédentes menaces d'immolation

"Je vais la mettre dans le coffre de la voiture et la cramer". Ces propos, qui figurent au dossier, Jonathan Boillet les aurait tenus envers une ancienne compagne en 2018. 

Pour les avocats de la partie civile, difficile de ne pas faire de lien entre ces menaces et la mort de Sandy Cucheval par immolation en novembre 2020. "C'est sûr que pour vous, ça doit paraître coïncident" admet le prévenu.

16h14 - Une enquête de personnalité qui décrit un homme victime de violence, en proie aux addictions.

L'enquête de personnalité révèle que Jonathan Boillet a lui-même été victime de violences sexuelles intrafamiliales dans son enfance, abusé par son oncle alors qu'il avait 8 ans. Des faits qu'il ne révélera à sa famille que beaucoup plus tard, alors qu'il était adulte.

La cour détaille ensuite les violences commises par Jonathan Boillet sur une ancienne compagne, ainsi que sur sa belle-mère. La présidente l'interroge sur un possible lien entre le fait d'être victime violences sexuelles et son comportement agressif. "J'ai été suivi par des psychologues scolaires" explique le prévenu.

Son parcours scolaire a été marqué par la consommation d'alcool et de stupéfiants, une consommation qui n'a pas cessé jusqu'à l'âge adulte. "Est-ce que les faits que vous avez vécus enfant ont entraîné une consommation de stupéfiants et d'alcool, ainsi que des faits de violence ?" lui demande l'avocat général. "Je me suis mis là-dedans par rapport à ce qu'il m'est arrivé" répond Jonathan Boillet.

15h34 - La (très) longue liste des condamnations de Jonathan Boillet

La Présidente de la cour détaille le casier judiciaire très fourni de Jonathan Boillet. Sa première condamnation remonte au 13 mai 2004 pour outrage et rébellion sur une personne dépositaire de l'autorité publique. 

S'ensuit une longue liste de condamnations. 12 au total entre 2004 et 2020, les faits qui lui sont reprochés :  8 condamnations pour violences ou menaces, dont 4 sur une ancienne compagne. "Ça fait beaucoup" réagit la Présidente, dans l'attente d'une explication de l'accusé. "Je ne sais pas quoi vous dire", répond-il.

Je suis quelqu'un de sanguin par nature

Jonathan Boillet

"Y a-t-il un rapport entre vos problèmes d'addiction importants et vos passages à l'acte violents ?" poursuit la Présidente. "Pas forcément, répond l'intéressé, je suis quelqu'un de sanguin par nature." Interrogé par l'avocat général sur les multiples condamnations pour violences conjugales, Jonathan Boillet s'explique : "c'était une relation toxique, c'est tout."

15h00 - Jonathan Boillet prend la parole pour la première fois devant la cour

"C'est de ma faute, mais je n'ai jamais voulu que ça arrive". C'est avec ces mots que Jonathan Boillet, accusé du meurtre de Sandy Cucheval, s'exprime pour la première fois devant la cour. Alors que la Présidente vient de terminer son rapport introductif rappelant les faits, lui soutien la thèse de l'accident. 

La famille de Sandy Cucheval ne peut cacher son émotion à l'écoute de ces premiers mots de Jonathan Boillet. Les visages sont fermés, et les regards fixent le sol. Ils ne peuvent retenir leurs larmes. 

14h18 - Tirage au sort des jurés

Ils sont 27 jurés à s'être présentés à la cour d'assises ce mardi. Six d'entre eux ont été tirés au sort par la Présidente de la cour, une femme et cinq hommes. Trois jurés suppléants ont également été nommés. 

Ils prêtent serment devant la cour, et sont invités à prendre leur décision de la manière la plus impartiale possible. En prenant des notes ou en posant des questions.

14h00 - Ouverture de l'audience 

La famille de Sandy Cucheval s'était réunie quelques minutes avant, devant l'entrée du tribunal de justice de Saint-Omer. Vêtus d'un tee-shirt blanc avec l'inscription "Je suis Sandy" sur le dos, ainsi qu'un portrait de Sandy Cucheval sur le devant.

Ses proches ont pris la décision d'enlever ce tee-shirt en soutien à la défunte, pour que Jonathan Boillet "ne voit pas son visage" justifient-ils.

Un public fourni a fait le chemin jusqu'à Saint-Omer pour assister au procès. La salle est comble, tout le monde n'a pas pu rentrer.

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