Sandy Cucheval, 33 ans, a été aspergée d'essence et brûlée vive le 10 novembre 2020 à Bully-les-Mines (Pas-de-Calais). Ce mardi 5 mars, s'ouvre à Saint-Omer le procès de Jonathan Boillet, son ex-compagnon, pour meurtre.
Elle s'appelait Sandy Cucheval, elle avait 33 ans et était mère de quatre enfants. Elle voulait quitter son compagnon. Dans la nuit du 10 au 11 novembre 2020, elle a été aspergée d'essence dans une voiture et brûlée à Bully-les-Mines (Pas-de-Calais). Jonathan Boillet est jugé devant la cour d'assises du 5 au 8 mars à Saint-Omer pour meurtre.
Mardi 17 novembre, à Bully-les-mines (62), Sandy (33 ans) a été tuée par son compagnon.
— #NousToutes (@NousToutesOrg) November 18, 2020
C’est le 84ème féminicide depuis le début de l’année.@EmmanuelMacron le confinement aggrave drastiquement les violences.
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La voiture est complètement brûlée, les vitres brisées. Il est presque minuit, le 10 novembre 2020, lorsque les fonctionnaires de police interviennent à Bully-les-Mines pour un incendie de véhicule. Aux abords de la voiture calcinée, plusieurs personnes sont massées autour de Sandy, consciente et mise à l’abri dans un garage du voisinage. Quelques minutes auparavant, elle était dans cette même voiture avec son compagnon, qui l'aurait aspergée d'essence avant de mettre le feu et de la brûler vive.
À l'arrivée des pompiers et des policiers, Sandy parvient à dire qu'elle a été aspergée d'essence dans la voiture et brûlée par son compagnon. Elle sera rapidement conduite à l'unité des grands brûlés du Centre Hospitalier de Lille. Jonathan Boillet sera quant à lui interpellé dans la nuit du 11 novembre.
Placée dans un coma artificiel par les soignants, la jeune femme ne survivra pas à ses blessures. Elle décédera le mardi 17 novembre 2020.
Une "torche humaine"
Le drame a eu lieu dans une rue résidentielle de Bully-les-Mines, où le voisinage a été réveillé par le fracas. Entre le bruit, la chaleur et les flammes, plusieurs riverains ont été témoins de la scène. Depuis sa fenêtre, l'une d'entre elles, se rappelle un certain chahut dans le véhicule, ainsi que des éclats de voix laissant penser à une dispute, avant d'être surprise par les flammes qui sortaient de la voiture. Elle y a vu Sandy Cucheval se précipiter hors du véhicule enflammé, transformée en véritable "torche humaine".
Un autre voisin s'est alors rapidement rendu sur place avec une couverture pour tenter d'étouffer les flammes sur la jeune femme. Elle sera tout de même brûlée à plus de 70%.
Trois ans et demi après le drame d'une violence inouïe, sa famille attend des réponses. "Ça a été très compliqué, on n'a pas d'autre choix que d'avancer", réagit Mary, la fille de Sandy, "ça ne la refera pas revenir, mais il faut tenir les promesses qu'on lui a faites. Je suis déterminée à la défendre et défendre toutes les causes de féminicide, ça peut arriver à tout moment à n'importe qui."
Déjà condamné pour violences conjugales
L'ex-compagnon de Sandy Cucheval était alcoolisé au moment des faits. Sa famille parle d'un homme que la consommation d'alcool rendait agressif, et dont la relation avec Sandy était émaillée de nombreuses disputes. Elle voulait le quitter.
L'homme avait déjà été condamné à plusieurs reprises pour violences conjugales, lors d'une précédente relation. Son avocate précise que ces condamnations sont intervenues dans un contexte particulier où les "violences étaient réciproques."
"Il était bien connu des services de police et de justice, précise Me Nathalie Tomasini l'avocate de la famille de Sandy Cucheval, il a été condamné à quatre reprises pour violences conjugales sur son ancienne compagne, mais il avait aussi été violent avec Sandy Cucheval qu'il a tuée".
Quatre jours de procès à Saint-Omer
À partir du 5 mars, la cour d'assises essaiera de faire la lumière sur les nombreuses zones d'ombre qui subsistent dans cette affaire. Pourquoi le bidon d'essence était-il dans le véhicule ? Cet acte était-il prémédité ?
En effet, les raisons de la présence du bidon d'essence dans le véhicule restent encore floues, "lui-même ne sait plus exactement pourquoi ce bidon d'essence était dans la voiture" explique Me Lemonnier, avocate de Jonathan Boillet, même si son client "refuse d'envisager qu'il ait pu volontairement asperger Mme Cucheval d'essence et lui avoir donné la mort." Elle décrit un client "passif", qui "attend que son sort soit scellé par la cour d'assises." L'avocate défendra la thèse de l'accident et l'absence d'intention homicide.
Me Nathalie Tomasini, avocate de la partie civile, sera "là pour expliquer aux jurés que Jonathan Boillet se fout de la justice, se fout de nous et que ça suffit. Il faudra une sanction à la hauteur du préjudice subi par toute la famille". Au regard de ses condamnations précédentes pour violences conjugales, l'avocate pointe "beaucoup de négligences" dans le dossier, "il ne faut plus minimiser la dangerosité de ces hommes-là."
Le procès doit durer 4 jours.