Une balade contée en picard a eu lieu ce dimanche 15 septembre dans le cadre du festival Chés Wèpes (les guêpes, en picard). Au programme : des mythologies et des histoires locales qui ont fait le bonheur des petits, des grands... et d'une chercheuse américaine en langue picarde !
"Adé", "tchot", "molé"... Parlez-vous le picard ? Dans le cadre de l'ouverture du festival Chés Wèpes, le conteur Laurent Devime a accompagné plus d'une vingtaine de personnes au cours d'une balade contée à Contay (Somme). Au programme : mythologies et histoires locales avec leurs "guaillants" (géants) et leurs "gobelins" (lutins).
Pourquoi Contay ? La commune est au centre d'une petite zone géographique où "il y a énormément de contes et de légendes, explique Laurent Devime. Le picard, c'est la langue avec laquelle étaient racontées toutes ces légendes et tous ces contes. On parle de moins en moins le picard, mais on le parle toujours, on a encore de la chance d'avoir des gens qui parlent encore picard, autant en profiter, et linguistiquement, c'est intéressant".
"Le picard apporte un imaginaire"
À ses yeux, cette langue régionale est intéressante à apprendre, à découvrir et à écouter. Le faire à travers des contes rend l'activité encore plus ludique. "C'est un peu comme la poésie, on agence des mots les uns après les autres, des mots qui ont des images, donc le picard apporte un imaginaire", poursuit-il.
Les visiteurs ont été séduits par cette balade, sans toujours forcément comprendre le picard. "Aujourd'hui, c'était un public familial avec des gens qui aiment bien se promener", observe le conteur. Ils ont même pu découvrir "des lieux un peu étranges" comme les marais ou le menhir... et de nouveaux mots !
"C'est pertinent pour ma thèse"
Venue tout droit de l'université de l'Indiana, aux États-Unis, Jennifer Cox, chercheuse américaine en langue, effectue sa thèse sur le picard. C'est la troisième fois qu'elle se rend en Picardie, après avoir fait ses études à Amiens. Jennifer Cox note que cette langue régionale est "moins connue que le breton", par exemple, qui attire plus d'étudiants dans son université.
Mais cette jeune femme est une picardophile convaincue qui a également apprécié la balade. "Je ne comprends pas toutes les histoires qui ont été racontées, mais c'est intéressant. Comme j'étudie le cas du picard, c'est toujours intéressant d'entendre les histoires des villages, les gens font vivre le picard, c'est important et c'est pertinent pour ma thèse", souligne-t-elle.
D'autant plus que son doctorat porte très exactement sur la manière dont "les gens font vivre le picard". Cette balade tombe donc pile dans son sujet.
Un savant mélange "de légendes et de réalités"
Jeanine, ancienne habitante de Contay, est venue spécialement pour l'occasion : "ça me surprend agréablement, c'est vraiment très bien décrit avec juste ce qu'il faut de légendes et de réalités". Elle est revenue pour se "retremper" dans ses racines puisque cette commune, dans laquelle elle a grandi jusqu'au début de sa vingtaine, "a une énorme importance" pour elle.
Émilie, de son côté, s'est déplacée pour se replonger dans le patrimoine local picard, redécouvrir les lieux avec des histoires qu'elle connaît et d'autres moins. Plus jeune, ses parents l'emmenaient se promener dans les environs. C'est donc tout naturellement qu'elle a voulu retracer ce chemin avec sa fille. "Mes grands-parents parlaient picard, mon père aussi. Mais je ne serais pas capable de tenir une discussion", reconnaît-elle.
Le festival Chés Wepès se poursuit jusqu'au 4 octobre prochain. De nombreuses activités sont prévues. Toute la programmation est disponible sur le site internet de Langue Picarde.
Avec Adrien Rakotoarivelo / FTV