Crise au PS : le vote de la discorde dans le fief historique de Liévin

Bastion socialiste historique au coeur du bassin minier, la section PS de Liévin (Pas-de-Calais) symbolise les tourments du parti autour de l'élection de son premier secrétaire, depuis les accusations de fraude dont elle est la cible.

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Silence de rigueur parmi les 400 militants. Quant au maire de la ville, Laurent Duporge, baron local et chef de la puissante fédération socialiste du Pas-de-Calais, il "ne souhaite pas répondre aux questions".

Seul l'animateur des Jeunes socialistes du département, Aymerik Lemaire, un étudiant de 19 ans, consent à parler du sujet qui fâche : les accusations d'irrégularités à Liévin lors de l'élection du premier secrétaire du PS, lancées par le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, qui conteste la tête du parti à Olivier Faure.

"Depuis quelques jours, tous les militants sont profondément choqués. Ils en ont marre de voir le nom de leur ville cité dans tous les médias", explique M. Lemaire. "Donner des leçons de socialisme et d'esprit de camaraderie à des personnes qui ont plus de 40 ans de parti, je trouve ça lamentable."

Depuis quelques jours, tous les militants sont profondément choqués. Ils en ont marre de voir le nom de leur ville cité dans tous les médias

Aymerik Lemaire, 19 ans, militant socialiste

Socialiste depuis 1945, Liévin est l'une des rares poches de résistance du PS face à l'expansion du Rassemblement national dans un ancien bassin minier pauvre et populaire. Le RN Bruno Bilde a encore été réélu en 2022 pour un second mandat dans la circonscription.

"Tu dégages"

Bien que vieillissante, la section PS de la ville reste l'une des plus importantes de France et surtout l'un des derniers symboles du socialisme ouvrier.

Elle soutient majoritairement Olivier Faure, qui "a su faire l'inventaire" du quinquennat Hollande et a "sauvé le PS de la déroute" grâce à l'accord Nupes, selon Aymerik Lemaire.

"L'image de ma ville, de ma section a été salie par une poignée de personnes des grandes villes", "venues taper sur des ouvriers du parti" sans connaître "la réalité du terrain", peste-t-il.

L'étudiant vise sans le dire les partisans de M. Mayer-Rossignol, en particulier deux "scrutateurs" envoyés le 19 janvier à Liévin pour s'assurer du bon déroulement de l'élection.

L'image de ma ville, de ma section a été salie par une poignée de personnes des grandes villes venues taper sur des ouvriers du parti sans connaître la réalité du terrain

Aymerik Lemaire, militant PS

L'un d'eux, Adrien Naizet, conseiller municipal à Rouen de 33 ans, raconte avoir d'abord été "accueilli plutôt sympathiquement" par les militants. Jusqu'à ce qu'il s'aperçoive, dit-il, que l'urne contient déjà "22 votes" avant le début du scrutin.

"On nous a répondu: Oh, c'est des vieilles personnes, elles viennent de loin. On n'allait pas les faire attendre", poursuit-il.

Puis il décrit des défaillances dans les contrôles d'identités et des cotisations, ainsi que des passages erratiques dans l'isoloir.

Quand les deux scrutateurs insistent pour vérifier les identités des votants, ils voient débarquer la police municipale, ajoute-t-il.

Les policiers reviendront un peu plus tard, cette fois accompagnés du maire Laurent Duporge. "Il m'a dit : Maintenant, c'est terminé: tu dégages."

"Bourrage d'urnes" 

Le soir-même, au moment où il dispute encore la victoire à Olivier Faure pour quelques dizaines de voix, Nicolas Mayer-Rossignol réclame l'annulation du vote à Liévin, potentiellement décisif. Lui n'a récolté qu'une dizaine de scrutins, son rival plus de 300.

"Il s'est sans doute passé quelques irrégularités", concède l'ancienne parlementaire Catherine Génisson, qui refuse, face à ces "anomalies", de valider les votes dans la fédération.

Les résultats sont finalement entérinés au niveau national: 51,09% des voix pour Olivier Faure, 48,91% pour son rival.

"Ce débat-là est derrière nous maintenant", veut croire Mme Génisson, au moment où les deux hommes tentent non sans mal de se rabibocher avant le Congrès de Marseille, ce week-end, qui doit consacrer les résultats.

Le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, figure PS du Nord, se veut lui bien plus offensif: il continue de parler de "bourrage d'urnes" et s'étonne du mutisme de M. Duporge.
  

"Les méthodes de comptage n'ont pas évolué depuis que je suis au PS", y compris dans la section de Liévin, qui "fait partie du paysage historique", déclare-t-il à l'AFP. "Manifestement, quelque-chose d'assez extraordinaire s'est passé à Liévin."

Avec AFP

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