Une opération de mise à l'abri des personnes migrantes s'est déroulée ce lundi matin à Grande-Synthe. 336 exilés, qui s'étaient installés aux abord de l'usine Air liquide, classée Seveso, sont emmenés vers des centres d'accueil de la région.
L'opération a démarré vers 7h00 ce lundi matin. En tout, 336 personnes migrantes ont été invitées à monter dans des bus, direction les centres d’accueil et d’orientation (CAO) ou les centres d'accueil et d'examen des situations (CAES) de la région Hauts-de-France.
Trois semaines après l'évacuation du gymnase de Grande-Synthe qui avait concerné près de 400 migrants , cette nouvelle opération de mise à l'abri conduite par les autorités préfectorales s'est déroulée "dans le calme, sans incident", selon Olivier Caremelle, directeur de cabinet du maire de Grande-Synthe.
"Une fausse évacuation humanitaire volontaire, comme à chaque fois", nuance Claire Millot, bénévole de l'association Salam. "Ils étaient encerclés par les forces de l'ordre, des policiers en faction tous les 5 mètres".
Déboutés de l'asile en Allemagne
Les migrants s'étaient installés aux abords de l'usine Air Liquide, site classé Seveso. Ils sont principalement Kurdes irakiens, et viennent directement d'Allemagne, où ils ont été déboutés de l'asile. Des hommes seuls principalement.
"Ils arrivent au rythme de 10 à 15 chaque jour", indique Olivier Caremelle. "Les filières sont très organisées, très maîtrisées." Grande-Synthe, à 40 km à l'Est de Calais, continue d'être une étape sur la route de l'Angleterre, dernier espoir des candidats à l'exil en Europe.
Les hommes isolés ont été conduits vers les centres de Villeneuve d’Ascq, Bailleul, Armentières, Saint-André-lez-Lille, Douai ou Cuincy.
77 personnes en famille ont également été mises à l’abri et conduites vers Lille.
"Du gaspillage d'argent du contribuable", pour la bénévole de Salam, qui prédit un retour des migrants dans les jours à venir. "Ils n'ont aucune chance de pouvoir demander l'asile en France (déboutés dans un autre pays d'Europe, les exilés doivent attendre six mois avant de pouvoir introduire une nouvelle demande, NDLR). Ils vont donc revenir. Leur but, c'est l'Angleterre", résume-t-elle, fataliste.
Les évacuations de migrants par les autorités sont relativement fréquentes dans cette ville jouxtant Dunkerque.#GrandeSynthe La police est intervenue tôt ce matin au camp de migrants près des jardins familiaux https://t.co/9KuiJirRae
— Le Phare Dunkerquois (@pharedk) 11 juin 2018
Outre celle d'un gymnase le 24 mai dernier, plus de 500 personnes avaient déjà fait l'objet d'un transfert vers des installations dédiées en septembre.
Grande-Synthe, 22.000 habitants, avait été touchée par l'arrivée de migrants à l'été 2015 dans le sillage de la création de la "Jungle" de Calais.
Début 2016, Damien Carême, le maire, avait ouvert, contre l'avis de l'État, le camp humanitaire de la Linière, fait de petits chalets en bois, qui avait été détruit par un incendie un an après son installation.