Le maire de Loos-en-Gohelle, qui a annoncé la triste nouvelle, cherche comment aider son village.
Daniel Lochonin, le chef de village africain qui s'était rendu pendant une semaine à Loos-en-Gohelle en mai, a été tué cet été par une milice éthiopienne, annonçait début septembre dans un post Facebook le maire (EELV) Jean-François Caron, qui l'avait hébergé et avait tissé des liens avec lui dans le cadre d'une émission.
Loos-en-Gohelle
Une bien triste nouvelle... J'ai participé le printemps dernier au tournage de l'émission télé Indigènes de la Chaîne Planète. Le concept consiste à accueillir chez soi un chef de communauté d'un pays...
Joint par téléphone, Jean-François Caron précise que le Kényan de 44 ans, appartenant à l'ethnie des Turkana, a été "abattu de six balles dans le dos, à 300 mètres du lieu où il tient ses réunions sur la réconciliation entre les Kényans et les Éthiopiens". Un meurtre de sang-froid, dans un contexte de lutte entre les deux peuples et d'affrontement pour des terres agricoles en pleine désertification au bord du lac Turkana près de la frontière éthiopienne.
C'était un véritable ambassadeur de paix (...). Et malgré cela il a été victime d'un acte de sauvagerie inimaginable
"Cette nouvelle m'a bouleversé car c'était un véritable ambassadeur de paix, qui passait son temps à créer les conditions de dialogue entre ethnies, à régler les conflits. Et malgré cela il a été victime d'un acte de sauvagerie inimaginable."
"Une vraie relation"
"Daniel avait choisi de s'investir chez lui, de trouver des solutions locales aux désordres mondiaux. Il en est mort…" regrette l'élu, qui avait noué "une vraie relation" et qui souhaite aider sa famille et son village via une souscription, pour permettre aux enfants du village d'être scolarisés.
On critique les migrants qui viennent chez nous, et là on a quelqu'un qui se bat chez lui et qui en meurt !
Dans le cadre d'une émission de la chaîne Planète, qui se consacre aux étrangers venant chercher en France des solutions à des problèmes écologiques, Daniel avait accompagné le maire de Loos-en-Gohelle dans des réunions et des événements de la ville pour, au retour, aider le village de Todonyang.
"Ce qui me rend dingue, c'est qu'on critique les migrants qui viennent chez nous, et là on a quelqu'un qui se bat chez lui et qui en meurt !"
Un Kényan sur les terrils
Nous avions nous-mêmes rencontré Daniel lors de sa venue à Loos-en-Gohelle, en mai dernier. Hébergé pendant une semaine chez le maire, il découvrait les terrils, la température moins clémente qu'au Kénya mais aussi les panneaux solaires. "Nous avons beaucoup de soleil, mais nous ne l'utilisons pas" expliquait-il en anglais. "Je pense que ce système d'énergie pourrait nous aider à mieux filtrer l'eau et à la rendre plus propre pur la population."
Au contact du patrimoine minier du Pas-de-Calais, le chef de village confiait que "quand on me raconte l'histoire de ces mines, je ressens ces luttes, ces combats, le travail accompli par les Français pour développer leur pays et en être très fiers aujourd'hui."
Le maire Jean-François Caron, lui, disait à l'époque se sentir "frère avec lui". L'émission doit être diffusée en octobre. Tous les deux avaient en tout cas prévu de se revoir.