Installé mi-octobre, ce système de caméra couleur va permettre à la Fédération de la Pêche et de la Protection du milieu Aquatique du Pas-de-Calais de compter les poissons migrateurs qui remontent le fleuve côtier de l'Authie. Une population en voie de disparition, souvent victime de la pollution, d'obstacles infranchissables ou de la surpêche.
Douriez, petite ville au bord de l'Authie. Ce fleuve frontière entre la Somme et le Pas-de-Calais, où vient de s'achever la construction d'une toute nouvelle passe à poissons.
Une succession d'étroits bassins reliés entre eux par de petites chutes d'eau que les migrateurs remontent sans effort.
Un dispositif qui permet aux truites de mer, aux brochets ou aux saumons d'Atlantique de contourner le barrage du moulin de Douriez, installé sur le fleuve depuis plusieurs siècles.
Car durant des années, l'homme s'est servi de la rivière et a laissé derrière lui ses barrages, ses moulins, autant d'obstacles pour les poissons qui remontaient les cours d'eau pour se reproduire.
"Effectivement, ici, à Douriez, nous sommes à 25 km de la mer et comme chaque automne, les grands migrateurs ont remonté le fleuve, attirés par le courant" explique Benoît Rigault de la Fédération pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique du Pas-de-Calais.
"Comme on ne peut pas tout démolir, il est nécessaire de rétablir la continuité écologique pour garantir le passage des poissons " rappelle Benoit Rigault.
"Car c'est le courant qui va les attirer pour remonter vers notre passe à poissons et donc bien sûr vers le bassin de sortie où est installé notre système de caméras."
Le bassin de sortie sorte de couloir d'1 mètre 20 de large sur 1 mètre 80 de long, rétro-éclairé en permanence et doté de 2 caméras qui déclenchent des enregistrements à chaque passage de poissons.
"Dés le premier jour de l'installation, le 21 octobre dernier, nous avions déjà du passage de grands saumons atlantiques. Des saumons de printemps, mais aussi de beaux spécimens de truites de mer. C'est pour nous une bonne nouvelle" s'enthousiasme Benoit Rigault.
De très beaux sujets, comme de grands saumons mâles de plus de 80 cm de long et des truites de mer, mâles et femelles facilement reconnaissable sur les vidéos en couleurs.
Mais combien sont-ils exactement à remonter le fleuve depuis la mer ? Personne ne le sait vraiment.
"Comme ce sont des poissons qui évoluent dans différents milieux, c’est double peine pour eux. Ils cumulent à la fois les menaces en eau douce et les menaces en milieu marin. Des poissons qui sont parfois allés jusqu'en Norvège ou dans les îles Féroé pour se nourrir et qui arrivent ici pour se reproduire, très puissants et très gras."
Ces dernières années, les associations ont fait le constat d’un fort déclin du nombre de ces espèces qui évoluent entre les eaux douces et les eaux salées.
Aujourd'hui, grâce à cette passe à poissons connectée, le comptage exact peut commencer.
Un équipement de plusieurs milliers d'euros, financé par la fédération de pêche, l'Agence de l'eau, la Région Hauts-de-France, mais aussi par le propriétaire des lieux, la pisciculture de l'Authie.
"Il existe au moins, 5 espèces qui migrent dans nos cours d'eau" rappelle Benoît "des saumons, des truites, mais aussi des anguilles, des lamproies marines ou fluviales."
Un comptage sur plusieurs mois qui donnera des chiffres précis sur les espèces présentes dans le fleuve et leurs conditions de migration. De quoi envisager une gestion plus durable de cette population de migrateurs à fort intérêt économique et patrimonial.