Des militantes Femen avaient manifesté seins nus à Hénin-Beaumont lors des deux tours de l'élection présidentielle. Elles étaient jugés ce mercredi devant le tribunal de Béthune. Un mois de prison avec sursis a été requis.
"Torse-poing" politique ou exhibition sexuelle ? Un mois de prison avec sursis a été requis mercredi par le parquet de Béthune (Pas-de-Calais) contre neuf militantes Femen qui avaient manifesté seins nus à Hénin-Beaumont, mairie FN, aux deux tours de la présidentielle, le 23 avril et le 7 mai derniers."L'exhibition sexuelle, c'est imposer à la vue du public une partie sexuelle", a rappelé la procureure lors de son réquisitoire. "Dans la jurisprudence, les seins sont considérés comme une partie sexuée".
Plus tôt, les six militantes présentes avaient contesté le caractère sexuel de leur poitrine dans le contexte de la manifestation. "Ma poitrine ce soir va peut-être devenir très sexuelle avec ma compagne, mais parce que je l'aurai décidé", a fait valoir l'une d'elles.
"On a tous les jours ici des affaires d'agressions sexuelles, quand on caresse un sein : c'est considéré comme une partie sexuée", a noté la présidente. "On ne poursuit pas quelqu'un (de la même manière) si quelqu'un touche une cheville".
Me Michaël Ghnassia, l'un des avocats des Femen, a répliqué : "Si je vous embrasse sur la bouche c'est une agression sexuelle, si vous montrez votre bouche, non".
Mais la procureure a estimé que la manifestation a "affecté la pudeur d'autrui. Qu'on veuille habiller des seins nus d'un motif politique n'enlève pas le caractère d'infraction" d'exhibition sexuelle.
Le 23 avril lors du premier tour de l'élection présidentielle, non loin du bureau de vote où Marine Le Pen était attendue, six militantes Femen, torse nu, masques de Donald Trump, de Vladimir Poutine et de Marine Le Pen sur la tête, étaient sorties d'un véhicule pour manifester dans la rue contre la candidate et le Front national, scandant ironiquement "Marine, présidente".
Elles avaient été rapidement maîtrisées au sol et interpellées. Le 7 mai, cinq Femen étaient montées brièvement seins nus sur l'échafaudage d'une église avant d'être interpellées.
"Qu'on arrête de faire semblant que c'est choquant, qu'on protège la morale publique ! Ce n'est pas torse nu c'est 'torse poing', leur corps, leur poitrine, sont recouverts de slogans, deviennent une véritable pancarte", a lancé l'autre avocat des Femen, Me Valentine Reberioux, réclamant la relaxe.
Me Ghnassia a rappelé les relaxes dont ont bénéficié des Femen lors d'autres procès : "Arrêtons la criminalisation du mouvement des Femen. Ce qu'il faut combattre ce n'est pas les Femen, c'est le sexisme". La décision a été mise en délibéré au 19 octobre.