En ce premier samedi de soldes, les 51 salariés du magasin Alinéa de Noyelle-Godault menacés de licenciement ont décidé collectivement de faire grève et de sensibiliser les clients sur leur situation. L'enseigne, appartenant au groupe Mulliez, a été placée en redressement judiciaire en mai dernier.
Samedi 18 juillet. Premier weekend de soldes. La zone commerciale d’Hénin-Beaumont fait le plein et le va-et-vient des voitures ne désemplit pas, tandis que l’immense parking situé devant le magasin d’ameublement Alinéa reste vide. Les 51 salariés du magasin ont collectivement décidé ne pas travailler et d’exprimer aux yeux de tous les incertitudes qui planent sur leur futur.Depuis le placement en redressement judiciaire de l’enseigne en mai après avoir été impacté par la crise des gilets jaunes et le Covid-19, l’avenir de la chaine de magasins de meubles et de déco appartenant au groupe nordiste Mulliez reste flou. L’appel à des repreneurs n’a pas porté ses fruits. Eddy Chlang délégué syndicat CGT, est pessimiste. "Il n’y a pas eu d’offre déposée à part celle de notre employeur actuel, Alexis Mulliez. Il compte reprendre 7 magasins sur les 26 actuellement en France, soit 1200 salariés licenciés sur 2000, avance-t-il. Si on est là aujourd’hui, vous imaginez bien que celui de Noyelle-Godault n’est pas repris."
Demande de reclassement
Sur la devanture du magasin, une immense banderole permet à chaque visiteur entrant dans la zone commerciale de se rendre compte du désespoir des employés d’Alinéa. "Ici, 51 salariés licenciés." Depuis 8 heures ce samedi matin, ils ont planté leur piquet de grève devant l’entrée du magasin, fermé de fait pour la journée. Le mot "colère" est écrit en rouge majuscule sur les tracts distribués aux quelques clients se présentant spontanément sur le parking. Les pancartes, elles, s’adressent toutes à la famille Mulliez. Mulliez à la plage, employés au chômage peut-on lire, ou encore Mulliez m’a tuer. Les messages s’adressent directement au directeur général du groupe : "On s’est saigné pour ton magasin et tu nous lâches comme des chiens."Pour cause, les négociations menées en début de semaine n’ont pas satisfait les syndicats. "Dans le PSE, on veut inclure un reclassement dans le groupe Mulliez pour les salariés et une prime extra légale pour les personnes ne pouvant être reclassées, explique Eddy Chlang, et tout a été rejeté catégoriquement. On nous propose 1500 euros par salarié licencié. C’est inacceptable alors que le récent classement des plus grosses fortunes de France classe Mulliez au sixième rang."