Sur les traces des chevaliers morts il y a un peu plus de 600 ans, on vous fait découvrir Azincourt, un des plus beaux villages du Nord Pas-de-Calais.
"Azincourt, Azincourt, partout des papillons", chantait Cabrel. Difficile d'évoquer le nom de la petite commune des Sept Vallées sans éveiller le cuisant souvenir de la bataille éponyme. Cette lourde défaite hante certes l'histoire française, mais elle donne à ce petit village une aura historique encore forte.
C'est où Azincourt ?
La commune est située centre du Pas-de-Calais, dans les 7 Vallées, entre Saint-Omer (43 km) et Hesdin (17 km). Elle est desservie par les départementales D928 et la D71.
La gare SNCF la plus proche est celle de Blangy-sur-Ternoise (7 km), sur la ligne TER qui relie Arras à Boulogne-sur-Mer.
Ce qu'il faut savoir sur Azincourt
Le village d'Azincourt existait bien avant la bataille éponyme : on en a découvert des traces dès 1165 sous le nom "Ainsincurt". La famille des nobles des Azincourt y avait d'ailleurs un château, depuis disparu.
Mais c'est évidemment en 1415 que la commune devient célèbre dans toute l'Europe, jusqu'à devenir aujourd'hui un véritable lieu de pélerinage pour les touristes anglais.
Pour le comprendre, il faut faire un peu d'histoire. En 1337 (78 ans avant la bataille), le roi d'Angleterre Edouard III, petit-fils du dernier roi capétien Philippe IV le Bel, accuse le roi de France Philippe VI d'usurper la couronne qui lui revient de droit. Philippe VI n'est en effet que le neveu de Philippe IV. C'est le début de la Guerre de Cent ans
Le conflit voit les deux belligérants prendre tour à tour l'ascendant, le tout entrecoupé de périodes de trêve. Les tensions sont toutefois ravivées en 1413 lorsque Henri V accède au trône d'Angleterre et revendique, comme son arrière-grand-père Edouard III, la couronne française. Une prétention qui lui sert aussi asseoir sa légitimité, puisque son père avait pris le pouvoir sans être favori dans la ligne de succession.
En août 1415, il débarque en Normandie et attaque Harfleur avec une armée de 12 000 hommes, mais le siège s'éternise et les rangs anglais sont décimés par la dysentrie. Après avoir conquis la ville le 22 septembre, Henri V veut rapatrier ses troupes vers Calais, mais il est intercepté à hauteur d'Azincourt par le roi Charles VI.
La bataille s'engage le 25 octobre 1415. Certes, les Français sont en supériorité numérique (12 000 contre 9000, selon l'historienne Anne Curry) et les Anglais sont épuisés par le siège d'Harfleur, mais l'assaut tourne malgré tout au fiasco.
En cause, une stratégie désuette (l'assaut de la cavalerie noble contre des archers réfugiés derrière une ligne de pieux), un plan de bataille chaotique (les chevaliers se disputaient l'honneur de figurer en première ligne), un terrain boueux entre deux forêt, inadapté aux charges et une bonne partie des troupes arrivées en retard.
La défaite est humilante : plusieurs milliers de morts français, essentiellement des nobles (on ignore le nombre exact, gonflé par certains témoignages de l'époque). Elle marque la fin de l'histoire de la chevalerie, mais n'a pourtant pas empêché la France de gagner la guerre : la victoire avait engendré des attentes irréalistes chez les Anglais, finalement boutés hors de France en 1453.
Il n'empêche que les Britanniques, nombreux à visiter "Agincourt", cultivent toujours le symbole un peu erroné d'une victoire des "petits Anglais contre les arrogants Français". C'est ainsi que Shakespeare dépeignait la bataille dans sa pièce Henry V et qu'accentue encore le récent film Netflix Le Roi.
Les incontournables d'Azincourt
Le centre Azincourt 1415
Le musée dédié à la bataille d'Azincourt a récemment fait peau neuve.
Fraîchement renommé "Azincourt 1415, le Moyen-Âge en 7 Vallées", le site principalement de la bataille, à travers des cartes ou des maquettes qui replacent la bataille dans le paysage nordiste.
Mais il traite mais aussi de tout le contexte historique médiéval : on y trouve, par exemple, des explications sur la Guerre de Cent ans, ses origines, ses enjeux, ainsi que des mini-biographies des différents protagonistes.
Et puis, il y a les reconstitutions, à commencer par les costumes qui sont exposés en vitrine.
Le musée montre également des reproductions de pièces d'armure ou d'armes qui étaient utilisées à l'époque.
L'église Saint-Nicolas
On ignore la date exacte à laquelle a été construit l'édifice religieux, mais deux dates – 1681 et 1702 – sont inscrites respectivement sur la façade sud et sur le clocher.
Une précédente église se dressait autrefois au centre du village, mais elle a été ravagée par un incendie au XVIIe siècle. L'église Saint-Nicolas en a réutilisé une partie des matériaux, ainsi que ceux de l'ancien château appartenant aux seigneurs d'Azincourt.
Sur l'un de ses murs se trouve également un cadran solaire.
Une chapelle
Cette petite chapelle a été érigée à l'une des entrées du village.
Deux angelots veillent sur son entrée, à travers laquelle on peut apercevoir une statuette de la Vierge Marie.
Une curiosité à ne pas rater à Azincourt
Grâce à la documentation de l'époque, on peut situer assez précisément l'endroit où se trouvait le champ de bataille – une clairière entre deux forêts – qui correspond aujourd'hui à un champ.
Au bord de ce champ, sur un petit promontoire, une stèle a été érigée en hommage aux combattants morts dans la bataille.
À côté de la stèle se trouve une carte, en pierre, sur laquelle on peut voir les positions anglaise et française au cours de la bataille.
Une balade à faire à Azincourt
Si vous souhaitez vous promener dans les abords de l'ancien champ de bataille, un site de randonnées reposant sur des contributions d'internautes propose un sentier appelé "Le Henri V".
Ce dernier prend son départ au centre Azincourt 1415 et compte 12 kilomètres de parcours, à travers Maisoncelle Tramecourt et frôlant Canlers.
Les plus beaux villages du Nord et du Pas-de-Calais
Ce village a été choisi pour figurer sur notre liste des plus beaux villages du Nord et du Pas-de-Calais selon des critères d’intérêt architectural, de préservation du patrimoine, de qualité de l’environnement…Si vous pensez que votre village mériterait d’être dans cette liste, n’hésitez pas à nous contacter par mail : france3nordpasdecalais@gmail.com.