Le combattant, originaire de Boulogne, Romain Debienne est en pleine préparation pour son prochain combat, le 20 décembre dans l'une des organisations de MMA les plus importantes, le KSW. Nous l'avons suivi lors d'une journée à Paris, où il s'entraîne désormais.
Des grimaces contractent le visage de Romain Debienne. Il tente d’échapper aux bras de son adversaire, qui le saisit à la gorge pour l’étrangler. Un mouvement du bassin puis une poussée des bras permettent de se dégager, péniblement. Un long râle traduit toute la rage et la force du mouvement. Romain reprend, littéralement, le dessus sur son adversaire. Et lui assène plusieurs coups au visage, du haut vers le bas, comme un marteau taperait un clou. Le chronomètre affiche 5 minutes : fin du round. Une petite minute de pause et c'est déjà reparti. Le combat recommence debout, en boxe, puis se poursuit au sol, en lutte. Des combats d'entraînement, enchaînés une heure durant, jusqu'à l'épuisement. "C'est dur, oui. On est à un mois du combat donc c'est les semaines de préparation assez dures, il faut pousser les sparrings..." explique Romain. "Moi, j'ai deux bombes dans chaque main, donc j’essaie de faire attention" plaisante le boulonnais pour expliquer sa puissance. Ses "sparrings-partners", des partenaires d'entraînement, accompagnent le combattant jusqu'au jour du vrai combat. C’est aujourd’hui le rôle, entre autres, de Gabriel Levan. "Je le sens solide. La préparation progresse. Il s’aiguise comme un couteau au fur et à mesure des semaines. J’ai confiance en lui" affirme-t-il, essoufflé.
La "Team Woirin" : une des meilleures équipes de MMA en France
En plus de Gabriel, quatre autres athlètes préparent Romain pour son prochain défi. Tous professionnels, certains très connus dans l'univers des sports de combats. Une bande de potes, formée au fil du temps et des rounds. "Quand Romain est arrivé dans l’équipe, il était un peu déstructuré. Il aime faire la fête, c’est un bon vivant, c’est sa personnalité. Mais il a aussi compris qu’il fallait avoir une discipline. Aujourd'hui, il sait mieux gérer cet équilibre. Du coup, c’est devenu un vrai athlète, sérieux. Et il a progressé, et continue encore, jusqu’à enchaîner les victoires" résume son "frère d'armes", Mathieu Letho-Duclos, lui aussi combattant professionnel.
Une équipe, triée sur le volet par un chef d'orchestre, légende des sports de combat. Depuis plusieurs décennies, l'entraîneur Daniel Woirin prépare certains des plus grands noms du MMA. Jusqu'à récemment, l'athlète français Benoît Saint-Denis, par exemple. "C'est un honneur de faire partie de cette équipe, que Daniel croit en moi" résume Romain, l'air sérieux, à peine sorti de la cage après un énième round de "sparring". Le coach encourage son élève : "c'est bien. Tu sais, c'est dur, mais il faut se mettre dans la galère comme ça avant un combat, pas le choix" lâche Daniel. La semaine prochaine, ils s’envoleront ensemble vers le Brésil, l’une des nations les plus performantes en MMA, où Daniel Woirin a commencé sa carrière d'entraîneur. Là-bas, la préparation va encore s'intensifier, pendant deux semaines. Ce sera alors l'heure du retour à Paris. Et du grand défi, à Paris La Défense Arena.
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Romain Debienne : tête d'affiche
Celui-ci est de taille. Il s'appelle Mickaël Lebout. Un combattant très expérimenté, 37 ans, vétéran de l'UFC, le championnat le plus prestigieux au monde. Les médias présentent l'évènement comme un choc des générations. Ce sera un "co main-event", dans le jargon, l'un des deux combats principaux de la soirée.
Une petite consécration pour l'enfant de Boulogne-sur-Mer, désormais performant dans les plus grands championnats de MMA du monde. "Je représenterais toujours ma ville et les gens de ma ville" affirme Romain, toujours très attaché à ses origines nordistes. Il ne manque pas de les rappeler. En avril dernier, il pose même devant les buildings de Chicago avec le drapeau de Boulogne-sur-Mer. Mais à l'époque, la soirée vire au cauchemar. Lors de ce dernier combat, il s'incline après un KO infligé par son adversaire.
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Le "mode de vie" MMA
Une erreur de parcours, que Romain s'attache à ne pas reproduire. Alors, en ce moment, c'est deux entraînements par jour. Souvent sans manger, ou très peu. Habituellement, Romain pèse autour de 95 kilos. Il doit en faire 77, au maximum, le jour de la pesée officielle, afin de correspondre aux standards de sa catégorie. Et puis, après l'entraînement, la journée n'est pas finie. Juste le temps de sauter dans un taxi et Romain traverse Paris, direction la chaîne de TV "Sports en France". "C’est un rythme effréné. Un mode de vie. C'est comme ça le monde du MMA. Il faut comprendre que c'est difficile, tu prends des coups, c'est dangereux pour ta santé, ton cerveau... Mais c'est une passion. Et je suis sûr qu'après ce combat, vu que je vais gagner, ma carrière va prendre un nouveau virage" conclut Romain, confiant.
Dans les coulisses de l’émission "MMA : Chill and Fight", il est accueilli par Sébastien Loew, l'un des pionniers de la discipline en France, et speaker reconnu des organisations françaises. "Tu vas bien ? Ça me fait plaisir que tu sois là", lance Sébastien en saluant Romain. Les deux se connaissent bien. Le présentateur montre le plateau, Romain enregistre des "storys" publiées sur le réseau social Instagram. Dans la petite loge de l'émission, il lance "il faut masquer les bobos au visage" à la maquilleuse, goguenard. "Il y a du boulot hein" ironise-t'il.
L'émission commence et Romain est annoncé au micro par le présentateur, à la manière d'un combattant dans la cage : "Rooooooomaaaaaaain Debieeeeeenne !!!!". Pendant plus d'une heure, ils discutent de l'actualité du MMA, en toute décontraction. Ce nouveau sport, autorisé en France depuis 2020 seulement, connaît une popularité sans pareille depuis. Et Romain Debienne en devient l’une des figures de proue. "Ça fait plaisir d’être là, de faire des plateaux TV, en plus avec des gens que je connais et que j’apprécie vraiment. Et puis moi, ça me donne de la visibilité, c’est cool d’avoir mon image qui tourne partout dans le MMA." À l’aise devant les caméras, autant que dans la cage. Lorsqu'elle se refermera, verrouillée, le 20 décembre prochain, c'est là que se jouera le destin sportif de Romain Debienne.