"Les mineurs de Robert Doisneau" : 27 clichés inédits du photographe s’exposent au Louvre-Lens

Qui dit anniversaire, dit exposition singulière. Le Louvre-Lens, qui souffle ses 10 bougies cette année, accueille jusqu’au 4 juillet prochain 27 clichés du photographe de renommée mondiale Robert Doisneau. Une série jamais présentée au public qui témoigne du travail des mineurs de fond dans la région.

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Dans l’esprit de tous, il est LE photographe de l’après-guerre qui a capturé le célèbre Baiser de l’hôtel de Ville. "Vous savez, ces photographes qu’on appelle les humanistes, dont mon père est un peu la tête de file, qui avaient envie de remettre l’humain au cœur de l’histoire et de donner de l’espoir au lendemain de la guerre", raconte aujourd’hui Francine Deroudille, l’une des filles de Robert Doisneau (1912-1994). 

Connu pour capturer des instants heureux… mais également témoin du quotidien des travailleurs. "Pour la presse, il faisait des photos d’enfants en plein forme, d’amoureux dans la rue… Mais dans son travail de tous les jours, il avait à cœur de prendre des photos au plus proche des gens qui travaillent et qui souffrent".  

Dans son travail de tous les jours, il avait à cœur de prendre des photos au plus proche des gens qui travaillent et qui souffrent.

Francine Deroudille, fille de Robert Doisneau

Parmi les différentes catégories socio-professionnelles immortalisées, Robert Doisneau a photographié, à plusieurs époques, les "gueules noires" dont il réussit à gagner la confiance. À Lens, Liévin ou encore Wingles, le photographe mondialement connu a tiré le portrait de mineurs de fond pour documenter leur quotidien. Une série quasi-inconnue du grand public, qui retrouve ses lettres de noblesse avec l’organisation d’une exposition au Louvre-Lens. Tout un symbole. "Le musée est implanté sur un ancien site minier, rappelle Gautier Verbeke, chef du service médiation du musée. Cette exposition permet une fois de plus de rendre hommage à une partie de la population et à des gens qui ont fait vivre le territoire". 

Parmi les 27 photographies présentées au public, trois clichés relatent la grève des mineurs à Lens en 1963, les autres témoignent des moments de vie des mineurs au travail. 

Une exposition inédite

L’exposition, gratuite, a été montée en partenariat avec le département du Pas-de-Calais et l’Association des Communes Minières de France (ACMF). Les photographies proviennent de l’Atelier Doisneau, tenu par les deux filles du photographe. "Notre père faisait un travail d’archivage très précis, indique Francine Deroudille. Une partie des photos de la série des mineurs de Lens avait déjà été reproduite dans un livre catalogue. Mais exposer une partie d’entre elles dans un musée au grand public, c’est une première !" 

L’idée est venue de l’ancien député-maire de Liévin Jean-Pierre Kucheida, aujourd’hui président de l’ACMF. "C’est lui qui nous a contacté et nous a proposé d’organiser cette expo dans la région. Au départ, ça devait être présenté dans les villes minières du Nord. Mais finalement, on nous a annoncé que l’expo serait organisée au Louvre-Lens. Quel bonheur !". 

Un bonheur semble-t-il partagé par les premiers visiteurs. " Mon père n’a jamais voulu parler de la mine, il a tout fait pour que je ne sois pas mineur. C’était très dur, mais il aimait son métier, il s’est donné à fond", raconte un homme d'un certain âge, scotché devant les photographies comme si il découvrait pour la toute première fois le quotidien de son père. "Ça m’évoque mon jeune temps, complète une femme originaire du bassin minier. On en parlait verbalement mais on ne faisait pas de photos". Un peu plus loin, une mère de famille s'appuie sur les clichés pour raconter à ses enfants le quotidien au fond. "Robert Doisneau en plus, c’est quelque chose... J’avais déjà vu certaines de ses photos exposées, mais des photos sur la mine, c’est une émotion supplémentaire".  

Une sélection pointue

"Le choix d’une trentaine de photos a été fait", raconte la fille du photographe, qui "avait à cœur" de les faire découvrir au plus grand nombre. Un choix qui a dû s’avérer cornélien lorsque l’on sait que l’Atelier Doisneau répertorie près de 450 000 négatifs originaux du photographe. Après avoir dormis très longtemps au fond des tiroirs, ces photographies historiques s’exposent désormais aux yeux de tous, sur les murs du musée. 

"Cette sélection tire un fil qui raconte toute une histoire tragique", explique Francine Deroudille : de l’après-guerre aux luttes de 1963. "Mon père se trouvait à Lens en 1945 pour le journal J magazine, un magazine communiste pour la jeunesse. Après quelques jours sur place, il est revenu très frappé par ce qu’il avait vu, par la difficulté du travail mais aussi la chaleur qu’ils dégageaient".  

Parmi les clichés, on découvre le portrait d’un mineur casqué tenant une lampe dans ses mains. Il y a aussi une photographie représentant quatre hommes souriants de retour du travail, avec le terril 23 d’Auchel en toile de fond. "Dans cette première partie, on est en 45, juste après-guerre et le charbon est alors essentiel. Ces travailleurs étaient à la fois applaudis par le peuple français comme des héros qui pouvaient faire redémarrer l’économie mais étaient dans le même temps maltraités, exploités dans des conditions très dures". 

Trois autres clichés représentent les grèves de 63 à Lens. Après un hiver relativement rude, près de 40 000 mineurs ont manifesté pour réclamer de meilleures conditions de travail. Ils obtiendront, pour eux comme pour tous les autres travailleurs, une quatrième semaine de congés payés. "À ce moment-là, mon père avait été envoyé par la CGT. Ses photos représentent un véritable combat pour leur survie", décrit Francine Derouelle, qui résume : "avec cette série, on passe des photos de fond de mine qui rappellent Zola, aux photos de défilé qui illustrent le combat social de gens qui essaient de défendre leur histoire". 

L’exposition est dans l’espace mezzanine du musée jusqu’au 4 juillet prochain. Des "repérages" de quinze minutes sont organisés deux fois par jour en présence des médiateurs du musée, qui permettent aux visiteurs de traverser rapidement l’exposition et d’avoir toutes les clés de lecture pour appréhender au mieux le travail du photographe. 

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