"Je vais continuer un autre combat" : le boxeur Yvan Mendy raccroche les gants après 30 ans sur le ring

Après trente ans sur le ring, Yvan Mendy raccroche les gants et prend sa retraite. Le boxeur de 39 ans peut se targuer d'avoir un beau palmarès. Et si sa carrière professionnelle s'achève, il continuera d'entraîner des personnes en situation de handicap, des détenus et des plus jeunes.

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Ce fut une longue et belle carrière, mais le temps est venu de raccrocher les gants. Le boxeur de Pont-Sainte-Maxence (Oise), Yvan Mendy, champion d'Europe EBU (European Boxing Union) et quintuple champion de France des poids légers, disputera son dernier combat le 7 décembre prochain, après trente ans à monter sur le ring.

Trente années, c'est long, certes, mais "à partir du moment où je respecte mon hygiène de vie, c'est-à-dire que je mange assez équilibré, que je dors tôt, qu'il n'y a pas d'excès, c'est un plus", déclare-t-il. Mais pourquoi avoir tenu aussi longtemps ? Pour Yvan Mendy, la boxe représente beaucoup de choses : il y a le côté sportif et le côté social. "C'est là où je me suis fait mes copains, où j'ai pu aller au ski avec tous les camarades, on a vécu tellement de trucs, c'est vraiment incroyable".

"Je suis encore focus"

Si sa carrière s'apprête à s'arrêter, Yvan Mendy a du mal à en faire un récapitulatif pour le moment. "Je suis encore focus, je suis encore dedans. Il me reste encore un combat donc j'ai encore la tête dans le guidon, confie le boxeur. On verra après le 7 décembre, où je pourrai dire que tel combat était le plus difficile".

Néanmoins, certains souvenirs qui ne quitteront jamais sa mémoire, comme son titre de champion de France, qu'il a défendu quatre fois d'affilée, ou celui de champion d'Europe qu'il a obtenu plus récemment. "C'est l'un des titres qui manquait à mon palmarès et le faire à Pont-Sainte-Maxence, c'était indescriptible. Il y a eu de gros souvenirs qui sont gravés à jamais quand même", admet-il.

Le seul "bémol" à ses yeux reste le titre mondial qu'il n'a pas obtenu. Pourtant, Yvan Mendy était bien classé sur les quatre fédérations majeures, notamment au World Boxing Council. "Je n'ai pas pu disputer ce championnat du monde qui m'était pourtant dû. J'ai fait les choses dans l'ordre, j'ai gagné les différents titres intercontinentaux qui m'ont permis d'arriver à ce niveau-là. Malheureusement, je ne sais pas si ce sont les instances qui m'ont mis des bâtons dans les roues, c'est le seul bémol de ma carrière".

"Je suis assez polyvalent dans la boxe"

Yvan Mendy a toujours été persévérant, malgré les difficultés au début de sa carrière professionnelle. "Pour moi, c'est une qualité de ne pas lâcher l'affaire et quand je souhaite quelque chose, je m'engage à fond et je vais au bout des choses. Quand je suis rentré dans les rangs professionnels, je me suis dit qu'il fallait que je fasse au moins champion de France". Dès qu'il l'a été, l'objectif a été de ne pas "lâcher le titre, donc je l'ai défendu plusieurs fois d'affilée".

Il est ensuite passé à "l'échelon supérieur", parmi l'élite dans la scène européenne, "et petit à petit, une fois que j'étais sur l'élite de cette scène, j'ai visé l'élite mondiale. J'y ai cru à chaque fois". Après une carrière aussi riche, le boxeur ressent désormais un "soulagement" puisqu'il va pouvoir s'occuper davantage de sa vie de famille. "J'ai quatre filles, je n'ai pas envie de passer à côté de ça, de dire que je n'ai pas vu mes enfants grandir".

Sa retraite ne signifie toutefois pas l'arrêt de la boxe, au contraire. Il continuera de transmettre son savoir. "Je fais du coaching en parallèle, en plus de la boxe éducative. Je suis assez polyvalent dans la boxe, dans le sport, donc je vais continuer un autre combat !"

"Quand ça va être fini ? Je ne veux pas y penser !"

Giovanni Boggia, son entraîneur, a connu Yvan Mendy lorsqu'il était encore enfant et l'a vu évoluer au fil des années. "Les gens me demandent toujours de deviner l'avenir des boxeurs", mais lui ne pourrait prédire quoi que ce soit. "On a des gamins et peut-être que parmi eux, il y a un champion, peut-être pas, mais on ne peut pas l'identifier. Être un champion, c'est aussi un caractère".

Le boxing club de Pont-Sainte-Maxence est reconnu comme "un club avec des élites" même si cela n'a jamais été leur objectif. "Je fais le même cours à Yvan qu'aux autres, c'est à eux de faire ce qu'ils veulent du cours, tout le mérite revient au champion !", précise Giovanni Boggia.

Et quand on lui demande s'il y a un combat ou un souvenir qui l'a particulièrement touché avec Yvan Mendy, l'entraîneur répond : "avec Yvan, Alain Simon et Karim Achour, ça m'est arrivé qu'à un combat, je ne sois plus entraîneur, mais spectateur, et que je me dise 'wow !'". Il cite la fois où son boxeur est entré dans une "salle hostile" pleine à craquer, "et il est resté digne, la tête en l'air". Une fois la victoire remportée, les milliers de spectateurs scandaient son nom. Jusqu'à ce jour, le coach en a encore des frissons.

De pareils moments, Giovanni Boggia en a vu beaucoup. C'est pourquoi il préfère ne pas penser au départ d'Yvan Mendy, le 7 décembre prochain.

"Je suis 100 % naturel"

Au-delà de sa carrière professionnelle, le boxeur entraîne des personnes en situation de handicap. Il ne fait d'ailleurs pas la distinction entre les différents groupes qu'il encadre et aime s'occuper de tous les publics. "À un moment donné, on ne se pose plus la question de savoir si c'est un public en situation de handicap, si ce sont des boxes éducatives, ou autre. Je suis vraiment dans la peau de l'éducateur et ce que j'aime bien, c'est l'échange, voir la progression de chacun".

Cet état d'esprit vient également du fait que dans sa famille, "il y a aussi des personnes en situation de handicap, ça a toujours été normal d'avoir différents publics autour de moi, ça se fait naturellement à chaque fois. Je pense qu'il faut rester comme on est, je n'essaie pas de me mettre dans la peau de quelqu'un d'autre ou de jouer un rôle, je suis 100 % naturel", affirme-t-il.

À côté, il donne également deux fois par semaine des cours de boxe dans un centre pénitentiaire à Liancourt (Oise). "Ça me fait du bien parce que je sais que ça leur apporte du bien. J'ai même l'impression qu'on oublie qu'on est dans un centre carcéral puisqu'on est dans le gymnase". Il a appris à connaître les détenus et à créer une véritable cohésion de groupe, car même s'il s'agit d'un sport individuel, l'entraide est de mise : "tout le monde tourne avec tout le monde, tout le monde a besoin de tout le monde".

La diversification de ses activités montre qu'Yvan Mendy a la boxe dans la peau. Et si sa carrière se termine officiellement en décembre, il continuera de transmettre son savoir à la future génération, comme l'ont fait avant lui ses prédécesseurs.

Avec Emilie Montcho / FTV

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