Hesdin, Huby-Saint-Leu, Marconne et Sainte-Austreberthe, ne feront bientôt plus qu'une. Dès janvier prochain, les quatre communes rebaptisées Hesdin-la-Forêt mutualiseront leurs administrations pour ne former plus qu'une municipalité de 4600 habitants. Une volonté de faire front commun face à un contexte économique peu favorable.
Dans le Pas-de-Calais, 4 600 habitants vont devoir s'habituer à leur nouvelle adresse. À partir du 1er janvier 2025, les résidents d'Hesdin, d'Huby-Saint-Leu, de Marconne et de Sainte-Austreberthe, seront unis sous la même bannière, celle d'Hesdin-la-Forêt.
Un nom choisi à 72% par les futurs Hesdinois, qui auraient également pu jeter leur dévolu sur Hesdin-le-Grand ou Hesdin-sur-Canche.
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Mariage de raison
Ce projet vieux de 50 ans, clivant dans le pays des Sept Vallées, n'avait encore jamais réussi à convaincre les municipalités. Sur 59 conseillers, seuls trois ont posé leur veto, lundi soir, au cours de quatre conseils municipaux historiques pour l'Hesdinois. Dans leur commune respective, les maires ont délibéré sur la question du rassemblement, avant de se rendre à Hesdin pour signer la charte constitutive de cette nouvelle fusion.
Un "mariage de raison" mais aussi "un mariage d'amour" comme aime métaphoriser Matthieu Demoncheaux, maire sans étiquette d'Hesdin - la plus peuplée des quatre communes. Une union sur laquelle ses prédécesseurs se sont cassé les dents à plusieurs reprises. "Ce qui clochait évidemment c'était l’ego. On en a tous, mais tous les quatre on s’est dit qu’il fallait le faire. On se fichait de qui deviendrait maire à l'arrivée."
En 2020, le dossier a donc été remis sur la table, avec un mot d'ordre : l'écoute.
Ce qui clochait évidemment c'était l’ego. On en a tous, mais tous les quatre on s’est dit qu’il fallait le faire. On se fichait de qui deviendrait maire à l'arrivée.
Maire d'Hesdin (SE)
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Une histoire d'amitié et de géographie
Il faut dire que Matthieu Demoncheaux et ses trois confrères, Serge Roussel (Huby-Saint-Leu), Jean-Claude Fillion (Marconne) et Francis Petit (Sainte-Austreberthe), se connaissent depuis longtemps. Certains ont d'ailleurs connu Monsieur Demoncheaux lorsqu'il n'était encore qu'en culottes courtes. La fusion des communes a donc été portée avec "beaucoup d'amitié, de complicité et surtout de confiance" explique l'édile, élu aux dernières municipales.
Une coopération évidente pour le territoire de l'Hesdinois, plutôt singulier. En effet, ses quatre communes, sorties de terre sous les ordres de Charles Quint il y a cinq siècles, sont parfaitement imbriquées. Un cas atypique où Hesdin se retrouve au centre de la paroisse de Marconne, où trois communes se partagent une même rue, où la forêt d'Hesdin s'étend partout sauf sur les lignes de la ville et où son cimetière se trouve même entre les murs de la ville voisine. "Dans ce contexte géographique on ne pouvait pas faire autrement que travailler ensemble", analyse Matthideu Demoncheaux, pour qui le passé des villages menait inéluctablement à ce rapprochement administratif et politique.
De nouvelles ambitions
Au-delà de ce lien de confiance qui donne toute son essence à Hesdin-la-Forêt, les édiles mettent évidemment l'accent sur les avantages budgétaires d'un tel rapprochement.
Faire des achats en commun, recruter du personnel municipal, construire de nouveaux logements... Surtout, fusionner induit évidemment la mutualisation des différents services d'ores et déjà proposés par les quatre communes. À Hesdin par exemple, un conseiller numérique pourra désormais accompagner les anciens résidents d'Huby-Saint-Leu, Marconne et Sainte-Austreberthe dans leurs démarches administratives sur internet.
On va pouvoir développer plusieurs choses au niveau scolaire, social et sportif, c'est l'avantage de l'agrandissement.
Sabine, habitante d'Hesdin
Cette union permettra également d'accéder à de nouvelles ambitions comme la création d'une navette, de nouvelles infrastructures sportives ou le développement d'une vie associative et la mise en commun de matériel culturel ou évènementiel. Une bonne chose pour Sabine, habitante d'Hesdin, un peu déçue du nom de la nouvelle commune, mais néanmoins emballée par ce rapprochement : "On va pouvoir développer plusieurs choses au niveau scolaire, social et sportif, c'est l'avantage de l'agrandissement."
De quoi affronter l'avenir plus sereinement dans un contexte économique fluctuant. "Des économies vont devoir être faites sur le territoire national et, forcément, les collectivités vont en pâtir. On est lucides", résume sombrement Matthieu Demoncheaux, certain qu'un jour la fusion leur aurait de toute façon été imposée. "Aujourd'hui s'unir c'est affronter l'avenir ensemble. Nous avons préféré être aux manettes, prendre en main notre destin pour pouvoir écrire la charte qui nous convient le mieux."
Aujourd'hui s'unir c'est affronter l'avenir ensemble. Nous avons préféré être aux manettes, prendre en main notre destin.
Matthieu Demoncheaux
Quid du poste de maire ?
Avant qu'Hesdin-la-Forêt ne voie le jour, la délibération des conseils municipaux doit être étudiée et entérinée par la préfecture du Pas-de-Calais. Le préfet rédigera alors un arrêté, pour annoncer la création d'une nouvelle commune. Hesdin-la-Forêt sera officiellement née.
Restera alors à désigner le maire de cette toute jeune commune : en attendant les élections municipales de 2026, les 59 élus des quatre conseils municipaux éliront eux-mêmes leur nouvel édile qui obtiendra les clés de la ville pour une année transitoire. Avant de revenir avec une liste de 29 candidats aux prochaines élections.