Depuis lundi 8 juillet, une publication alertant sur la disparition d'une petite fille, nommée Bobbi Renae, aux alentours de Samer (Pas-de-Calais) ou bien d'Hardinghen (Pas-de-Calais) tourne sur les réseaux sociaux. Les gendarmes de Calais avertissent : il s'agit en réalité d'une escroquerie pour extorquer des informations aux internautes.
Des centaines d'internautes ont mordu à l'hameçon. Lundi 8 juillet, une publication alarmante apparaît sur le groupe public Facebook "Desvres, Samer et ses environ", comptant environ 2.000 membres. Une petite fille de trois ans, cheveux blonds et bouille d'ange, appelée Bobbi Renae, aurait disparu tantôt dans la ville de Samer tantôt dans celle d'Hardinghen, dans le Pas-de-Calais.
La fillette se serait promenée dans la commune avant de perdre sa mère nommée Lisa. Un certain député nommé Tom Ashley, véritable héros de l'histoire, l'aurait alors sauvée et emmenée au poste de police, "mais personne n’a la moindre idée de l’endroit où elle vie, les voisins ne la connaissent pas", décrit la Voix du Nord.
Une petite fille américaine
L'histoire tire larmes a tout pour faire le buzz. Ni une ni deux, plusieurs membres du groupe (qui sert surtout aux habitants à échanger des informations sur la commune ou à revendre des objets en seconde main) s'empressent de repartager la publication en pensant effectuer une bonne action. Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'ils viennent de participer, malgré eux, à une escroquerie.
From Johnson County Sheriff: Awesome work by all First Responders.
— Angela Ganote (@angelaganote) June 8, 2024
Thank you Indiana State Police and your helicopter. https://t.co/hUQsCgtEXh pic.twitter.com/TpfPCVzA9r
En effet, la petite fille existe bel et bien mais est américaine. Elle avait disparu le 8 juin 2024 à Franklin, une ville de l'État de l'Indiana aux États-Unis et avait été retrouvée le même jour un peu plus tard dans la journée, selon des tweets d'Angela Ganote, une journaliste américaine qui avait lancé l'alerte. Le fameux "député" Tom Ashley est une mauvaise traduction de sheriff's deputy en anglais, qui signifie simplement shérif adjoint.
La gendarmerie de Calais, alertée de l'histoire devenue virale, le confirme : il s'agit d'une fausse alerte disparition. Si elle s'appuie bien sur des éléments réels, elle est sans cesse remaniée pour manipuler les internautes et leur extorquer des informations personnelles comme des données bancaires, des mots de passe, des accès à des comptes en ligne, etc.
Vol de données personnelles
Les agents insistent sur l’intérêt de vérifier les informations avant de relayer des publications, pour éviter que des fake news, comme celle-ci, ne deviennent virales. Les conseils pour repérer une escroquerie : vérifiez l'auteur de la publication et les informations communiquées et ne partagez du contenu que de personnes que vous connaissez.
Ici par exemple, il s'agissait d'un faux profil et plusieurs indices montraient que l'histoire venait des Etats-Unis : le policier avec un uniforme américain et les noms à consonance anglaise. De simples recherches sur internet permettent parfois d'identifier les tentatives de fraudes. Un compte Facebook américain basé en Virginie, spécialisé dans le relais d'avis de recherche, avait déjà alerté sur la fausse publication.
Vous pouvez ensuite signaler les contenus problématiques sur la plateforme Pharos, gérée par le ministère de l'intérieur. Ce type d'escroquerie est fréquent sur les réseaux sociaux et il n'aura fallu que deux jours pour qu'une autre publication du même genre réapparaisse dans le groupe.
Cette fois-ci une utilisatrice demande confirmation auprès des autres membres : elle a vu passer une alerte disparition pour une petite fille en imperméable rose, tenant un chien en laisse devant une voiture grise... L'histoire lui semble suspecte et les internautes lui donnent raison, il s'agit encore une fois d'une escroquerie. En voilà au moins une d'évitée.