Très fréquenté par les promeneurs, le sentier de la Flaque aux oies est fermé au public, pour éviter la propagation de la Crassule de Helms. Une plante exotique très invasive, capable de recouvrir rapidement les mares et les plans d'eau, un risque pour notre biodiversité.
Elle n'a l'air de rien, avec ses minuscules feuilles disposées sur une longue et fine tige de plusieurs centimètres de long. À peine visible sous l'eau, elle effleure la surface et s'accroche aux berges de la mare de la Flaque aux Oies depuis plusieurs jours à Oye-Plage.
"C'est un véritable fléau " explique Charlotte Debrabant, chargée de mission Eden 62 à la Réserve Naturelle du Platier d'Oie. "La Crassule de Helms s'installe comme un immense tapis, non seulement dans l'eau, mais aussi sur le sol des berges, recouvrant puis étouffant toutes les autres végétations. Cela va provoquer la disparition des plantes et aussi des animaux qui dépendent de ce plan d'eau."
Si elle fait peser un risque important pour la totalité de la Réserve Naturelle du Platier d'Oie, c'est parce qu'un seul petit fragment de Crassule de Helms peut rapidement s'installer, s'étendre et envahir une autre mare.
Pour éviter sa dispersion, Eden 62 a décidé de fermer au public le sentier de promenade de la Flaque aux oies. "Ce sentier est très prisé des promeneurs" rappelle Charlotte Debrabant."Il longe les berges permettant d'observer facilement les canards et autres oiseaux vivants sur la Réserve. Chaque visiteur qui l’emprunte peut devenir un transporteur involontaire de fragments de Crassule de Helms, pris dans les semelles de ses chaussures et contribuer ainsi a sa dispersion. C'est pourquoi nous avons fermé l'accès."
Pas de promeneurs pour éviter aussi le regroupement des oiseaux : attirés par la nourriture déposée pour les canards - une pratique interdite - ces derniers pourraient véhiculer sur leurs pattes et dans leurs plumes des petits bouts de Crassule et risquer de la propager vers les autres plans d'eau de la Réserve Naturelle ou affecter le réseau de Wateringues tout proche.
Comment une plante exotique peut-elle arriver dans les Hauts-de-France ?
"C'est peut être d'ailleurs comme cela que la Crassule de Helms est arrivée ici, portée par un oiseau" explique Charlotte Debrabant. "C'est peut être aussi avec un bateau ou parce que quelqu'un a vidé l'eau de son aquarium dans un fossé, car c'est une plante d'ornement très utilisée en aquariophilie."
Originaire d'Australie et de Nouvelle-Zélande, la Crassule de Helms (ou Orpin des marais) est présente depuis plusieurs années sur le territoire français. Son introduction commence en Europe au début du XXe siècle, en Angleterre où elle est commercialisée comme plante ornementale des bassins des jardiniers.
Elle a la particularité de n’avoir aucune autre espèce permettant de la contenir, c'est l’arrachage manuel et mécanique qui reste la technique la plus courante pour l'éliminer. "Ici, à la Flaque aux oies, nous allons mettre en place des opérations de comblement dans les semaines qui viennent pour éviter sa dispersion. Nos n'avons pas le choix, il nous faut être très réactif."
À la veille de la conférence de l'ONU sur la biodiversité - la COP15 - qui s'ouvre mercredi à Montréal, cette présence invasive de la Crassule de Helms à la Flaque aux Oies de Oye-Plage est l'occasion de se pencher sur les menaces qui pèsent sur nos écosystèmes : la fragmentation des milieux naturels, l’intensification des pratiques agricoles, la pollution lumineuse, le changement climatique et la prolifération d’espèces exotiques envahissantes.
Des espèces exotiques, souvent introduites par l'homme, et qui se rencontrent partout : virus, champignons, algues, plantes, reptiles, amphibiens, oiseaux, poissons, mammifères.
Aujourd'hui dans les Hauts-de-France, au même titre que la spartine en Baie de Somme, la Jussie dans les hortillonnages d'Amiens ou les marais de Saint-Omer, la Crassule de Helms est devenue une espèce invasive, l'une des les plus préoccupantes au monde !